Ébranlé, Ikililou Dhoinine se console dans les injures de son entourage. « C'est maintenant que je vais reconnaître les miens »,...
Ébranlé, Ikililou Dhoinine se console dans les injures de son entourage.
«C'est maintenant que je vais reconnaître les miens», soupira bruyamment le Président de la République, Ikililou Dhoinine, le jour-même de la diffusion du tract du 1ermai 2014. Dès ce jour, avec leurs mines de circonstance, donc des mines d'enterrement qu'on affiche pour aller présenter les condoléances les plus attristées à un être cher, les délégations mohéliennes, non sans arrière-pensées et une forte dose de cynisme et d'hypocrisie, se succédèrent au chevet de «l'homme malade et abattu de Beït-Salam». Sollicité pour faire partie de la plus grosse délégation mohélienne de Grande-Comore pour une visite de consolation et de compassion chez le Président, ce Djoiezien lança, méprisant: «Il y a longtemps que j'ai cessé de farfouiller dans le sable et les grottes de la plage de Djoiezi pour chercher des "Ntsandza"», un animal de la famille des crabes. Un autre Djoiezien, naguère proche du Président de la République mais qui s'en est éloigné pour éviter les insultes qu'il a dû subir dans un passé récent, a juré de ne plus se rendre à Beït-Salam tant que son ancien ami y trônera. Pour sa part, Hachim Saïd Avilaza ne dispose pas de cette latitude d'action pouvant lui permettre de ne pas aller au chevet de son chef. Il doit assumer. Et il assume. Il assume même les injures les plus grossières et les plus injustes d'une femme proche de la Première Dame. C'est Dieu qui l'a voulu. C'était écrit dans le Grand Livre du Destin. Au début de la présidence d'Ikililou Dhoinine, le Djoiezien Hachim Saïd Avilaza était Directeur du Protocole à Beït-Salam, mais s'y est fait virer en 2012 par le très ambitieux Daroussi Allaoui, le Mohélien qui veut ravir sa place à Hamada Madi Boléro pour devenir Directeur du Cabinet du Président chargé de la Défense. Dieu soit loué! Gloire à Dieu! Depuis, Hachim Saïd Avilaza a un statut professionnel aussi indéfinissable qu'indéfini et, par pudeur – pas seulement sémantique –, on préfère lui donner du «Monsieur le Conseiller du Président». Cherchez l'erreur!
Quand le Président de la République a pris connaissance du tract du 1er mai 2014, il fut littéralement tétanisé. Foudroyé. Dans un état second. Comme un disque enrayé, il répète à son entourage et aux visiteurs: «Ce qui m'a le plus choqué, c'est l'accusation de négligence de ma famille. Or, j'ai fait ceci à tel neveu. J'ai fait cela à telle nièce. J'ai nommé mon frère Soifyoudine mon Conseiller chargé du suivi des Dossiers européens. J'ai nommé mon cousin Ali Saïd Mdahoma Ambassadeur à Bruxelles, donc auprès du Royaume de Belgique et de l'Union européenne, avant d'en faire l'Ambassadeur des Comores aux Pays-Bas». Médusés, surpris par de tels propos incohérents, les interlocuteurs du Président se jetèrent un regard perçant traduisant tout l'étonnement du monde, voire de la consternation. En sortant de Beït-Salam, l'un des Mohéliens de la délégation eut ce mot qui résume toute l'ambiguïté de la situation: «Est-ce que le Président est devenu gâteux et sénile à son âge? Est-ce qu'il a besoin de douter de lui-même au point de se mettre à citer ses bienfaits pour sa famille? J'espère qu'il n'est pas devenu gaga car ses propos ont manqué de cohérence, d'assurance et d'intelligence».
Appelé à donner à son chef un avis sur la conduite à suivre, l'infortuné Hachim Saïd Avilaza dit tout simplement au Président de la République: «Monsieur le Président, quand on est confronté à une situation pareille, il faut prendre de la hauteur, agir de manière digne et responsable, et prendre en compte le proverbe comorien selon lequel "un dirigeant est une poubelle"» dans laquelle on jette même injustement toutes les saletés. Cette exhortation est rapidement considérée comme la preuve absolue de sa participation à la rédaction et à la diffusion du tract. De son téléphone portable, il avait appelé le Djoiezien Mohamed Larif Oucacha, la bête noire des cercles les plus influents de Beït-Salam, le cousin et Conseiller du Président de la République qu'on cherche par tous les moyens à faire passer pour le manipulateur des jeunes «tracteurs» de Djoiezi. Mais, ce qui fait rire le plus dans l'affaire, c'est que le même Hachim Saïd Avilaza a également appelé au téléphone Mme Antura Soyfi, l'Ambassadeur de la Première Dame à Djoiezi, et cela est également considéré comme un casus belli. En d'autres termes, la confiance règne tellement qu'on dépouille les listings des appels téléphoniques des Conseillers du Président de la République, sans un mandat du juge, d'ailleurs. C'est alors qu'entra en scène cette femme proche de la Première Dame qui, à Beït-Salam, s'employa à insulter copieusement Hachim Saïd Avilaza par sa mère, dans le pur style des enfants qui s'injurient dans une cour de récréation pour un bonbon Pecto, avant de lancer à l'enfant de Djoiezi: «Les Djoieziens, vous êtes tous des morts!». Merci. Nous sommes très sensibles à cet honneur car, comme nous l'a bien appris Ferdinand Oyono, l'écrivain et homme d'État camerounais, «le chien du Roi est le roi des chiens». Et comme si cela ne suffisait pas, il fallu que la Police ramène sa fraise, en interrogeant Hachim Saïd Avilaza de la manière musclée qu'on réserve aux criminels endurcis. Hachim Saïd Avilaza garda son sang-froid et s'éloigna, serrant ses poings dans sa poche, car ses mains lui démangeaient et voulaient partir à la recherche d'une mâchoire à rendre en bouillie, quitte à être jeté dans une cellule de prison jusqu'à la fin des temps. Charmante mentalité…
Vendredi 6 juin 2014, la Première Dame était invitée à un mariage à Djoiezi, où il n'était pas forcément la bienvenue, comme on pouvait le constater par le déploiement des forces de l'ordre comme si une conférence des pays du G8 allait s'y tenir. Quand certains partirent voir la maman de l'un des «tracteurs» pour lui demander d'aller voir la Première Dame pour une réconciliation devant ouvrir les portes de la prison où sont enfermés les jeunes contestataires de Djoiezi, la brave maman cracha par terre avant de lancer: «Moi? Jamais de la vie!». Pour sa part, la Première Dame a tenu à rassurer son entourage: «Ces insolents ne seront pas libérés avant d'avoir purgé entièrement leur peine. J'y tiens». Enfin, ce cadre de Djoiezi est formel: «On sent que le Président souhaite un arrangement à l'amiable car chaque fois qu'on lui parle de réconciliation, il sursaute, mais ne veut pas faire le premier pas. Il ne veut pas perdre la face, et est sous mauvaise influence. Il faut savoir une chose: notre ville de Djoiezi est devenue une grande prison dans laquelle personne n'ose parler. Au lieu de s'occuper d'information stratégique, Beït-Salam préfère donner du crédit téléphonique à ses mouchards et mouchardes uniquement pour colporter les ragots de Djoiezi, des ragots qui ne lui apportent rien. On voit même des gens qui mouchardent des membres de leurs familles, uniquement pour avoir des saletés et des mensonges à raconter à l'entourage du Président».
Par ARM
© www.lemohelien.com – Mardi 10 juin 2014.