Le procès de la Yemenia commence le 8 septembre 2014, dans l'indifférence de l'État Ce mercredi 3 septembre 2014, j'ai pl...
Le procès de la Yemenia commence le 8 septembre 2014, dans l'indifférence de l'État
Ce mercredi 3 septembre 2014, j'ai pleuré dans le train, en écoutant cette mère qui a perdu son mari et ses 4 enfants dans le crash de l'avion de la Yemenia, la compagnie des avions-mouroirs, des avions-cercueils et des avions-poubelles. Cette Grande-Comorienne a raconté son calvaire moral depuis la disparition de ces 5 êtres qui représentaient et représentent encore et pour toujours tout son univers. Ce qu'elle dit est poignant et plus tranchant qu'une lame: «Mon frère, j'ai tout perdu dans ce drame, tous ceux que j'aimais. Il ne me reste personne. De la part de l'État comorien, je n'ai ressenti aucune compassion. Pour nos autorités, nos morts sont de "mauvais morts" parce qu'ils n'appartiennent pas à la famille du Président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi et d'Idi Nadhoim, son Vice-président à l'époque chargé des Transports. Ces morts n'appartiennent pas à la famille d'Ikililou Dhoinine. Si les morts étaient des membres de leurs familles, ils auraient montré plus de compassion et de la peine. Dès l'annonce de la catastrophe aérienne, les mots du Président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi étaient chargés d'indifférence et de mépris face à notre douleur et à notre détresse. Or, ce sont nos autorités qui sont responsables du malheur qui a frappé nos familles. Elles savaient qu'en acceptant aux Comores des avions yéménites qui n'osaient pas faire apparition en France, elles exposaient nos vies et celles des nôtres à une mort certaine. Et elles ont laissé faire.
Aucun Tribunal au monde ne convoquera ses criminels pour les écouter alors que ce sont elles qui ont provoqué cette catastrophe qui prive de vie même les vivants que nous sommes censés être. J'ai cessé de vivre depuis le 30 juin 2009. Je suis une morte sans sépulture comme les 142 passagers et les 11 membres d'équipage de l'Airbus de la Yemenia. Le procès de cette compagnie de la mort commence le lundi 8 septembre 2014 à Aix dans l'indifférence totale des autorités de notre pays, alors qu'en France, en raison de l'accident de l'avion d'Air Algérie au cours duquel périrent 54 ressortissants français, l'agenda politique et diplomatique du pays a été bouleversé. Jusqu'aujourd'hui, on nous ment sur les boîtes noires de l'appareil, alors que le crash, le 1er juin 2009, de l'avion d'Air France faisant le trajet Rio-Paris a livré ses secrets. On tue une deuxième fois nos morts et on piétine notre dignité. En France, tout le monde sait que Laurent Fabius, le Premier ministre de l'époque, ne s'occupait pas de transfusion sanguine, mais lors du scandale du sang contaminé, il y a été impliqué, en tant que chef de l'Administration. Donc, il faudra que la Justice entende Ahmed Mohamed Abdallah Sambi et son Vice-président Idi Nadhoim, qui a tout de suite été changé de ministère, mais sa responsabilité est là, entière et totale, comme celle de son Président».
Ce discours peut être tenu par des milliers de Comoriens et de Comoriennes meurtris et privés d'une vraie vie à la suite d'un crash qui aurait pu être évité si les Comores avaient exigé que l'avion qui assure le trajet Paris-Sanaa et Sanaa-Paris soit celui qui relie Hahaya à Paris. Mais non! En France, chez les Blancs, on n'accepte pas que des rigolos ramènent leurs avions-mouroirs pour survoler leur espace aérien national au risque de faire tuer les gens. Chez les Blancs, il y a des contrôles et quand la moindre défaillance technique est constatée, la compagnie aérienne se voit notifier une interdiction de survol du territoire national. Mais, dans la «Républiquette» des Comores, on a fait fuir tous les spécialistes de l'aéronautique civile – celle militaire n'y existe même pas – et les avions-mouroirs tuent.
Les Comores ont toujours eu une attitude criminelle sur le dossier de la Yemenia. Comment le régime politique criminel d'Ahmed Sambi a-t-il fait pour attribuer sur le territoire national des Comores, à la Yemenia des droits qu'on ne reconnaît qu'à une compagnie nationale? Donc, logiquement, si Air France veut desservir la ligne Paris-Hahaya et retour, la compagnie aérienne française doit se rendre sur les ruines du Palais de la Reine de Saba quelque part dans le désert du Yémen et demander à la Yemenia l'autorisation de poser ses coucous aux Comores. C'est tout simplement inacceptable. Il ne suffit pas de recevoir des billets d'avion gratuits de cette compagnie de croquemorts pour brader les intérêts nationaux des Comores, pour piétiner la mémoire de nos morts. Ce qui est encore plus méchant, c'est que le procès qui s'ouvre le lundi 8 septembre 2014 à Aix ne mobilise pas les autorités comoriennes. Celles-ci ne s'y intéressent même pas. C'est comme si le crash de la Yemenia correspondait tout juste à une fourmi qui a changé de sexe dans le Mato Grosso. Où sont les avocats du gouvernement comorien? Où sont-ils? Il n'y en a pas. Où est le dossier préparé par le gouvernement des Comores? Il n'y en a pas? Et que fait le fameux Commissaire de l'État comorien chargé de la Diaspora? Le bougre ne sait même pas qu'un avion s'est crashé le 30 juin 2009 au large des Comores et que des gens sont morts. Ce n'est pas son problème. Alors, lui parler de procès à Aix, c'est comme verser deux cuillères d'eau sur les eaux de l'océan Indien face à la digue de paille à Djoiezi, une digue aujourd'hui en ruines.
Alors qu'on s'achemine vers le début du procès, les familles des victimes sont scandalisées quand on leur parle d'assureurs qui ne veulent pas payer. C'est tout simplement grave parce que la Yemenia est obligatoirement assurée, mais elle fait traîner les choses, histoire de gagner du temps. Or, une société qui assure une compagnie aérienne est une entreprise qui a forcément de l'argent. Et quand il y a un sinistre, cette compagnie doit payer. C'est tout. Ce paiement ne ramènera pas à la vie les victimes, mais il s'impose tout de même. Une fois de plus, les familles des victimes ont peur. Elles ont peur d'un commencement de procès qui va se transformer en report jusqu'en 2019, faisant gagner du temps à la compagnie des avions-mouroirs. Les familles des victimes sont excédées. Elles sont scandalisées quand elles notent qu'elles ont été abandonnées par le gouvernement, depuis qu'Ahmed Sambi et son régime politique criminel ont décidé de favoriser les intérêts occultes d'une compagnie aérienne qui n'a pas cessé de se moquer des morts et de leurs familles. L'indifférence criminelle des autorités comoriennes continue. Le procès commence à un moment où des passagers comoriens sont pris en otage par Air Madagascar, pendant que les autorités comoriennes se vautrent dans les pagnes et jupes de leurs maîtresses, oubliant le reste du monde. Et ainsi vont les Comores, de malheur en malheur…
Par ARM
© www.lemohelien.com – Jeudi 4 septembre 2014.
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