Introuvables sondages politiques, pronostics menteurs et intéressés. De nouveau, on parle politique aux Comores, et cette fois avec u...
Introuvables sondages politiques, pronostics menteurs et intéressés.
De nouveau, on parle politique aux Comores, et cette fois avec une acuité inédite. Enfin, «parler politique» est une façon bien gentille et bien charitable de présenter les choses car, en réalité, ce que font la plupart des acteurs politiques quand ils sont entre eux relève purement et simplement de la spéculation sans fondement, de la perte en conjectures, de l'affirmation gratuite, de la supputation et de la confusion qui conduisent nombre politiciens, dont certains sont candidats à l'élection présidentielle de 2016, à prendre leurs désirs électoraux pour de la réalité. Or, justement, à un moment où l'élection présidentielle de 2016 frappe à nos portes, le sport national auquel se livrent les candidats déclarés ou non et les fameux Comoricains est la transformation du désir électoral en une introuvable réalité. Dès lors, il n'est pas rare d'entendre des partisans et des candidats, la voix vibrant des tremolos de la sincérité et sous le sceau du secret, proclamer la victoire de leurs chefs. Comme ça…
Pour les crypto-sambistes, la messe est déjà dite car leur chef de «zaouïa» ou confrérie a déjà prouvé sa naissance à Heroumbili, en Grande-Comore, sa candidature est acceptée et il est élu en 2016 pour être réélu en 2021, en 2026, ad vitam æternam, puisqu'aux Comores, il est le seul homme digne de diriger le pays, le plus beau des Comoriens, le plus intelligent, le plus compétent, malgré tous les deuils qu'il a laissés aux Comoriens, malgré les malheurs qu'il a causés, malgré les souffrances qu'il a engendrées. Un ami signale même une première mondiale, qui n'intéresse que les singes et les ânes: la publication par l'organe de propagande des crypto-sambistes d'une «interview» d'un «ancien ministre» sans nom, sans visage qui s'emploie à un exercice de perroquet consistant à signaler que les crypto-sambistes ont déjà leur candidat, Ahmed Sambi, et que celui-ci est déjà élu en 2016. Interview sans interviewé!
C'est que, partout, chacun dit crânement ce qu'il souhaite et est prêt à se bagarrer avec ceux qui doutent de la pertinence de ses «pronostics» et «sondages». Pour autant, aucun «pronostic» ne se fonde sur une argumentation scientifique. En fait, tout est affaire de propagande et de tentative d'influencer l'électeur car il n'y a jamais eu de sondages effectués, mais juste les attroupements habituels sous les vérandas, attroupements au cours desquels chacun prouve à l'envi que «la langue n'a pas d'os». En d'autres termes, la valeur du ragot électoral est la même que l'intérêt que présente une fourmi qui change de sexe dans le Mato Grosso. Une valeur nulle, introuvable, impossible.
Les sondages. Parlons-en justement. Il s'agit d'un instrument qui, sur la base d'un échantillon représentatif d'une population donnée, permet de procéder à des enquêtes fiables et autorise un certain nombre d'extrapolations scientifiques, fournissant une tendance déterminée notamment dans le cadre d'une élection ou d'un sujet de société. Or, cette élection présidentielle de 2016, pas plus que celles qui l'ont précédée, ne donnera lieu à aucun sondage, mais à des allégations pour le moins spécieuses et intéressées.
En d'autres termes, les candidats et leurs partisans se livrent déjà à un grand exercice de désinformation et d'intox. Dans le métro parisien, surtout dans l'axe Châtelet-Gare du Nord, haut lieu des intrigues politiciennes et sociales comoriennes, on entend à longueur de journée, surtout le week-end, des Comoricains tenter d'expliquer que tel candidat bénéficie de tel pourcentage d'intentions de votes et que tel autre a vu sa popularité reculer après avoir dit ceci ou cela. De la spéculation à l'état pur! Ces mêmes Comoricains, trouvent toujours le moyen de placer en tête de leurs «sondages» le candidat de leur choix. Par exemple, pour Hachim Saïd Hassane, Idi Nadhoim est déjà élu Président des Comores en 2016. Voire…
En réalité, l'élection présidentielle de 2016 n'obéit à aucune logique connue. Tout se fait au jour le jour. Pendant qu'un Ahmed Sambi s'enferme dans une sourde détestation sur l'île de la Grande-Comore pour l'injure qu'est sa prétention présidentielle en 2016, Madame Moinaécha Youssouf Djalali reçoit chaque jour des appels téléphoniques dont le message reste: «Chère sœur, nous sommes avec toi, de tout cœur. Nous sommes fatigués par les agissements de la classe politique traditionnelle. Nous sommes fatigués par les agissements de ces gens qui ne pensent jamais à leur pays. Nous sommes fatigués par ceux de nos politiciens nous ont conduits à l'échec. Nous sommes fatigués par ceux de nos politiciens qui ont vendu jusqu'à notre citoyenneté. Nous sommes fatigués par un Ahmed Sambi, qui croit que nous allons le suivre, les yeux fermés vers la mort, une seconde fois». Ahmed Sambi n'a pas encore compris l'importance du vote régional, des imbrications familiales et claniques et des baronnies à la Grande-Comore. Si les Grands-Comoriens s'inscrivent massivement sur les listes électorales, il aura la punition de sa vie, s'il arrive à s'affranchir des verrous juridiques.
Certaines localités et régions vont faire l'objet d'âpres disputes électorales, notamment dans le Hahamamet, où Madame Moinaécha Youssouf Djalali ne manquera pas de mettre en difficulté le Vice-président Mohamed Ali Soilihi, lui aussi originaire de Mbéni, dans ce Hamahamet. Qu'on se le dise une bonne fois pour toutes: aux Comores, en dehors de l'ancien Président Mohamed Taki Abdoulkarim (paix à son âme) dans le Hamahamet et à Mbéni, aucun politicien ne peut se targuer de se tailler un fief électoral, dans de bonnes conditions démocratiques. Personne! Cela étant, quand un candidat veut se tailler un fief, il faudra qu'il aille se le constituer avec sa crédibilité. Dans certains villages et villes, on fera prévaloir un autre facteur: l'argument familial, et certaines familles seront gagnées par les démons de la division. De toute manière, aucune famille ayant en son sein plus d'un politicien n'affiche une réelle unité politique, même de façade. Donc, aucun candidat ne peut se targuer de pouvoir compter sur une famille «balkanisée» pour se faire élire. L'unité de la famille, d'abord.
Quid de ces carcans enfarinés et puant la naphtaline qu'on appelle pompeusement des partis politiques? Ils ne valent rien car ils n'existent pas puisqu'ils se forment le matin et se déforment le soir sans qu'on ne sache pourquoi. Ils n'ont aucun programme. Il n'y a plus de partis politiques aux Comores, et ceux qui existent vivent dans la division, la dictature interne, le culte du chef, le mensonge et la manipulation. Et la Mouvance présidentielle? Des sables mouvants! Le Comorien d'aujourd'hui ne se fait plus d'illusions sur ces coquilles vides et corrompues appelées partis politiques. Pragmatique, blasé et doutant de tout en politique, le Comorien n'a que faire des partis. Autrement dit, l'appartenance partisane n'aura aucune influence sur cette élection présidentielle. D'ailleurs, comment aurait-il pu en être autrement quand des acteurs politiques, après d'homériques injures, insultes et anathèmes réciproques pendant des années, font comme si de rien n'était et, à la veille d'une élection, font ami-ami, sans aucune pudeur, prenant le Comorien pour une tête de veau? Mais, le drame, c'est que les politiciens de pacotille savent que les peuples, même les plus martyrisés comme le nôtre, ont toujours la mémoire courte.
Que de dire de la personnalité de nos chers prétendants à la magistrature suprême? À Moroni, les dinosaures et les opportunistes sont un sujet de plaisanteries grivoises, moqueries et quolibets tant il est vrai que si la crédibilité personnelle devait être prise en considération, bien de candidats auraient été chassés d'office de cette élection avant son lancement. Qui a volé les Comoriens hier, les volera demain, et un voleur restera un voleur.
Et l'argent dans tout ça? Là, on est en présence d'un grand paradoxe car ceux qui n'en ont pas vont peiner à se faire entendre, sans que, pour autant, cela ne signifie que ceux qui en ont – au fait, d'où tirent-ils leurs millions volés? – seront élus. Certains candidats comme Ahmed Sambi et les crypto-sambistes, avec l'argent volé aux Comoriens et avec les pétrodollars de la République islamique d'Iran, vont se faire saigner à blanc, mais auront la désagréable surprise de ne pas figurer sur le trio de tête. En 2010, on a vu des jeunes Mohéliens déchirer des billets de banque que leur offrait un candidat littéralement médusé. Il s'agissait d'argent volé aux Comoriens. Quand un pauvre, sanglé dans sa dignité, déchire des billets de banque, c'est qu'il y a le feu à la maison. Cela signifie que l'argent va jouer un grand rôle dans cette compétition électorale, mais ceux qui en recevront ne voteront pas nécessairement pour ceux qui jouent au Père Noël électoral voleur. Un cri de haine traverse actuellement les Comores contre des gens comme Ahmed Sambi, qui ont volé le peuple, et certains électeurs ne se contenteront pas de quelques billets mal acquis.
Pour ce qui est des programmes, il s'agit de catalogues de vœux pieux à la fois irréalistes et irréalisables. Aucun Comorien n'y croit. Ce qui signifie que le projet de construction d'un Aéroport international à Mohéli annoncé à grand renfort de publicité en octobre 2010 par Ahmed Sambi avait fait jaser toute l'île car le Mohélien ne croit plus aux belles phrases creuses et à forte charge populiste et démagogique. D'ailleurs, où est cet Aéroport? En 2014, le même Ahmed Sambi a promis de relier les îles de l'Archipel des Comores par des ponts et des tunnels, et même de relier les Comores de Madagascar et du Mozambique par les mêmes voies. Après avoir détruit le Galawa Beach par pure haine, il a eu le culot de promettre la construction de 5 autres Galawa Beach, continuant à prendre le peuple comorien pour des moutons.
Face à la confusion ambiante, il a fallu faire appel aux lumières d'un journaliste mohélien, pour qui, «les prétendus pronostics et sondages ne reposent sur rien. Il s'agit de calculs d'arrière-boutique et de comptes d'apothicaire. Et personne n'est en mesure de faire de pronostics sur cette élection, qui n'a pas de candidat naturel. L'élection de 2016 ne sera pas à l'image de celle de 2006 et de 2010. Cependant, une chose est certaine: on connaît les candidats qui, compte tenu du mal qu'ils ont fait aux Comoriens, n'ont aucune chance d'être retenus pour le second tour. Et, il y aura de surprises qui vont faire démentir les prévisions à la noix qu'on nous ressasse au cours des dîners en ville et dans les salons feutrés de Fomboni, Djoiezi, Moroni, Mutsamudu et ailleurs».
Par ARM
© www.lemohelien.com – Samedi 10 mai 2014.