Quand en terre d’Islam comorienne l’«eau de feu» devient le seul juge de la paix

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La guerre de l’« eau de feu », Son Auguste Majesté Impériale l’Alcool, a eu lieu aux Comores, un fleuron de la terre d’Islam. L’éclatement ...

La guerre de l’«eau de feu», Son Auguste Majesté Impériale l’Alcool, a eu lieu aux Comores, un fleuron de la terre d’Islam. L’éclatement de cette nouvelle Guerre de Cent Ans à Moroni prouve qu’il y a des vices qui ne tiennent à nous que par d’autres, et qui, en ôtant le tronc, s’emportent comme des branches; et il est dit qu’il n’y a pas de témoins plus redoutable, plus accusateur et plus implacable que la conscience qui sommeille en nous. Mais, que faut-il penser, ou encore comprendre, quand aux Comores, en pleine terre d’Islam, un pays islamisé depuis les années 630 de l’ère chrétienne, dans cette patrie adoubée et célébrée en raison de sa foi islamique indéfectible, dans ce pays dont les grandes figures religieuses ont rayonné et rayonnent depuis des siècles par leur foi, en sillonnant le continent africain et le Moyen-Orient, sur cette privilégiée sur laquelle sont construites des tombes et sépultures de grands Oulémas et leurs descendants de lignées parmi les plus prestigieuses des différentes figures des confréries musulmanes, ce pays-là soit devenu aujourd’hui le théâtre horrible, horrifiant, répugnant et abject sur lequel où se déroule ce qu’il convient d’appeler désormais «La Première Guerre mondiale de Cent Ans de l’Alcool», aussi invraisemblable que cela puisse paraître. C’est une guerre impitoyable qui fait des ravages et mobilise tout le gotha comorien. Car, en effet, dans cette guerre des tranchées qui oppose deux grandes familles comoriennes de commerçants d’origine indienne installées depuis des décennies dans notre pays (depuis le XIXème siècle, dans le cas de la famille Kalfane), n’épargne personne et chaque autorité a choisi son camp, c’est-à-dire celui de NICOM, la Société dirigée par Shemir et Chouchou Kamula (Photo).
      Chaque autorité impliquée dans cette guerre sanglante y va de sa joute, et la «guerre de la salive» va bon train au pays de la palabre et de la surenchère politicienne, tellement les enjeux sont énormes et multiples et prolifiques en termes de gain et de manne financière. Disposer d’une licence d’agrément pour l’importation et la distribution de cette «eau de feu» relève d’un miracle, d’une part, et d’un long parcours de combattant, d’autre part, et permet à celui qui en est l’heureux élu de faire son miel dans sa niche. Or, il est dit que «là où il y a une niche, il y a forcément un chien qui dort» selon l’adage que tout le monde connaît. Ce «privilège» là, celui de l’importation de l’alcool, seuls les pouvoirs publics peuvent l’attribuer, sans aucune contrainte, le seul critère étant la tête du client et les contreparties accordées dans la négociation, toujours opaque, qui les engage auprès de l’interlocuteur.
   
Dans ce contrat juteux, on parle à voix basse d’un chiffre d’affaires de 4 milliards de francs comoriens. Cela fait donc beaucoup d’argent, étant entendu que celui qui détient ce marché tient entre ses mains un des trois poumons de l’économie nationale comorienne, après les recettes douanières et l’argent des hydrocarbures. Celui qui a une licence d’importation d’alcool vit sur un nuage, pour ne pas dire sur une autre galaxie, étant de fait, propulsé au rang de l’homme le plus puissant  et le plus influent de l’archipel, celui qui fait en même temps la pluie et le beau temps aux Comores, tient d’une main de fer le pouvoir financier et par ricochet, le pouvoir politique, car ne dit-on pas que l’argent est le nerf de la guerre? La classe politique nationale dans son ensemble, toutes tendances confondues, se prosterne ouvertement devant sa nouvelle divinité. Sans honte, courtisans et décideurs se bousculent fièrement au portillon pour s’attirer les faveurs et les bonnes grâces de ce magnat de l’alcool.
   
Dans ce bras de fer, la Société NICOM, gérée par le remuant et indiscret Shemir Kamula, a tiré son épingle du jeu, même si, semble-t-il, il y a un revirement qui se profile à l’horizon parlementaire, une volonté timide de rebattre les cartes par une libéralisation du marché. Mais, tout ceci reste à vérifier. La société rivale, AGK, dirigée par Amine Kalfane, plus discret et plus diplomate, est déterminé à ne pas laisser ce marché juteux indéfiniment entre les seules mains de Shemir Kamula, qui se passe de toute discrétion dans l’art de contrôler les autorités comoriennes, surtout les Députés. D’emblée, il faut signaler que la famille Kalfane, même très discrète, est une vraie institution aux Comores, constituant une dynastie industrielle et commerciale extrêmement prospère, elle qui est bien installée aux Comores depuis le XIXème siècle, elle qui a toujours su se fondre dans le décors par sa discrétion et son respect des Comoriens, dont elle fait partie, elle qui enregistre une longévité économique grâce à sa capacité à diversifier ses activités dans la légalité et à son génie des affaires.
   
La Société AGK a flairé le bon filon. C’est une société qui a toujours su se remettre en cause pour mieux se réadapter aux réelles du pays afin d’offrir un service de qualité et d’intérêt public. Jusqu’à ce stade, nous sommes dans une démarche classique entre deux concurrents chevronnées et rompus dans l’art des affaires. Il n’y a donc rien d’anormal, mais là où le bât blesse, c’est quand cette rivalité entre les deux «frères ennemis» déborde le cadre strictement industriel et commercial pour empiéter le champ politique, au point de focaliser l’attention de toute une classe politique obnubilée par la rente générée par ce marché. Tout le monde lorgne sur cette manne et tente de l’attirer dans son escarcelle. Cette manne est devenue un enjeu électoral de premier ordre, à telle enseigne qu’elle est devenue «le juge de paix» aux Comores.
   
À voir l’agitation politique, essentiellement parlementaire, et médiatique autour de cette question de monopole et de licence, le doute n’est pas permis: le vers est déjà dans le fruit. La fièvre épidermique provoquée par le mal comorien de l’élection présidentielle a fait son lot de victimes. On tuerait père et mère pour arriver à ses fins et devenir Président de la République à tout prix. Alors, où est la morale dans tout ça? Sans vouloir jouer les objecteurs de conscience, je voudrai rappeler tout humblement et modestement que l’ambition elle-même est noble et légitime. Elle contribue indéniablement à l’évolution de l’être humain et l’incite à aller au-delà de ses limites, si tant est que limites il y a. Faut-il admettre qu’il y a des limites à ne pas franchir, parce qu’il y a des limites à ne pas franchir tout simplement, en raison des règles et des lois qu’il faut respecter scrupuleusement afin qu’une société ne sombre pas dans l’anarchie et dans d’autres travers, dérives et fléaux sources de nombreuses catastrophes humaines car, voyez-vous, l’homme est le seul animal sur cette terre qui tue son prochain juste pour le plaisir de tuer.
   
Sans vouloir confondre causalité et corrélation, il s’agit de réguler des dysfonctionnements devenus ponctuels, de rétablir autorité et décision en vue de remettre le pays en mouvement. Pour cela, il faut des actes posés car on dit que qui peut le plus, peut le moins. Il est nécessaire pour les Comores de se pencher sur la manière de rompre, enfin, avec cette forme d’échec confortable dans laquelle se complaisent certains parmi nous, de sorte à mettre un terme avec cette persistance dépravation de mœurs, œuvre des prédateurs de la République les plus aguerris, les plus avides, les plus rapaces et les plus gargantuesques. Notre pays peut-il trouver un supplément d’âme et les ressources nécessaires qui lui permettront de se tirer de ce mauvais pas et des griffes acérées de nos bourreaux et marchands de la mort par «eau de feu», et sauver ainsi son âme qui risque de s’enflammer sous les braises en chaude de nos vices cachés et nos faibles non maîtrisées?
   
Que Dieu nous aide en ce mois sacré de Ramadan.

Par Kamal Abdallah.
Porte-parole du Collectif pour la Défense de la Démocratie aux Comores
© www.lemohelien.com – Mercredi 9 juillet 2014.
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Quand en terre d’Islam comorienne l’«eau de feu» devient le seul juge de la paix
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