Une inauguration de chrysanthèmes à Mohéli tourne à la vendetta corse. À Djoiezi, il se susurre de plus en plus que ces derniers temps, le P...
Une inauguration de chrysanthèmes à Mohéli tourne à la vendetta corse.
À Djoiezi, il se susurre de plus en plus que ces derniers temps, le Président Ikililou Dhoinine ne lit que les ouvrages de François-Marie Arouet dit Voltaire (1694-1778), depuis qu'il a appris que le mot suivant était de l'écrivain et philosophe français: «Mon Dieu, gardez-moi de mes amis. De mes ennemis, je m'en occupe». Le célèbre mot de Voltaire a retenu l'attention du chef de l'État car il résume bien son état d'esprit actuellement, puisque le Président a plus de problèmes avec ses «amis» qu'avec ses ennemis, inexistants. Cela se manifeste depuis le 26 mai 2011, mais, à Djoiezi, cette semaine, c'est la franche rigolade. Pour comprendre la raison d'être des lectures voltairiennes du Président de la République, il faut rappeler le déplacement effectué cette semaine par ce dernier à Mohéli, à grands frais, avec tout ce que Moroni compte comme mangeurs à tous les râteliers, pique-assiettes et bouffons du Roi.
Cette razzia à Mohéli entre dans le cadre de l'inauguration d'une salle d'informatique au Lycée de Fomboni et à l'École primaire de Djoiezi, suivant le slogan «Connecter une école, connecter une communauté», slogan concocté par l'Union internationale des Télécommunications (UIT). N'exagérons pas: il s'agit de quelques coucous à inaugurer, mais il fallait faire les choses en grand, à la manière des sous-développés. Du coup, le Président devait ramener à Mohéli de nombreux Mohéliens qui travaillent à la Grande-Comore. Les places d'avion ayant été réservées, les problèmes n'ont pas tardé à se manifester. Les problèmes? Quels problèmes? Les problèmes ont commencé dès que les 3 Conseillers occultes djoieziens du Président, Aboubacar Ahamada, Abdou Madi Mari et l'increvable mammouth Soilihi Mohamed, ont manifesté leur volonté de ne pas voir à Mohéli ceux des Mohéliens qui n'avaient pas voté Ikililou Dhoinine dès le premier tour de l'élection présidentielle de 2010. Ah, les Djoieziens et leur rancune tenace!
Aboubacar Ahamada est déjà menacé de passage à tabac par de nombreux Djoieziens qu'il insupporte royalement. Abdou Madi Mari, homme fort des Rats des Comores à Mohéli, représentant du gouvernement fédéral sur l'île, n'avait pas hésité à pousser le zèle et la ferveur jusqu'à réclamer la décapitation des faux auteurs de la fausse tentative de coup d'État de la nuit du 19 au 20 avril 2013. Ce fervent adepte de la peine de mort, avait sévi à la tête du ministère de la Défense sous Azali Assoumani, et était en plein processus de fossilisation et momification politiques avant qu'Ikililou Dhoinine ne le sauve de son statut de dinosaure. Il faudra tout de même lui reconnaître un mot joyeux lors de son passage en France en juin 2013, alors qu'il était membre de la délégation présidentielle: «Faire de la politique aux Comores, aujourd'hui, est un exercice d'indignité et de mendicité réservé à ceux qui savent quémander. Nous sommes tous devenus des mendiants et des quémandeurs, nous avons perdu notre honneur et notre dignité, toutes choses qu'un homme tenant à son probité et à son indépendance ne saurait accepter».
Quant à tonton Soilihi Mohamed, on ne le présente plus. Député de la génération des Saïd Mohamed Cheikh, Prince Saïd Ibrahim, Mouzaoir Abdallah et autres Ahmed Abdallah et Mohamed Ahmed, pour ne citer qu'eux, c'est un homme sans âge, qui a traversé toutes les générations et tous les régimes politiques avec l'aisance d'une baleine dans l'eau, et qui tutoie et mange sur la même assiette avec tous les chefs d'État comoriens. Un homme qui sait vivre donc. Son bilan de plus de 60 ans de vie politique est un sujet tabou à Mohéli, et surtout à Djoiezi, où il règne en maître absolu. Par contre, son influence sur Ikililou Dhoinine est considérable et négative. Les relations pourries entre le Président Ikililou Dhoinine et le Vice-président Fouad Mohadji, c'est son «œuvre». Et à Djoiezi et ailleurs à Mohéli, il n'a pas que des partisans, amis et fans, tant s'en faut. Mohamed Ali Ridhoi, qui l'aime beaucoup, réclame ouvertement son départ à la retraite.
Donc, les trois Conseillers présidentiels sans doute les plus influents, même officieux et occultes, font la pluie et le mauvais temps, mais ne poussent pas leur copain dans la bonne direction.
Or, il est temps pour les fanatiques et extrémistes de Djoiezi de comprendre une réalité fondamentale: un voyage présidentiel hors de Moroni coûte très cher, même à l'intérieur des Comores: une indemnité de déplacement de 500.000 francs comoriens par jour passé hors de la capitale fédérale, et juste à Mohéli ou à Anjouan. Là, nous ne parlons pas de l'indemnité de 2 millions de francs comoriens par jour passé à l'étranger. Les ministres de l'Union et les Gouverneurs des îles sont également suspendus aux mamelles laiteuses de la République. La courtisanerie, aussi, coûte cher, surtout à un moment où tous les pique-assiettes et les bouffons du Roi veulent être de chaque déplacement du chef de l'État. Ça fait du monde à déplacer, à loger, à nourrir et à qui attribuer un «Tahlil», un mot réservé à la petite somme remise aux personnes psalmodiant le Coran pour le repos de l'âme d'un mort et signifiant désormais l'indemnité de déplacement d'une île à une autre. Le chef de la rubrique «Mohéli» de ce site dit sans rire que «bientôt, il y aura une indemnité de déplacement aux chiottes». Amen!
En réalité, au-delà de l'inauguration des deux salles informatiques, une réunion devait avoir lieu à Djoiezi pour cirer les chaussures déjà luisantes du Président de la République. Soilihi Mohamed et ses compagnons ont déjà préparé un discours, dominé par l'information suivante: «Excellence Monsieur le Président, avant vous, ce pays n'était rien, et après vous, il ne sera rien. Vous êtes un Ange envoyé par Allah pour éclairer notre pays et le conduire dans les sentiers du développement économique, social et institutionnel, une lumière pour briller au-dessus du pays et l'éclairer. Si nous pouvions, nous ferions en sorte que votre mandat éclairant et éclairé dure au-delà du 26 mai 2016, et nous le ferons». Or, ce n'est pas le type de discours qu'on tient devant des «ennemis sataniques et diaboliques». C'est l'une des raisons pour lesquelles Soilihi Mohamed et ses hommes ne veulent pas que, quand ils vont se prosterner devant le chef de l'État et cirer ses chaussures, on entende leur «prose verbale». On ne peut pas être ridicule devant n'importe qui, quand même. Il faut éviter les moqueries des Djoieziens, connus pour être mauvaises langues…
En attendant, à Poteau central, haut-lieu des intrigues politiciennes à Djoiezi, ça jase sec, et dès qu'on voit passer Soilihi Mohamed et ses compagnons, on se contente de hausser les épaules et la tête, de pouffer discrètement de rire et de cracher par terre. Les injures viennent, mais après l'éloignement des Conseillers occultes du Président. La prudence avant tout.
Lundi 30 décembre 2013, le Président de la République sera de retour à Moroni.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Samedi 29 décembre 2013.
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