Depuis mardi 15 avril 2014, il y a un nouveau rebondissement scabreux et pitoyable dans l'affaire concernant la tentative de coup d...
Depuis mardi 15 avril 2014, il y a un nouveau rebondissement scabreux et pitoyable dans l'affaire concernant la tentative de coup d'État manqué contre le Président Ikililou Dhoinine le 19 avril 2013. Tout le monde a en mémoire ce sombre épisode politique qui venait surcharger la barque des coups d'État mis en échec ou réussis aux Comores, depuis le 3 août 1975, date du premier putsch qu'a connu le pays. Et on sait que notre pays détient un triste record en la matière. En effet, on dénombre plus de 37 tentatives de coup d'État et putschs réussis en 39 ans d'indépendance. C'est vraiment trop. Comoriens et mercenaires participent à la formation de ce triste privilège de l'instabilité institutionnelle et politique. Sauf que cette fois-ci, nous sommes confrontés à un cas paradoxal, insolite et exceptionnel par son origine. D'habitude c'est le camp de l'opposition qui entreprend des manœuvres de déstabilisation du régime politique en place, en vue de récupérer le pouvoir d'une manière anticonstitutionnelle et illicite.
Or, dans le cas présent, le scénario est différent, hallucinant, rocambolesque et inimaginable. Il semblerait, d'après une source bien informée et très proche de l'enquête presque bouclée à l'heure qu'il est par les services concernés, que l'un des 3 Vice-présidents de la République est l'instigateur du coup de force mis en échec. C'est un Vice-président élu sur le même bulletin de vote, sur la même liste que le candidat Ikililou Dhoinine, devenu Président à l'issue de l'élection du 26 décembre 2010.
Ce Vice-président serait désigné parmi les commanditaires de cette opération avortée. Or, ce Vice-président continue à faire le mort aux côtés du chef de l'État, tout en demeurant un de ses plus proches collaborateurs, vacant à ses occupations dans un calme qui fait froid au dos. Cet homme reste à ses fonctions, jouissant de ses attributs de membre éminent d'un régime politique qu'il a sciemment voulu mettre à bas, avec tous les risques que cela suppose. Notre homme feint d'ignorer qu'il est suivi à la loupe par les services de renseignement comoriens, qui travaillent en étroite collaboration avec les services de renseignements français, qui sont associés à la sécurité extérieure du territoire national, conformément aux accords de Défense qui lient la France aux Comores. Il va de soi qu'il conserve un œil vigilant sur la sécurité personnelle du Président de la République. Il est vrai que personne n'a été convaincu que les compatriotes qui croupissent en prison depuis une année pouvaient être effectivement les commanditaires d'une opération d'une telle envergure, une opération délicate et complexe, nécessitant des moyens financiers colossaux et une logistique lourde et extrêmement sophistiquée, dont seule une puissance militaire est en mesure de déployer et d'en assurer la supervision. Or, les personnes mises en cause dans cette affaire, accusées et arrêtées parce que considérées comme étant les auteurs de cette affaire n'ont pas les bras suffisamment longs pour atteindre de tels objectifs. Ces accusés ne présentent aucune garantie fiable et crédible pour les conditions de base d'un tel engagement, dans une aventure pareille.
Deuxième observation: aucun des hommes jetés dans la précipitation dans les geôles d'Ikililou Dhoinine n'a ni la stature d'un homme d'État ambitieux, ni le soutien intérieur pour asseoir son pouvoir, ni l'expérience de l'exercice du pouvoir au plus haut sommet de la pyramide étatique pour ambitionner gouverner le pays. Par conséquent, tout ce beau monde n'est constitué que de seconds couteaux, de lampistes, d'hommes de main, des serviteurs dociles au service d'une main camouflée, qui était censée leur être nourricière. Le pouvoir politique de Moroni n'en est pas dupe et il ne pouvait pas ignorer le statut de ces hommes qui ont servi de boucs émissaires, à l'issue d'une enquête bâclée, mal diligentée et sans relief. Partant de ce constat désabusé, des deux choses l'une: ou le pouvoir savait dès le départ qui étaient les vrais coupables mais ne sentait pas avoir les épaules suffisamment larges pour assumer une arrestation qui aurait provoqué un séisme politique et engendrer des conséquences dévastatrices à l'égard d'un régime politique qui ressemble comme deux gouttes d'eau à un colosse aux pieds d'argile et ne tient qu'à un fil, donc pas suffisamment solide pour supporter une fronde qui jaillirait du fond de ses entrailles et qui risquait de provoquer sa désagrégation; ou alors, deuxième hypothèse, le coupable lui-même agissant de l'intérieur, confortablement installé sur son fauteuil, a su manœuvrer pour étouffer l'enquête et perturber son bon déroulement, en l'orientant dans une mauvaise direction et en fabriquant de toutes pièces des vrais-faux coupables pour couvrir son acte ignoble et criminel.
La question qui se pose, dans ces conditions, est: pourquoi ces révélations émergent seulement maintenant, et qui en a organisé la fuite? En un mot, à qui profite le crime? Une chose est certaine: le Vice-président en question se trouve assis sur un siège éjectable, car la Justice semble résolument décidée à briser l'omerta, en jetant en pâture à une opinion publique surchauffée le puissant Vice-président autour duquel l'étau se resserre, et dont le temps est bel et bien compté. Ce Vice-président peut dire adieux veaux, vaches et moutons au cas où il aurait des ambitions politiques démesurées pour l'élection présidentielle de 2016. Ces chances sont sérieusement compromises par le résultat de cette enquête, qui semble l'accabler. Son avenir politique s'écrit désormais en pointillés. Pour ma part, compte tenu de la gravité de cette affaire, si elle se confirmait, je ne mettrais pas un rial troué sur son avenir politique. En attendant, continuons à croire que toute la lumière sera faite sur cette affaire et que le mystère sera enfin levé. Tant pis si des têtes tombent. Après tout, on ne peut pas faire d'omelette sans casser les œufs. L'avenir nous éclairera.
En attendant le verdict et les lumières de l'avenir, les proches du Vice-président Fouad Mohadji sont convaincus que toutes ces révélations sont faites contre leur champion. D'ailleurs, en 2013, tout de suite après la découverte de la conspiration, le Vice-président Fouad Mohadji, le mal-aimé du gouvernement, avait ému des milliers de Comoriens par une interrogation: «Comment pourrais-je renverser un régime politique qui est le mien, et comment pourrais-je me renverser moi-même?».
Kamal Abdallah,
Porte-parole du Collectif pour la Défense de la Démocratie aux Comores
© www.lemohelien.com – Samedi 19 avril 2014.
Or, dans le cas présent, le scénario est différent, hallucinant, rocambolesque et inimaginable. Il semblerait, d'après une source bien informée et très proche de l'enquête presque bouclée à l'heure qu'il est par les services concernés, que l'un des 3 Vice-présidents de la République est l'instigateur du coup de force mis en échec. C'est un Vice-président élu sur le même bulletin de vote, sur la même liste que le candidat Ikililou Dhoinine, devenu Président à l'issue de l'élection du 26 décembre 2010.
Ce Vice-président serait désigné parmi les commanditaires de cette opération avortée. Or, ce Vice-président continue à faire le mort aux côtés du chef de l'État, tout en demeurant un de ses plus proches collaborateurs, vacant à ses occupations dans un calme qui fait froid au dos. Cet homme reste à ses fonctions, jouissant de ses attributs de membre éminent d'un régime politique qu'il a sciemment voulu mettre à bas, avec tous les risques que cela suppose. Notre homme feint d'ignorer qu'il est suivi à la loupe par les services de renseignement comoriens, qui travaillent en étroite collaboration avec les services de renseignements français, qui sont associés à la sécurité extérieure du territoire national, conformément aux accords de Défense qui lient la France aux Comores. Il va de soi qu'il conserve un œil vigilant sur la sécurité personnelle du Président de la République. Il est vrai que personne n'a été convaincu que les compatriotes qui croupissent en prison depuis une année pouvaient être effectivement les commanditaires d'une opération d'une telle envergure, une opération délicate et complexe, nécessitant des moyens financiers colossaux et une logistique lourde et extrêmement sophistiquée, dont seule une puissance militaire est en mesure de déployer et d'en assurer la supervision. Or, les personnes mises en cause dans cette affaire, accusées et arrêtées parce que considérées comme étant les auteurs de cette affaire n'ont pas les bras suffisamment longs pour atteindre de tels objectifs. Ces accusés ne présentent aucune garantie fiable et crédible pour les conditions de base d'un tel engagement, dans une aventure pareille.
Deuxième observation: aucun des hommes jetés dans la précipitation dans les geôles d'Ikililou Dhoinine n'a ni la stature d'un homme d'État ambitieux, ni le soutien intérieur pour asseoir son pouvoir, ni l'expérience de l'exercice du pouvoir au plus haut sommet de la pyramide étatique pour ambitionner gouverner le pays. Par conséquent, tout ce beau monde n'est constitué que de seconds couteaux, de lampistes, d'hommes de main, des serviteurs dociles au service d'une main camouflée, qui était censée leur être nourricière. Le pouvoir politique de Moroni n'en est pas dupe et il ne pouvait pas ignorer le statut de ces hommes qui ont servi de boucs émissaires, à l'issue d'une enquête bâclée, mal diligentée et sans relief. Partant de ce constat désabusé, des deux choses l'une: ou le pouvoir savait dès le départ qui étaient les vrais coupables mais ne sentait pas avoir les épaules suffisamment larges pour assumer une arrestation qui aurait provoqué un séisme politique et engendrer des conséquences dévastatrices à l'égard d'un régime politique qui ressemble comme deux gouttes d'eau à un colosse aux pieds d'argile et ne tient qu'à un fil, donc pas suffisamment solide pour supporter une fronde qui jaillirait du fond de ses entrailles et qui risquait de provoquer sa désagrégation; ou alors, deuxième hypothèse, le coupable lui-même agissant de l'intérieur, confortablement installé sur son fauteuil, a su manœuvrer pour étouffer l'enquête et perturber son bon déroulement, en l'orientant dans une mauvaise direction et en fabriquant de toutes pièces des vrais-faux coupables pour couvrir son acte ignoble et criminel.
La question qui se pose, dans ces conditions, est: pourquoi ces révélations émergent seulement maintenant, et qui en a organisé la fuite? En un mot, à qui profite le crime? Une chose est certaine: le Vice-président en question se trouve assis sur un siège éjectable, car la Justice semble résolument décidée à briser l'omerta, en jetant en pâture à une opinion publique surchauffée le puissant Vice-président autour duquel l'étau se resserre, et dont le temps est bel et bien compté. Ce Vice-président peut dire adieux veaux, vaches et moutons au cas où il aurait des ambitions politiques démesurées pour l'élection présidentielle de 2016. Ces chances sont sérieusement compromises par le résultat de cette enquête, qui semble l'accabler. Son avenir politique s'écrit désormais en pointillés. Pour ma part, compte tenu de la gravité de cette affaire, si elle se confirmait, je ne mettrais pas un rial troué sur son avenir politique. En attendant, continuons à croire que toute la lumière sera faite sur cette affaire et que le mystère sera enfin levé. Tant pis si des têtes tombent. Après tout, on ne peut pas faire d'omelette sans casser les œufs. L'avenir nous éclairera.
En attendant le verdict et les lumières de l'avenir, les proches du Vice-président Fouad Mohadji sont convaincus que toutes ces révélations sont faites contre leur champion. D'ailleurs, en 2013, tout de suite après la découverte de la conspiration, le Vice-président Fouad Mohadji, le mal-aimé du gouvernement, avait ému des milliers de Comoriens par une interrogation: «Comment pourrais-je renverser un régime politique qui est le mien, et comment pourrais-je me renverser moi-même?».
Kamal Abdallah,
Porte-parole du Collectif pour la Défense de la Démocratie aux Comores
© www.lemohelien.com – Samedi 19 avril 2014.