Après l’emprisonnement des «tracteurs», le licenciement d’autres Djoieziens. Jeudi 1 er mai 2014, quand des jeunes de Djoiezi ont réd...
Après l’emprisonnement des «tracteurs», le licenciement d’autres Djoieziens.
Jeudi 1er mai 2014, quand des jeunes de Djoiezi ont rédigé et distribué un tract contre le Président de la République et ses proches, personne ne pouvait imaginer que ces 2 feuilles de papier allaient déclencher une telle tempête politique et sociale. Pourtant, la tempête a eu lieu et continue à produire des dommages collatéraux. Les vagues provoquées par cette affaire sont tellement puissantes qu’elles font surfer toute la ville de Djoiezi sur leurs crêtes. Chose qui ne trompe pas, plus personne à Djoiezi ne parle du Président de la République au téléphone, chacun croyant que son téléphone est sur écoute. Plus grave encore, pour avoir dit que «si le Président jette en prison des jeunes de Djoiezi, il doit se préparer à nous fusiller aussi. Je regagne mon poste à la Grande-Comore», le frère du neveu emprisonné du chef de l’État a été licencié et radié de la Fonction publique. Un autre Djoiezien, que j’ai vu grandir à Djoiezi et travaillant aussi à la Grande-Comore, a été licencié sec. Les deux voitures du neveu emprisonné du Président ont été «nationalisées» par l’État, alors qu’elles ont été achetées grâce notamment à l’aide d’un oncle vivant en France. Charmante mentalité…
À Djoiezi, on assiste à une véritable chasse aux sorcières, dont l’hystérie atteindra bientôt celle de Salem, Massachussetts, aux États-Unis, en 1692. Quand j’appris que je suis accusé d’avoir rédigé le tract du jeudi 1er mai 2014, alors qu’on me l’a envoyé de Moroni, j’ai trouvé l’accusation lâche, injuste, injurieuse et humiliante. C’est aberrant. Moi, j’assume mes actes. Je fus à peine soulagé quand j’appris que des militaires étaient dépêchés auprès de Mohamed Larif Oucacha, cousin et Conseiller du Président Ikililou Dhoinine, pour l’arrêter et que le fougueux ancien «Daniel Cohn-Bendit tropical» avait mis fin à l’opération en lançant au téléphone au chef de l’État: «Tu cherches la guerre?». D’autres hystériques accusent Saïd Bacar, demi-frère du chef de l’État, d’être à l’origine du tract, car ce dernier avait manifesté sa volonté de louer à Ahmed Sambi sa maison de Djoiezi pour l’installation du siège du parti politique de ce dernier. Certains ultras de Beït-Salam accusent Mohamed Elhade Hassan dit «Vijay» d’être le commanditaire des auteurs du tract parce que, lors du passage d’Ahmed Sambi à Mohéli, le beau gosse de Djoiezi était très impliqué dans son accueil et avait été très virulent contre le Président Ikililou Dhoinine. Donc, on continue à accuser n’importe qui, dans le but de tenter d’enterrer ceux qu’on n’aime pas. En tout état de cause, le fait de voir des comploteurs partout signifie que les accusateurs ne savent pas qui est à l’origine du tract.
La ministre Sitti Kassim, dégoulinante d’obséquiosité et de servilité, fait tout pour afficher le radicalisme le plus fanatique dans cette affaire, cherchant par tous les moyens à noircir le dossier des jeunes Djoieziens, et est très écoutée dans les rangs des partisans du chef de l’État à Djoiezi. Ces derniers ont vu des jeunes Djoieziens soulever un cercueil symbolique en passant devant leurs demeures de mouchards de la République, en faisant un passage remarqué devant certains cimetières à caractère familial. Les injures pleuvent à Djoiezi, et la ville est plus que jamais divisée. Alors qu’on s’acheminait vers un arrangement à la comorienne, les plus radicaux des partisans du Président veulent que les 4 jeunes Djoieziens ne soient pas libérés avant un mois, juste pour les persécuter. Le Président de la République s’est rangé à leur avis.
En attendant, un responsable du Parti RIDJA nous apprend que Maître Saïd Larifou, le leader de son parti, a été contacté par les familles des 4 prisonniers politiques de Djoiezi pour assurer en appel la défense de ces derniers. Certains voudraient attendre la fin d’une médiation djoiezienne avant l’entrée en scène de Maître Saïd Larifou, alors que les délais fixés par le Code de procédure pénale n’attendent pas.
Par ARM