Tout à construire ou presque. La tâche qui attend le nouveau Président de Madagascar Hery Rajaonarimampianina, l’une des vedettes du somm...
Tout à construire ou presque. La tâche qui attend le nouveau Président de Madagascar Hery Rajaonarimampianina, l’une des vedettes du sommet Union européenne - Afrique des 2 et 3 avril, à Bruxelles, a tout des travaux d’Hercule. D’ailleurs, avec une certaine ironie son prénom signifie "force" en malgache. Élu fin décembre, au cours d’un scrutin transparent après cinq ans de crise politique, "Hery" doit parachever la transition institutionnelle avec la nomination d’un gouvernement. Pour cet expert-comptable qui fut professeur à d’université à Metz et était surtout, depuis 2009, ministre des Finances du pouvoir de transition, c’est la condition nécessaire, mais pas suffisante, au redressement de Madagascar qui, peu à peu, réintègre toutes les instances internationales. Si l’espoir est là, le tableau est sombre dans ce qui reste l’un des pays les plus pauvres du monde avec un revenu per capita inférieur à 500 dollars par an. Certes, durant ces années d’instabilité, passé le choc lié aux événements de 2009, l’économie de cette île plus vaste que la France ne s’est pas totalement arrêtée.
L’an passé, ce pays de 25 millions d’habitants, ruraux pour l’essentiel, a même connu une croissance de 2,6%. Mais c’est bien trop peu au regard de 2,8% de croissance démographique. Et en volume l’activité a été surtout tirée par deux énormes projets miniers, l’un dans l’ilménite mené par Rio Tinto dans le Sud et l’autre, plus récent, à Ambatovy sur la côte Est dans le nickel. L’insécurité et les incertitudes ont plombé le tourisme. La plupart des investisseurs ont boudé l’île Rouge. Aujourd’hui, il faut relancer la machine. "Tout est urgence", selon le mot du président. Les bailleurs de fonds viennent de promettre près de 900 millions d’euros de soutiens. Ceux-ci viendront surtout parer au plus pressé et, notamment, boucher les trous d’un État impécunieux : les dépenses publiques dépassent à peine 12% du PIB. En la matière, on attend aussi un concours du FMI, qui devrait normaliser sa relation avec Madagascar. Mais c’est surtout du secteur privé qu’est espéré le déclic.
Sous peu, l’île devrait être réintégrée dans l’Agoa, l’accord de libre-échange Afrique – États-Unis. Sa suspension par Washington lui avait valu la perte de plus de 320 millions de dollars d’exportations, textiles essentiellement. Les aides de Bruxelles ou Paris vont suivre. Les entreprises étrangères, donc, sont sur le pied de guerre, les françaises notamment. Cinq cent cinquante sont déjà installées dans un pays dont l’élite reste intimement liée à la France. Agriculture, infrastructures, tourisme, industries légères, énergie… à condition que les financements arrivent, les opportunités abondent. Chinois et Mauriciens ne sont pas les derniers à l’avoir compris.
Pierre-Olivier Rouaud
L’an passé, ce pays de 25 millions d’habitants, ruraux pour l’essentiel, a même connu une croissance de 2,6%. Mais c’est bien trop peu au regard de 2,8% de croissance démographique. Et en volume l’activité a été surtout tirée par deux énormes projets miniers, l’un dans l’ilménite mené par Rio Tinto dans le Sud et l’autre, plus récent, à Ambatovy sur la côte Est dans le nickel. L’insécurité et les incertitudes ont plombé le tourisme. La plupart des investisseurs ont boudé l’île Rouge. Aujourd’hui, il faut relancer la machine. "Tout est urgence", selon le mot du président. Les bailleurs de fonds viennent de promettre près de 900 millions d’euros de soutiens. Ceux-ci viendront surtout parer au plus pressé et, notamment, boucher les trous d’un État impécunieux : les dépenses publiques dépassent à peine 12% du PIB. En la matière, on attend aussi un concours du FMI, qui devrait normaliser sa relation avec Madagascar. Mais c’est surtout du secteur privé qu’est espéré le déclic.
Sous peu, l’île devrait être réintégrée dans l’Agoa, l’accord de libre-échange Afrique – États-Unis. Sa suspension par Washington lui avait valu la perte de plus de 320 millions de dollars d’exportations, textiles essentiellement. Les aides de Bruxelles ou Paris vont suivre. Les entreprises étrangères, donc, sont sur le pied de guerre, les françaises notamment. Cinq cent cinquante sont déjà installées dans un pays dont l’élite reste intimement liée à la France. Agriculture, infrastructures, tourisme, industries légères, énergie… à condition que les financements arrivent, les opportunités abondent. Chinois et Mauriciens ne sont pas les derniers à l’avoir compris.
Pierre-Olivier Rouaud