À mi-mandat, le début et la fin du régime politique actuel se confondent

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Le Président de la République a bel et bien raté ses rendez-vous avec l’Histoire. Sir Winston Churchill (1874-1965), Premier ministre bri...

Le Président de la République a bel et bien raté ses rendez-vous avec l’Histoire.

Sir Winston Churchill (1874-1965), Premier ministre britannique en 1940-1945 et en 1951-1955, est l’une des figures politiques les plus marquantes du XXème siècle. Auteur de phrases d’anthologie, il a été aussi, en 1931, l’auteur d’une phrase malheureuse dans laquelle se profilent l’arrogance et le mépris des dirigeants envers les autres, ceux qui ne disposent d’aucun pouvoir et qui ne pensent pas comme eux: «Je ne comprends pas comment notre vice-roi des Indes peut s’abaisser à discuter avec un fakir à demi-nu». Le «fakir à demi-nu» dont il est question n’était autre que Mohandas K. Gandhi (1869-1948) dit Mahatma («la Grande Âme»), l’homme qui, grâce à la non-violence, mit à genoux la Grande-Bretagne, en l’obligeant à accorder à son pays, l’Inde, son indépendance en 1947, sans doute la plus grande référence politique et morale du XXèmesiècle, juste avant ou juste après Nelson Mandela. Sa place dans l’Histoire est beaucoup plus grande que celle de Sir Winston Churchill.

Sir Winston Churchill avait péché par arrogance et par mépris. Or, l’arrogance et le mépris sont, avec l’ignorance, les principales causes de l’échec des régimes politiques. Les Comores n’y échappent pas. Près de trois ans après l’investiture du Docteur Ikililou Dhoinine, le petit peuple, celui qu’on ne traite que par l’arrogance et le mépris, tire à boulets rouges sur le régime politique en place, parlant d’«ambiance de fin de règne», de «Président en résidence surveillée», d’un «régime politique médiocre», d’un «régime politique sans vision, ni perspective», d’une «immense plaisanterie malsaine», de «règne de l’arrogance», d’«apologie de la médiocrité», de «République bananière autiste», ,etc.

Aujourd’hui, en dehors des cercles du pouvoir, il ne se trouve plus personne pour se faire des illusions sur la présidence d’Ikililou Dhoinine, qu’on dit condamné et vampirisé par les nouveaux vandales qui ont été à l’origine de la mise en place d’un gouvernement d’incompétents, de corrompus, de néophytes et d’amateurs. Ces nouveaux vandales, passés maîtres dans l’art de faire des discours creux et truffés de fautes de français, ont fière allure quand ils sont devant les caméras de la moribonde ORTC pour bluffer le petit peuple sans le convaincre, mais n’ont rien proposé et n’ont rien fait pour lutter contre le sous-développement aux Comores. Désormais, tous les indicateurs sont au rouge aux Comores. Et même ces indicateurs n’arrivent pas toujours à passer au rouge car il n’y a pas d’électricité pour les allumer.

Nous avons recensé les principales nominations opérées depuis le 26 mai 2011. Rares sont celles qui ont une once d’intelligence et de sens. À 99,99%, ces nominations ne sont porteuses d’aucune forme d’intelligence. Elles sont regrettables et regrettées, mais un Président n’est pas homme à se laisser entraîner dans la prise en compte de l’opinion de gens. Un Président est tout de même un homme important, qui peut même oublier qu’avant d’être élu par la population de Grande-Comore et d’Anjouan, il avait fallu que l’électorat de Mohéli le place en très bonne place, en première place, le 7 novembre 2010. Au 2ème tour, le 26 décembre 2010, le Docteur Ikililou Dhoinine n’a été battu par Mohamed Saïd Fazul que de 44 voix, étant entendu que les facteurs qui ont joué contre lui ce 26 décembre 2010 ont été la haine des Mohéliens envers Ahmed Sambi – qu’il était censé représenter –, le sentiment que les jeux étaient déjà faits et qu’il ne fallait pas se rendre aux urnes, et l’abstention qui s’ensuit logiquement. En même temps, ne sous-estimons pas l’impact de fraude électorale.

Depuis le 26 mai 2011, le Président de la République commet l’erreur de trop insister sur les 44 voix d’écart entre Mohamed Saïd Fazul et lui à Mohéli au second tour de l’élection. En écartant systématiquement les cadres de valeur pour embaucher des marmousets connus pour leur tendance à la corruption et à l’incompétence, il a pris le risque majeur de se passer des services de ceux qui auraient pu l’aider à faire un bon mandat, mais qui ont déjà condamné son régime politique. Car ce dernier est bel et bien perdu. Il n’y a plus de chance de le redresser et de lui donner une image de crédibilité. À l’étranger, on dit méchamment et perfidement que le Président qui veut lutter contre les emplois fictifs en crée à la Présidence car même les voleurs de poules savent que les 92 Conseillers du Président sont des fantômes nommés à leurs postes respectifs pour s’en mettre plein les poches et se remplir le ventre car on ne voit comment ils pourraient conseiller un Président. Ce régime politique est d’autant plus perdu que la corruption est à tous les niveaux, et le Président se paie le luxe de faire libérer Abou Achirafi Ali Bacar et de maintenir en place Abiamri Mahmoud à la tête de Comores Télécom, deux mauvais garçons parmi d’autres dont la tête est réclamée par tout un peuple. Il lutte contre la corruption en donnant le sein aux corrompus, le bon Procureur général Soilihi Mahmoud étant toujours appelé à la rescousse pour éteindre les feux de brousse.

À Djoiezi, bastion des Grincheux de la République, on crie à la trahison et on accuse l’entourage du Président d’avoir placé leur chef en résidence surveillée. On compare déjà le régime actuel à celui de Saïd Mohamed Djohar et à celui du Combattant Suprême, Habib Bourguiba, et de Zine El Abidine Ben Ali en Tunisie, qui ont sombré dans les mêmes conditions: les intrigues byzantines. Mais, dans le régime politique actuel, il y a pire: l’autisme. Le chef de l’État n’écoute personne. Les personnes se situant en sa marge et qui émettent des idées sont traitées comme un «fakir à demi-nu».

Plusieurs personnes sont choquées d’entendre régulièrement les fanatiques du nouveau régime répéter: «Si le Président Ikililou Dhoinine échoue, ce n’est pas grave car il ne sera ni le premier, ni le dernier Président à échouer aux Comores. De toute façon, il est élu pour 5 ans, et personne ne pourra changer cela». Ah bon? Cet alibi est stupide, mais il a un mérite: il prouve que les zélés du pouvoir actuel savent dès le début que l’échec était inévitable. C’est déjà ça. Mais, pourquoi échouer quand on pouvait réussir? Cherchez du côté de l’arrogance et du mépris envers les autres. Un Président est un homme qui connaît tout et qui a toujours raison. Il faut entrer dans sa psychologie et comprendre ses états d’âme. C’est un homme devant qui on se prosterne et qui n’a de comptes à rendre à personne. Gloire à Dieu!

Mais, avant l’arrivée de l’heure du bilan définitif, la déception est grande. Les allusions du Président aux Arabes qui vont sauver les Comores énervent sérieusement les gens car les Arabes, en dehors de 3 ou 4 dinars qu’ils nous donnent comme on le fait avec des mendiants, n’apportent rien à notre pays, qui leur vend des passeports, diplomatiques notamment, malgré le retentissant scandale autour d’Abou Achirafi Ali Bacar, le «Pablo Escobar comorien», devenu un «héros national» à Anjouan depuis sa libération honteuse. Dans un premier temps, Ahmed Sambi avait piégé Ikililou Dhoinine en faisant croire aux Comoriens et à tous les autres habitants de l’Univers qu’il avait laissé à son successeur des montagnes d’argent, alors qu’il s’agit d’un argent fictif. Cet argent n’a jamais existé. Dans un premier temps, Ikililou Dhoinine avait endossé le mensonge des 2 milliards d’euros que les Comores devaient recevoir de la Fondation Fatima, la fameuse «coquille», d’après les conclusions d’une enquête internationale diligentée par le Vice-président Nourdine Bourhane.

Il y a un autre problème sérieux: celui de l’inconstance. Badaouia Mohamed Fakih, un des liquidateurs de la PNAC et actuel Ambassadeur en Tanzanie, devant son copain Ikililou Dhoinine, avait qualifié de voleur quelqu’un qui était proposé à un poste d’Ambassadeur et il s’était chargé lui-même, par la suite, de soutenir sa candidature en le présentant comme un homme sérieux. Le voleur présumé avait pris la précaution élémentaire d’«arroser» son puissant accusateur, pour en faire son avocat.

On nous avait parlé de cet avion honteusement baptisé «Air Mohéli International». On aurait dû l’appeler «Air Bidoche», comme celui qui brisait naguère l’isolement international de la honteuse Rhodésie du Sud (futur Zimbabwe) d’Ian Smith. On nous a déjà joué le coup avec Air Oichili sous Ahmed Abdallah, quand l’État comorien fricotait avec l’Afrique du Sud raciste. Et cette affaire avait piteusement fini en queue de poisson. Du jour au lendemain, l’avion d’Air Mohéli International a disparu. Car, les Comoriens n’ont rien de spécial pour qu’on se mette à leur faire des dons pour leurs beaux yeux. On nous ment. On ne nous dit pas la vérité. Le prix que les Comores ont à payer est sans doute mortel. Et, nous le savons depuis le limogeage d’Abou Achirafi Ali Bacar.

Pendant que le pays s’enfonce dans la médiocrité, sa diplomatie ne se porte guère mieux. On a nommé Mohamed Bakri Charif Abdoulfattah et El Anrif Saïd Hassane pour la diriger car ils parlent arabe, sans plus. Le premier avait nagé, et le second nage encore dans un verre d’eau. L’un et l’autre sont les chantres de la diplomatie-biberon et de la diplomatie du bonbon Pecto.

Le régime politique actuel n’est victime que d’une seule chose: les rendez-vous que l’Histoire avait fixés au Président de la République et que celui-ci a complètement ratés du fait d’un manque total de vision étatique.

Par ARM
© www.lemohelien.com – Lundi 28 avril 2014.
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