Mohamed Ali Soilihi et Maître Ibrahim Ali Mzimba face à Mohamed « Kiki » Daoud. « En 2016, nous aurons l'élection présidentielle ...
Mohamed Ali Soilihi et Maître Ibrahim Ali Mzimba face à Mohamed «Kiki» Daoud.
«En 2016, nous aurons l'élection présidentielle de tous les reniements, la mère de toutes les trahisons, le père de tous les coups bas, la tantine de toutes les traîtrises», soupire, très mal à l'aise, ce cadre du RIDJA, qui ajoute, comme pour extirper un mal très profond par la magie et l'exorcisme: «Dans l'état actuel des choses, il serait hasardeux de conclure des alliances politiques et électorales, car rien de ce qui se fait aujourd'hui ne tiendra demain. Déjà, les manœuvres les plus propices à la trahison ont commencé dans certains camps politiques, où "alliés" et"partenaires" se racontent ouvertement des mensonges qui n'ont même pas les fausses apparences de la vérité. Je suis effondré». C'est ce qui fait, en tout cas, qu'à ce jour, aucun candidat, hormis Ahmed Sambi – qui se croit toujours le meilleur des Comoriens –, n'a une idée de ce que sera l'élection présidentielle de 2016. Pour sa part, le Vice-président Mohamed Ali Soilihi, l'un des épicentres de cette élection majeure, a pris suffisamment en compte la complexité de la situation pour commencer à tenter de regrouper autour de lui certains des candidats qui pourraient lui causer du tort en 2016. Dans ce nouvel en attelage en devenir – car rien n'est définitif –, l'entreprenant Mohamed Daoud dit «Kiki» occupe une place de choix, et le Vice-président Mohamed Ali Soilihi le verrait mieux avec lui que contre lui.
Qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, on est obligé de reconnaître que Mohamed Daoud dit «Kiki» sera l'un des acteurs politiques majeurs de l'élection présidentielle de 2016. La chose est tellement évidente que le Vice-président Mohamed Ali Soilihi, de plus en plus sûr que l'élection de 2016 n'est encore gagnée par personne puisqu'il s'agit d'un scrutin sans candidat naturel (Ahmed Sambi, c'est de la frime), est en plein processus d'approche devant lui permettre de «draguer» Mohamed Daoud dit «Kiki». Va pour la «drague», mais comment «draguer» un acteur politique qui, depuis 2010, se prépare à être Président de la République en 2016, au nez et à la barbe de tous ses aînés, entrés en politique depuis des décennies?
La réponse à une question pareille est du domaine de l'impossible car l'idéal aurait été la transformation de Mohamed Daoud en colistier de Mohamed Ali Soilihi à la Grande-Comore. Mais, comment aller demander à un présidentiable de devenir n°2 alors qu'il cherche à être le n°1? Même si la chose pouvait se négocier et même si Mohamed Daoud pouvait finir par céder à la «drague» assidue du Vice-président en charge de l'Économie et des Finances, il y a une autre équation qu'il faut prendre en considération: Maître Ibrahim Ali Mzimba, baron parmi les barons de la baronnie du Mbadjini, l'homme de Dembeni, le seul candidat de l'opposition à s'être fait élire Député dès le premier tour lors du dernier scrutin législatif. Le Vice-président Mohamed Ali Soilihi et Maître Ibrahim Ali Mzimba constituent un tandem depuis des années, en vue de l'élection présidentielle de 2016. Toutes les affirmations tendant à créer l'ombre d'un doute entre les deux hommes relèvent de la pure spéculation véhiculée par des radoteurs amoureux de rumeurs de bouchères. Il se passera ce qui se passera, mais Maître Ibrahim Ali Mzimba restera le colistier de Mohamed Ali Soilihi à la Grande-Comore.
Quelle est donc la place de Mohamed Daoud dans l'affaire? On voit bien Mohamed Ali Soilihi et Maître Ibrahim Ali Mzimba l'inviter à Iconi, dans la demeure familiale de l'homme du ministère de l'Économie et des Finances, et lui tenir le petit discours magique suivant: «Cher Kiki, comme nous nous connaissons de longue date, entre nous, nous n'avons guère besoin de longs discours pour nous comprendre. Ce qui nous unit est plus fort que ce qui devait nous désunir. Pense à notre père à tous, feu le Président Mohamed Taki Abdoulkarim. Nous allons affronter une élection majeure. Nous ne te sommes pas supérieurs, mais nous sommes tes aînés. Nous sommes peut-être en train de livrer notre dernière bataille à une élection présidentielle. Par contre, toi, tu es très jeune. Tu as l'avenir et la vie devant toi. C'est pour cela que nous te demandons solennellement de renoncer à toute velléité de devenir chef d'État en 2016. Nous sommes disposés à prendre l'un de tes hommes à Anjouan et à Mohéli comme colistiers, et nous nous mettons entièrement à ton service lors des prochaines échéances. Il va sans dire que tu es notre ministre de Finances si nous sommes élus en 2016». Délires relevant de la politique fiction? Que nenni! Que nenni!
On dit que le Vice-président Mohamed Ali Soilihi est un technocrate froid et sans le profil du politicien comorien classique, avec sa dose de démagogie et son sac de mensonges, un homme qui ne sait pas faire vibrer les cœurs. Cependant, la critique a été suffisamment répétée devant l'intéressé pour qu'il la prenne enfin au sérieux. Du coup, le «technocrate froid» a conscience du feu qui brûle le lac. En réalité, ce feu se trouve à Moroni, dans les premiers cercles du Vice-président, où on ne trouve personne pour assurer la communication d'un homme qui va mettre sa tête dans la gueule du loup et lui compter les dents, car il est le candidat du pouvoir sortant. Que celui qui veut contester cette affirmation commence par citer le responsable de la communication du Vice-président, et ce qu'il a fait concrètement.
Face à ce vide patent, c'est le Docteur Ali Abdou Mdahoma qui a l'ingrate charge d'aller au charbon, se faisant tirer des missiles sol-air sur la tête par ceux qui considèrent qu'il n'a pas à se mêler de politique – et qui font de la politique aux côtés des leurs –, une activité qui serait l'apanage de certains seulement, dans un pays où le soutien à un acteur politique serait un luxe réservé à une minorité. Évidemment, se pose la question sur la place de l'intellectuel sur la scène politique comorienne, mais a-t-on le droit d'interdire au Docteur Ali Abdou Mdahoma d'apporter son soutien au politicien de son choix? Pour y répondre, il faudra que chacun assume ses responsabilités, mais pas caché dans l'ombre, mais en pleine lumière.
Mohamed Daoud est entré en campagne électorale depuis la mi-2013, en France, se rendant dans toutes les villes ayant de fortes communautés comoriennes. Aux Comores, toujours depuis 2013, il bouge beaucoup et a transformé le Mouvement Orange en parti politique, même si en Science politique, un parti politique peut s'appeler «Mouvement». Il s'est séparé des branches mortes que sont Mouigni Baraka, l'insipide Gouverneur de Grande-Comore, et du Député Djaé Ahamada Chanfi, qui ont créé une espèce de chose partisane dont personne ne connaît le nom, et qui n'intéresse même pas ses créateurs et promoteurs.
En 2016, il est un élément de la première importance dont il faut tenir compte: l'ego, la fierté personnelle, l'orgueil et l'exaltation de soi. De nombreuses alliances politiques seront impossibles à concrétiser parce qu'aucun des protagonistes n'acceptera de se mettre derrière l'autre. Beaucoup d'alliances seraient salutaires, mais comment demander à quelqu'un qui se croit prédestiné de se mettre derrière un candidat qu'il méprise? Mission impossible. Quand on a parlé de l'alliance possible entre Maître Saïd Larifou et Idi Nadhoim à Foumbouni, non seulement il y a les divergences programmatiques et sur l'État, mais en plus, on ne voit pas Maître Saïd Larifou derrière Idi Nadhoim, et Idi Nadhoim derrière Maître Saïd Larifou. Entre Mohamed Ali Soilihi et Mohamed Daoud, le même problème va se poser. Un problème d'ego, donc. Et les entourages respectifs vont souffler sur les braises et mettre le feu à la case.
Et même si, emportés par la sagesse, Mohamed Ali Soilihi et Mohamed Daoud arrivaient à conclure une alliance électorale, l'entourage de Mohamed Daoud n'accepterait jamais de voir son chef jouer les seconds auprès du Vice-président. Dans tous les cas, les entourages ont leur mot à dire, et ce qu'ils ont à dire ne va pas toujours dans le sens de l'apaisement, mais dans celui de la surenchère. D'une manière générale, les entourages des présidentiables ont toujours vécu les alliances politiques comme une menace contre leurs propres intérêts. En même temps, nombre de candidats rentreront prématurément téter chez leur maman pour avoir refusé une alliance politique qui leur aurait été profitable. Les gagnants pourront dire: «Heureusement, il n'est pas donné à tout le monde d'avoir une intelligence politique». Ils pourront y ajouter: «On ne peut jamais discuter avec un fanatique». Amen!
Par ARM
© www.lemohelien.com – Samedi 11 janvier 2014.