Malgré la stratégie d’usure et de pourrissement de l’État, des risques de grève populaire. Les Comores vont très mal en ce moment. Les auto...
Malgré la stratégie d’usure et de pourrissement de l’État, des risques de grève populaire.
Les Comores vont très mal en ce moment. Les autorités nationales et insulaires, surtout à Mohéli et à la Grande-Comore, ne s’en rendent pas compte et s’en moquent. Pourtant, le pays est gagné par la grogne populaire et la colère. Partout, la population maudit les dirigeants. Sur les îles de Grande-Comore et d’Anjouan – Mohéli dort d’un sommeil comateux très profond –et des actions sont déjà entreprises par la population pour marquer sa défiance à l’égard d’un gouvernement gagné par une cécité et une morgue sans précédent. Quand le lundi 27 octobre 2014, des habitants du Hambou et du Bambao sont partis un peu partout en Grande-Comore sensibiliser la population sur la dure réalité socioéconomique que traverse le pays en matière d’approvisionnement en eau et électricité, ils ont été accueillis par la population locale comme le Messie, car les Comoriens veulent entendre une voix qui exprime l’espoir. Plus symbolique encore, le mercredi 29 octobre 2014, est prévue une opération «Île Morte» à la Grande-Comore, au cours de laquelle la population a décidé de paralyser l’île pour exprimer son désenchantement et sa colère.
Le mouvement sera lancé Place de l’Indépendance à Moroni, à partir de 9 heures, et on ne sait pas ce qui se passera après. Avant même cette date, à Hahaya, la population a commencé à manifester sa colère, en laissant entendre que si elle n’a pas accès à l’électricité, elle n’ira pas voter le jour improbable où ces Messieurs et ces Dames du gouvernement daigneront enfin organiser les élections qui jouent les arlésiennes depuis avril 2014. Le gouvernement avait même dépêché des militaires et des policiers à Hahaya pour mater les grévistes, et ceux-ci, en colère, durent rentrer à Moroni après avoir constaté que la population manifestait son désenchantement dans un calme total et dans une dignité de bon aloi. Cette sociologue comorienne explique: «J’ai beaucoup d’amis à Hahaya, une ville côtière située au cœur de l’Aéroport international si ce n’est l’inverse, mais qui n’a plus de courant électrique depuis des mois. Une partie de la population vit de la pêche et a acheté des installations de congélation du poisson, mais qui ne peuvent fonctionner, faute d’électricité. Cela justifie largement la colère de la population locale. Le gouvernement doit vraiment faire attention parce que ces petits ruisseaux de frustrations et de colères ajoutés les uns aux autres vont former une grosse rivière de révolte qui, le jour où elle entrera en crue humaine, pourra tout ravager sur son passage».
Au même moment, on apprend que le village d’Ouzini, à Anjouan, a décidé de ne pas voter le jour improbable où il y aura les élections du peut-être et de l’improbable. Ce village de 522 électeurs a mis sur la balance une vieille doléance communautaire, celle d’une route qui doit permettre au village d’être connecté au reste de l’humanité. Dans ce pays dont le peuple est très marqué par la superstition, une lecture du Coran a été faite à titre symbolique pour demander la punition de Dieu sur celui qui ira voter, allant jusqu’à dire que «celui qui ira à l’encontre de cette décision sera banni et expulsé du village». Un habitant du village exprime une colère bien comorienne en s’exclamant: «Depuis Saïd Mohamed Cheikh, nous votons chaque fois et on n’obtient rien en retour dans ce village. Les autres ont eu des routes, et nous nous n’avons rien. Nous voyons les candidats juste au moment des élections et une fois élus, ils nous oublient. Cette fois la décision est prise: nous ne voterons pas. Nous le ferons uniquement quand la route arrivera au village». D’autres habitants du village abondent dans le sens: «Nous sommes les laissés-pour-compte de l’État comorien. Il faut nous dire si nous sommes des hommes comme les autres ou si nous sommes des sous-hommes», et disent attendre «des routes et le minimum d’infrastructures qui nous permettront de sortir de notre isolement séculaire». Toujours selon eux, dans leur village, «les marchandises, les malades, les femmes enceintes qui nécessitent une intervention médicale ainsi que les morts du village décédés à l’extérieur sont portées à dos d’hommes jusqu’au village ou à l’hôpital de Domoni», et «il arrive des fois que des femmes accouchent en cours de route devant leurs frères, leurs enfants ou leurs pères et ce n’est pas bien tout cela. D’autres peuvent mourir avant qu’elles arrivent à l’hôpital».
Mais, comme les mouvements sociaux et politiques aux Comores s’essoufflent et s’épuisent vite «comme les éruptions du volcan Karthala» (Michel Legris), attendons de voir ce qui se passera le mercredi 29 octobre 2014 avant d’en tirer des conclusions définitives. Et rien ne présage que cette fois la contestation sera ou ne sera pas mieux organisée que les autres fois. Il faudra quand même se rappeler que l’unique stratégie du gouvernement consiste à laisser pourrir les situations de révolte et à avoir les contestataires par l’usure. Et une question se pose quand même: est-ce que l’État s’intéresse vraiment aux humeurs colérique de sa population?
Par ARM
© www.lemohelien.com – Mardi 28 octobre 2014.
Les Comores vont très mal en ce moment. Les autorités nationales et insulaires, surtout à Mohéli et à la Grande-Comore, ne s’en rendent pas compte et s’en moquent. Pourtant, le pays est gagné par la grogne populaire et la colère. Partout, la population maudit les dirigeants. Sur les îles de Grande-Comore et d’Anjouan – Mohéli dort d’un sommeil comateux très profond –et des actions sont déjà entreprises par la population pour marquer sa défiance à l’égard d’un gouvernement gagné par une cécité et une morgue sans précédent. Quand le lundi 27 octobre 2014, des habitants du Hambou et du Bambao sont partis un peu partout en Grande-Comore sensibiliser la population sur la dure réalité socioéconomique que traverse le pays en matière d’approvisionnement en eau et électricité, ils ont été accueillis par la population locale comme le Messie, car les Comoriens veulent entendre une voix qui exprime l’espoir. Plus symbolique encore, le mercredi 29 octobre 2014, est prévue une opération «Île Morte» à la Grande-Comore, au cours de laquelle la population a décidé de paralyser l’île pour exprimer son désenchantement et sa colère.
Le mouvement sera lancé Place de l’Indépendance à Moroni, à partir de 9 heures, et on ne sait pas ce qui se passera après. Avant même cette date, à Hahaya, la population a commencé à manifester sa colère, en laissant entendre que si elle n’a pas accès à l’électricité, elle n’ira pas voter le jour improbable où ces Messieurs et ces Dames du gouvernement daigneront enfin organiser les élections qui jouent les arlésiennes depuis avril 2014. Le gouvernement avait même dépêché des militaires et des policiers à Hahaya pour mater les grévistes, et ceux-ci, en colère, durent rentrer à Moroni après avoir constaté que la population manifestait son désenchantement dans un calme total et dans une dignité de bon aloi. Cette sociologue comorienne explique: «J’ai beaucoup d’amis à Hahaya, une ville côtière située au cœur de l’Aéroport international si ce n’est l’inverse, mais qui n’a plus de courant électrique depuis des mois. Une partie de la population vit de la pêche et a acheté des installations de congélation du poisson, mais qui ne peuvent fonctionner, faute d’électricité. Cela justifie largement la colère de la population locale. Le gouvernement doit vraiment faire attention parce que ces petits ruisseaux de frustrations et de colères ajoutés les uns aux autres vont former une grosse rivière de révolte qui, le jour où elle entrera en crue humaine, pourra tout ravager sur son passage».
Au même moment, on apprend que le village d’Ouzini, à Anjouan, a décidé de ne pas voter le jour improbable où il y aura les élections du peut-être et de l’improbable. Ce village de 522 électeurs a mis sur la balance une vieille doléance communautaire, celle d’une route qui doit permettre au village d’être connecté au reste de l’humanité. Dans ce pays dont le peuple est très marqué par la superstition, une lecture du Coran a été faite à titre symbolique pour demander la punition de Dieu sur celui qui ira voter, allant jusqu’à dire que «celui qui ira à l’encontre de cette décision sera banni et expulsé du village». Un habitant du village exprime une colère bien comorienne en s’exclamant: «Depuis Saïd Mohamed Cheikh, nous votons chaque fois et on n’obtient rien en retour dans ce village. Les autres ont eu des routes, et nous nous n’avons rien. Nous voyons les candidats juste au moment des élections et une fois élus, ils nous oublient. Cette fois la décision est prise: nous ne voterons pas. Nous le ferons uniquement quand la route arrivera au village». D’autres habitants du village abondent dans le sens: «Nous sommes les laissés-pour-compte de l’État comorien. Il faut nous dire si nous sommes des hommes comme les autres ou si nous sommes des sous-hommes», et disent attendre «des routes et le minimum d’infrastructures qui nous permettront de sortir de notre isolement séculaire». Toujours selon eux, dans leur village, «les marchandises, les malades, les femmes enceintes qui nécessitent une intervention médicale ainsi que les morts du village décédés à l’extérieur sont portées à dos d’hommes jusqu’au village ou à l’hôpital de Domoni», et «il arrive des fois que des femmes accouchent en cours de route devant leurs frères, leurs enfants ou leurs pères et ce n’est pas bien tout cela. D’autres peuvent mourir avant qu’elles arrivent à l’hôpital».
Mais, comme les mouvements sociaux et politiques aux Comores s’essoufflent et s’épuisent vite «comme les éruptions du volcan Karthala» (Michel Legris), attendons de voir ce qui se passera le mercredi 29 octobre 2014 avant d’en tirer des conclusions définitives. Et rien ne présage que cette fois la contestation sera ou ne sera pas mieux organisée que les autres fois. Il faudra quand même se rappeler que l’unique stratégie du gouvernement consiste à laisser pourrir les situations de révolte et à avoir les contestataires par l’usure. Et une question se pose quand même: est-ce que l’État s’intéresse vraiment aux humeurs colérique de sa population?
Par ARM
© www.lemohelien.com – Mardi 28 octobre 2014.