Nous sommes un groupe très hétérogène de Comoriens s’interrogeant sur nos droits et devoirs vis-à-vis de notre pays et s’inquiétant en mê...
Nous sommes un groupe très hétérogène de Comoriens s’interrogeant sur nos droits et devoirs vis-à-vis de notre pays et s’inquiétant en même temps qui sur l’avenir de nos enfants issus de la diaspora. Sur ce postulat, nous pensons que croiser les bras face à cette dure réalité n’est pas la panacée à ces interrogations. C’est pourquoi, nous sommes déterminés à donner de la voix, pour exiger le droit de vote et prendre part au devenir de notre pays. Cela étant, il nous semble nécessaire de définir nos objectifs au profit de la communauté comorienne de France à travers 7 points fondamentaux, qui résument parfaitement toute la problématique de la relation que le Comorien installé en France entretient avec son pays d’origine.
1.- Nul ne peut ignorer l’objectif commun qui anime l’immigration comorienne en France et ailleurs. Chacun d’entre nous (travailleurs, étudiants, malades, etc.) a pour objectif d’obtenir ce qui a motivé son voyage, et retourner au pays pour y vivre et finir ses derniers jours auprès des siens. Or dans l’état actuel des choses, force est de constater que plus de 90% des Comoriens n’y retournent pas; d’où l’intérêt de se poser la question suivante: pourquoi nous ne retournons pas dans notre pays et est-ce que cela signifie que nous avons failli à face à l’objectif qui a motivé notre départ des Comores et notre installation en France, au départ pour quelques semaines?
2.- De l’indépendance à nos jours, toutes les personnes qui aspirent à présider aux destinées de notre pays, passent toujours en France pour solliciter notre soutien pour leur élection et pendant leurs périples électoraux, ils se montrent sensibles à nos doléances, et Dieu seul sait combien de projets ont été envisagés, combien d’engagements ont été pris à notre égard. Or, la réalité est toute autre, dans la mesure où rien n’a jamais été entrepris en notre faveur. En effet, une fois le candidat élu, il oublie toutes les promesses qu’il nous avait faites. Cela étant, il est temps de se demander si nous continuons à accepter cette fatalité ou bien sommes-nous décidés à faire bouger les lignes?
3.- En 2013, la communauté comorienne en France est apparue comme le premier bailleur financier de notre pays, avec 58 milliards de francs comoriens de transferts d’argent. Alors, pourquoi l’État comorien manifeste-t-il un tel manque de considération à notre égard?
4.- Le Comorien est de nature passive et fataliste sachant que tous les pays du monde qui ont connu une évolution quelconque ont dû faire une révolution, pendant que nous sommes restés sur notre passivité jusqu’à ce jour.
5.- La diaspora comorienne construit les écoles, les hôpitaux, les routes, les mosquées et s’occupe aujourd’hui d’électrification et d’adduction d’eau dans nos villes et villages. Ceci nous incite à nous poser une question: existe-t-il un État aux Comores, si oui qu’elle est le rôle d’un État dans les Comores d’aujourd’hui?
6.- Trouvez-vous qu’après 39 ans d’indépendance, voir les Comores sans eau, ni électricité, ni routes, peut-on dire que notre pays a évolué dans le bon sens? Si, oui à quel niveau et dans quels domaines? Si non, acceptons-nous que notre pays devienne un bateau qui navigue sans gouvernail, ni cap? Si c’est le cas, nous devons nous poser cette question: la diaspora doit-elle être le dernier gouvernail de ce bateau? Est-ce que les responsables de ce naufrage sont-ils capables de faire le sauvetage de ce bateau?
7.- Enfin, quel héritage allons-nous léguer à nos enfants nés en France, sachant qu’ils ne connaissent pas physiquement les pays et qu’ils n’auront pas la chance de le connaître de la même manière que nous? Eux n’accepteront pas de partir là-bas avec des billets de 1.600 à 2.000 euros pour aller nourrir le village. Comment pourrions-nous leurs insuffler l’esprit patriotique qui les conduira à aimer les Comores? Il n’est même pas certains que nos enfants nés en France et qui y ont grandi pourront avoir un esprit patriotique envers les Comores, un pays qui est maintenu en vie par la perfusion que constitue notre apport financier alors qu’avec ces enfants il n’y aura cette perfusion financière.
La Commission du Sursaut de la Diaspora
Farid Soilihi