La profonde crise politique dans laquelle la Grande île est plongée depuis 2009 a relégué le pays dans le peloton des Etats fragiles à l...
La profonde crise politique dans laquelle la Grande île est plongée depuis 2009 a relégué le pays dans le peloton des Etats fragiles à l'instar du Mali ou du Niger.Plus qu'ailleurs, la démocratisation malgache semble relever des difficultés à se départir du poids de son histoire monarchique et de son insularité qui se situeraient du versant culturel, comparable à l'autoritarisme d'Asie centrale éloigné des considérations économiques.
Madagascar avec son retard de développement perd sur les deux tableaux. La démocratie ne s'enracine pas, de même pour le décollage économique tant attendu qui tarde à venir en dépit du frémissement de ces dernières années (présidence Ravalomanana) avec une croissance économique prometteuse à l'instar de certains pays d'Afrique subsaharienne.
La crise de 2009/2013 a relégué le pays dans le peloton des Etats fragiles à l'instar du Mali ou du Niger et interpelle dans la mesure où l'Etat malgache a connu un frémissement démocratique sur fond de décollage économique au sortir de la première crise de 2001/2002.
Ce réveil démocratique éphémère renvoie aux propos du Président Chirac soulignant que la démocratie était un luxe pour les populations africaines, affirmation qui suscita un tollé général au sein de la communauté des pays d'Afrique subsaharienne, comparable au discours du Président Sarkozy à Dakar.
Une vie politique ponctuée de coups d'Etat et d'élections litigieuses
L'alternance au pouvoir est difficile dans la Grande Ile, toujours au forceps. Depuis le renversement du premier président malgache,Philibert Tsiranana, la vie politique est ponctuée de coups d'Etat, d'initiatives extraconstitutionnelles, de transitions longues et d'élections litigieuses.
Plus qu'ailleurs, la démocratisation malgache semble relever des difficultés à se départir du poids de son histoire monarchique et de son insularité qui se situeraient du versant culturel, comparable à l'autoritarisme d'Asie centrale éloigné des considérations économiques.
A l'orée des indépendances, Madagascar à l'instar de certains pays subsahariens a instauré le multipartisme. Le président Tsiranana fut l'artisan de la souveraineté nationale dont la diplomatie a été nettement pro-occidentale avec un appui marqué sur la France. Cette initiative s'est rapidement heurtée aux antagonismes ethniques (Merina et Côtiers), à la mainmise de l'oligarchie, aux impatiences de la jeunesse estudiantine et aux aspirations de quelques officiers supérieurs enclins à une nouvelle politique étrangère " tout azimut ", l'empêchant de s'affirmer comme le chef incontestable du jeune Etat. Après son renversement par un directoire militaire, de nombreux conflits ont éclaté au sein de la classe politique prolongés par des coups d'Etat militaires avec son corollaire de dictatures, de gabegies, de marasme économique, d'assassinats politiques et d'exil d'opposants. Nombre d'Etats africains n'échappent pas à la règle.
Le processus démocratique malgache jusqu'à ce jour se heurte essentiellement aux querelles intestines inextricables ayant pour fondement les antagonismes ethniques ancestraux s'insinuant jusqu'au sein même des associations lambda, laïques ou confessionnelles, qui sont autant de relais d'influence pour les pouvoirs en place.
A l'annonce du calendrier électoral pour l'élection présidentielle, la France a misé mezza voce sur la candidature de Jean-Louis Robinson (candidat de la mouvance Ravalomanana) pour ensuite se raviser - peu avant la publication des premiers résultats provisoires du premier tour par la Cenit - et marquer ouvertement sa préférence pour la candidature d'Hery Rajaonarimampianina (candidat de la mouvance Rajoelina) alors que l'ambassade de France à Antananarivo ne recevait plus ses émissaires et alliés.
L'histoire retiendra la débauche financière déployée par les 41 candidats pendant le premier tour de la campagne électorale et les palinodies de la diplomatie française engluée dans les dérives oligarchiques du système international (diplomatie de connivence initiée dès la première crise de 2001/2002).
Derrière le flou institutionnel et la confusion constitutionnelle instaurés pendant la Transition se dissimule une continuité profonde : le fait ethno-religieux malgache dont le contenu du programme de modernisation et d'unification de l'île, voulu par les missions chrétiennes au profit exclusif du royaume merina au 19ème siècle, s'est perverti par la récupération autoritaire qu'en ont fait les auteurs des coups d'Etat militaires et civils pour suppléer aux carences de l'administration. Marc Ravalomanana ne s'y est pas trompé, sous le couvert de la souveraineté nationale, en recourant habilement aux traditions et cultes ancestraux et captant par là même le réseau des églises protestantes (FJKM) dont il fut un temps le leader.
C'est ainsi qu'apparaît l'ambivalence malgache marquant jusqu'à ce jour le rapport merina à l'étranger (vahaza), tantôt perçu comme l'allié bienfaisant, tantôt ressenti comme l'agresseur de l'intimité. Un pan anthropologique de la société malgache qui échappe à toutes les analyses vouant ainsi à l'échec les nombreuses médiations au nombre desquelles : les accords Dakar I et II en 2002, les feuilles de route Maputo I et II en 2010 et les conciliations de la SADC et de l'Union africaine.
La communauté internationale en s'autolégitimant autour de notions telles que l'Occident et la Démocratie a bousculé le pays et ses dirigeants pour déboucher immanquablement dans des impasses engendrant l'agacement des plus hautes instances de l'Etat et exacerbant le nationalisme latent d'une frange de la population frustrées d'être privées de la prise de décision.
Le nouveau président devra trancher le noeud gordien qui enserre le développement social et économique de son pays. La théorie est toujours plus facile à façonner que la pratique. Il aura également à négocier un cap politique délicat - un objectif prioritaire - celui de la réconciliation nationale. Enfin, il ne devra pas surestimer la part d'improvisation et la part de pression sur le cours politique du peuple malgache, en particulier une jeunesse prête à prendre en main le destin de son pays.
HabarizaComores.com | أخبار من جزر القمر.
Le journal de la diaspora comorienne en France et dans le monde : Information et actualité en temps réel 24h/24 et 7j/7.