Chers prétendants candidats, À l’heure où vous vous apprêtez à rentrer en campagne si ce n’est pas déjà le cas, peut-être serez-vo...
Chers prétendants candidats,
À l’heure où vous vous apprêtez à rentrer en campagne si ce n’est pas déjà le cas, peut-être serez-vous surpris d’apprendre avec quel intérêt les Comoriens ont suivi toutes les élections primaires de cette nouvelle architecture institutionnelle et les campagnes pour les élections présidentielles. Par la suite, des acclamations ont inondé les Comores à l’annonce du nom des heureux candidats élus. Ces clameurs doivent être interprétées comme un cri de libération d’après les idéaux qu’ils nous ont proclamés tout au long de leurs parcours, notamment celui qui concerne l’État exemplaire.
En effet, notre pays n’a jamais connu l’État exemplaire auquel aspirent tous les Comoriens. Un entre-soi de galapiats, d’aigrefins et de flibustiers, depuis Ahmed Abdallah Sambi au pouvoir des roitelets, puis des gouverneurs régnant par des tropismes que postule l’incompatibilité entre le progrès de notre pays et les intérêts personnels.
Une révision constitutionnelle adoptée en 2009 a légalisé l’essence liberticide de l’État: tous les droits et libertés fondamentaux, sans exception, sont méconnus. Mais toujours, notamment lorsqu’on détient le pouvoir, de l’un à l’autre, les dirigeants finissent par se confondre et par croire qu’ils sont, eux, l’État. «L’État, c’est moi», avait dit Louis XIV.
Il est donc naturel que le développement et le progrès de notre pays soient des variables d’ajustement pour nos Présidents fainéants et leurs proches, dont les priorités sont les voitures de luxe, les voyages, les bijoux, la haute couture, l’achat de palais à l’étranger et toutes sortes d’autres dépenses somptuaires. Groupies de pop-stars grassement payées à la moindre prestation par le contribuable qui a faim, les Président comoriens sont élus par la Françafrique et affrètent des avions pour assister à des tournois internationaux de gagistes, de tricheries ou des voyeurismes.
Pour répondre aux revendications légitimes de ses administrés privés du minimum vital et pour neutraliser toute forme de contestation de ses choix politiques inconsidérés, le Président fait usage de la matraque et du cachot, des licenciements abusifs et de la révocation dans la fonction publique, de la confiscation de salaires et de la rétention de dossiers de retraites, toutes choses qui sont désormais devenues des mesures disciplinaires routinières à l’endroit des «ennemis de l’État». Mais qui est l’État Comorien? Qui sont ses ennemis?
Après chaque élection présidentielle, depuis l’Indépendance, des Constitutions sont encore recorrigées, pour légaliser le renforcement des prérogatives, soit du Président de la République, soit celles de ses proches, des prérogatives qui étaient déjà celles d’un État hyper-présidentiel.
Au profit de nombreuses agences, directions, services tous rattachées à la Présidence de la République, le gouvernement est désormais dessaisi, entre autres, de tout dossier foncier et d’investissement public. Pis, les nouvelles dispositions constitutionnelles accordent l’exclusivité des questions de Défense et de sécurité au seul Président de la République, seule et unique institution habilitée à déclarer une guerre sans en référer à qui que ce soit, ou à donner un contenu au paradigme autant fantasmagorique qu’obsessionnel de «trouble de l’ordre public».
L’ex-Président de la République Ahmed Sambi, qui s’apprête à briguer un nouveau mandat de Président, a réduit notre Loi fondamentale en un véritable marteau des sorcières, et a mué en genouillères tous les contre-pouvoirs civils et institutionnels. Que peut-on attendre d’une Cour constitutionnelle prévaricatrice, lorsqu’elle est présidée, depuis sa création, par des «pouvoirtistes» demi-frères, frères du Président de la République ou Gouverneurs, et qui valide des élections truquées à outrance et dont le taux d’abstention officiel dépasse 50%, accordant crédit au seul parti du pouvoir?
Monsieur les prétendants candidats,
Vous aurez constaté que le présent message n’est pas une supplique. En effet, il ne saurait en être question, pour nous, de placer notre destin et celui des générations futures entre vos mains, car nous entendons continuer à prendre notre responsabilité devant l’Histoire. Mais nous avons été très attentifs aux valeurs de Justice, d’État exemplaire et de respect des citoyens et des peuples, que vous vous êtes engagé, à instaurer, voire à incarner.
C’est pourquoi, Monsieur les prétendants candidats, bien qu’ayant constaté quelques signes encourageants depuis l’élection du Docteur Ikililou Dhoinine, notamment dans l’intitulé-même de certains ministères et du fait de sa bataille pour la suppression du tristement célèbre «visa Balladur», nous nous interrogeons, toutefois, sur le fait de savoir si vous prendrez en compte, de manière tangible, à la politique que préconisent ceux qui aujourd’hui, s’opposent à vous par leurs idées et non par la mort qui, depuis toujours, déchire les pages de notre grand livre d’Histoire au fur et à mesure que nous l’écrivons.
Veuillez, agréer, Messieurs les prétendent candidats, l’assurance de ma très haute considération.
© www.lemohelien.com – Jeudi 6 février 2014.
À l’heure où vous vous apprêtez à rentrer en campagne si ce n’est pas déjà le cas, peut-être serez-vous surpris d’apprendre avec quel intérêt les Comoriens ont suivi toutes les élections primaires de cette nouvelle architecture institutionnelle et les campagnes pour les élections présidentielles. Par la suite, des acclamations ont inondé les Comores à l’annonce du nom des heureux candidats élus. Ces clameurs doivent être interprétées comme un cri de libération d’après les idéaux qu’ils nous ont proclamés tout au long de leurs parcours, notamment celui qui concerne l’État exemplaire.
En effet, notre pays n’a jamais connu l’État exemplaire auquel aspirent tous les Comoriens. Un entre-soi de galapiats, d’aigrefins et de flibustiers, depuis Ahmed Abdallah Sambi au pouvoir des roitelets, puis des gouverneurs régnant par des tropismes que postule l’incompatibilité entre le progrès de notre pays et les intérêts personnels.
Une révision constitutionnelle adoptée en 2009 a légalisé l’essence liberticide de l’État: tous les droits et libertés fondamentaux, sans exception, sont méconnus. Mais toujours, notamment lorsqu’on détient le pouvoir, de l’un à l’autre, les dirigeants finissent par se confondre et par croire qu’ils sont, eux, l’État. «L’État, c’est moi», avait dit Louis XIV.
Il est donc naturel que le développement et le progrès de notre pays soient des variables d’ajustement pour nos Présidents fainéants et leurs proches, dont les priorités sont les voitures de luxe, les voyages, les bijoux, la haute couture, l’achat de palais à l’étranger et toutes sortes d’autres dépenses somptuaires. Groupies de pop-stars grassement payées à la moindre prestation par le contribuable qui a faim, les Président comoriens sont élus par la Françafrique et affrètent des avions pour assister à des tournois internationaux de gagistes, de tricheries ou des voyeurismes.
Pour répondre aux revendications légitimes de ses administrés privés du minimum vital et pour neutraliser toute forme de contestation de ses choix politiques inconsidérés, le Président fait usage de la matraque et du cachot, des licenciements abusifs et de la révocation dans la fonction publique, de la confiscation de salaires et de la rétention de dossiers de retraites, toutes choses qui sont désormais devenues des mesures disciplinaires routinières à l’endroit des «ennemis de l’État». Mais qui est l’État Comorien? Qui sont ses ennemis?
Après chaque élection présidentielle, depuis l’Indépendance, des Constitutions sont encore recorrigées, pour légaliser le renforcement des prérogatives, soit du Président de la République, soit celles de ses proches, des prérogatives qui étaient déjà celles d’un État hyper-présidentiel.
Au profit de nombreuses agences, directions, services tous rattachées à la Présidence de la République, le gouvernement est désormais dessaisi, entre autres, de tout dossier foncier et d’investissement public. Pis, les nouvelles dispositions constitutionnelles accordent l’exclusivité des questions de Défense et de sécurité au seul Président de la République, seule et unique institution habilitée à déclarer une guerre sans en référer à qui que ce soit, ou à donner un contenu au paradigme autant fantasmagorique qu’obsessionnel de «trouble de l’ordre public».
L’ex-Président de la République Ahmed Sambi, qui s’apprête à briguer un nouveau mandat de Président, a réduit notre Loi fondamentale en un véritable marteau des sorcières, et a mué en genouillères tous les contre-pouvoirs civils et institutionnels. Que peut-on attendre d’une Cour constitutionnelle prévaricatrice, lorsqu’elle est présidée, depuis sa création, par des «pouvoirtistes» demi-frères, frères du Président de la République ou Gouverneurs, et qui valide des élections truquées à outrance et dont le taux d’abstention officiel dépasse 50%, accordant crédit au seul parti du pouvoir?
Monsieur les prétendants candidats,
Vous aurez constaté que le présent message n’est pas une supplique. En effet, il ne saurait en être question, pour nous, de placer notre destin et celui des générations futures entre vos mains, car nous entendons continuer à prendre notre responsabilité devant l’Histoire. Mais nous avons été très attentifs aux valeurs de Justice, d’État exemplaire et de respect des citoyens et des peuples, que vous vous êtes engagé, à instaurer, voire à incarner.
C’est pourquoi, Monsieur les prétendants candidats, bien qu’ayant constaté quelques signes encourageants depuis l’élection du Docteur Ikililou Dhoinine, notamment dans l’intitulé-même de certains ministères et du fait de sa bataille pour la suppression du tristement célèbre «visa Balladur», nous nous interrogeons, toutefois, sur le fait de savoir si vous prendrez en compte, de manière tangible, à la politique que préconisent ceux qui aujourd’hui, s’opposent à vous par leurs idées et non par la mort qui, depuis toujours, déchire les pages de notre grand livre d’Histoire au fur et à mesure que nous l’écrivons.
Veuillez, agréer, Messieurs les prétendent candidats, l’assurance de ma très haute considération.
Fait à Bangoma, Mohéli, le 5 février 2014
Par Mohamed Bacar© www.lemohelien.com – Jeudi 6 février 2014.