L'heure de choix entre Mohamed Ali Soilihi, Azali Assoumani et Houmed Msaïdié. L'Islam interdit strictement la consommatio...
L'heure de choix entre Mohamed Ali Soilihi, Azali Assoumani et Houmed Msaïdié.
L'Islam interdit strictement la consommation de la viande et du sang du porc. Mais, sur l'île de Mohéli, où on a le sens de la formule, on dit que quand un Musulman doit se résoudre à consommer du porc, il doit au moins en choisir un qui en vaut la peine, un porc bien gras, un porc qui a de la chair bien comestible, le «porc halal», donc, au lieu d'un porc trop maigre et à la viande fade. Il va sans dire que le bon Hamada Madi Boléro, pragmatique et réaliste, connaît le proverbe sur la viande de porc. Et l'erreur de ses ennemis et adversaires politiques, c'est d'ignorer que le Directeur du Cabinet du Président chargé de la Défense ne s'occupe que des choses utiles et pratiques, comme son avenir politique au-delà du 26 mai 2016. Or, Hamada Madi Boléro a décidé de ne plus revivre la traversée du désert que lui avait imposée le régime politique de son meilleur ennemi intime, Ahmed Sambi, de 2006 à 2011, avant qu'Ikililou Dhoinine n'en fasse son premier collaborateur, le mercredi 10 octobre 2012.
Nous devons à la vérité de reconnaître que lors de l'élection présidentielle de 2010, «le Mohélien malin» avait dit que s'il n'était pas élu, il gouvernerait avec le Président qui serait choisi par le peuple comorien. En homme qui sait ménager l'avenir, au cours de sa campagne électorale sans argent, il s'est soigneusement abstenu de tout commentaire négatif sur ses 9 adversaires. Il ne s'est attaqué à personne, se contentant de dire ce qu'il voulait faire au cas où le peuple comorien allait lui accorder sa confiance. Dès le soir du 26 décembre 2010, il avait demandé à Ikililou Dhoinine d'abandonner tout discours revanchard et de se positionner en rassembleur, même si les pique-assiettes du Président élu faisaient de la surenchère extrémiste et fanatique digne de leur niveau mental. À Mohamed Saïd Fazul, il dit qu'il n'allait pas l'aider à faire ses requêtes pour faire annuler le scrutin, et il arriva en grande pompe à Paris en janvier 2011, «pour éviter le lourd climat politique des Comores pendant quelques semaines».
Cela étant, sa nomination à Beït-Salam le 10 octobre 2012 était inévitable, imposée par un faisceau d'indices concordants et solidairement liés. Comment faire passer la chose sur le plan politique, dans une «démocratie» sans démocrates, dans un pays où l'adversaire d'hier est tout juste bon à brûler sur le bûcher? La CRC, son parti, expliqua que durant sa mission auprès du Président de la République, il est en congé du parti. Mais, Ahmed Sambi et les crypto-sambistes estimèrent que cette nomination était tellement grave qu'ils rompirent avec Ikililou Dhoinine avec pertes et fracas. Comment des êtres humains peuvent-ils aller jusqu'à lancer une «Fetwa» à la Khomeiny excluant des sphères du pouvoir tout opposant? Intolérance et fanatisme d'extrémistes.
Mais, rapidement, Hamada Madi Boléro est rattrapé par la réalité car ses partisans et alliés aux Comores et en France crachent par terre avant de lancer sur le ton d'une colère froide: «Depuis que notre ami et chef Hamada Madi Boléro est nommé, il nous a oubliés. Il a changé de numéro de téléphone et ne nous a pas communiqué le nouveau. Il est injoignable. Quand l'un d'entre nous va le croiser quelque part à Moroni, instinctivement, il se colle son téléphone portable à l'oreille pour ne pas lui adresser la parole. On l'a même vu téléphoner dans un endroit de Hagnamoida où il n'y a jamais eu de réseau pour les portables».
Qu'on se dise la vérité. Est-ce que le bon Hamada Madi Boléro, membre de la CRC, qu'on classe dans l'opposition, peut critiquer le Président dont il est le premier collaborateur? Naturellement, non. Mais, rien ne l'empêche de rester en contact avec ses partisans et alliés, ne serait-ce que pour des raisons purement humaines, en limitant le champ des discussions aux sujets les moins sensibles. Mais, non!
Pendant que le «Mohélien malin» travaille sur son plan de carrière pour l'après-26 mai 2016, ses ennemis, nombreux à Beït-Salam et dans les Cabinets ministériels, fourbissent leurs armes. Sachant pertinemment que, sauf coup de théâtre, le Président Ikililou Dhoinine fera le choix du Vice-président Mohamed Ali Soilihi en 2016, les ennemis du Directeur du Cabinet présidentiel passent leur temps à chuchoter des paroles de haine et de fiel aux oreilles du grand argentier de l'État, pour le mettre en garde contre «l'intelligence et la roublardise du "Mohélien malin"». Ah oui? Mais, que disent-ils à Mohamed Ali Soilihi? «Monsieur le Vice-président, comment se fait-il que le gouvernement accepte de donner le sein à un serpent qui finira par le mordre un jour? Hamada Madi Boléro roule pour son ami Azali Assoumani. Il faudra le chasser de Beït-Salam tout de suite. Il n'est pas avec vous. Il ne vous aime pas».
Mais, Hamada Madi Boléro a son réseau d'informateurs, qui lui transmit l'information. En homme qui sait ce qu'il veut, il ne prit pas le téléphone et ne se rendit pas au bureau du Vice-président Mohamed Ali Soilihi, mais chez lui, dans son domicile familial, à Iconi. Et là, il se surpassa par un bel exercice de persuasion, un art dans lequel il excelle: «Monsieur le Vice-président, vous me connaissez, je vous connais, nous nous connaissons. En occupant le poste que j'occupe, je me suis fait plusieurs ennemis. Ils veulent ma tête et disent tout et n'importe quoi. Moi, soutenir le Colonel Azali Assoumani? Non! Non, je ne le ferais pas. Je roule à 100% pour vous, et le moment venu, vous aurez la preuve de ma loyauté envers le régime politique actuel. Il est encore prématuré pour faire des proclamations sur le candidat que je vais soutenir en 2016, mais ce candidat, ça sera vous». Faut-il sous-estimer un tel politicien?
Une fois de plus, force est de constater que, malgré son détachement et éloignement vis-à-vis de ses partisans, Hamada Madi Boléro enterrera politiquement nombre de ses adversaires qui ne veulent pas reconnaître en lui une capacité de conviction hors du commun. C'est la solidité de l'argumentation qui favorise la persuasion car, comme l'avait soutenu Marcus TilliusCicero (Cicéron, 106-43 avant Jésus-Christ), la capacité de persuasion se ramène à trois mots: «Plaire, émouvoir et convaincre». Chaque fois que ses adversaires commettront l'erreur de le sous-estimer, Hamada Madi Boléro dansera au-dessus de leur tombe politique. On peut lui reprocher un tas de choses, mais cet homme a de la repartie. Tout observateur sérieux de la vie politique comorienne sait qu'en 2016, il sera aux côtés de celui qui sera élu Président de la République. Un seul homme est en mesure de l'en empêcher: Ahmed Sambi. Mais, ce dernier, malgré ses milliards de francs et ses millions de dollars et d'euros à l'étranger, ne fera pas le scrutin présidentiel de 2016, mais le subira.
Dans l'état actuel des choses, le CRCien Hamada Madi Boléro sait que l'élection de 2016 est un scrutin très ouvert et que le gagnant n'est pas facile à nommer pour l'instant. En même temps, il ne se fait pas des illusions excessives sur les chances qu'a Azali Assoumani pour être le prochain Président des Comores. Et puis, il y a aussi Houmed Msaïdié, qui est resté son ami. Va-t-il nous dire: «Je ne peux pas choisir entre Houmed Msaïdié et Azali Assoumani, qui me sont tous deux très chers. C'est la raison pour laquelle, pour ne pas fâcher mes deux frères, je dois soutenir le Vice-président Mohamed Ali Soilihi. Il n'empêche: ma famille politique reste la CRC, et si l'un de mes frères du parti est élu, nous arrangerons les choses en famille, car le linge sale se lave en famille»?
Attendons, et nous verrons. En tout état de cause, Hamada Madi Boléro n'a pas encore dit son dernier mot dans l'affaire. Il ne le dira que quand il sera temps de le dire, et ça ne sera ni avant, ni après le bon moment. Il est certain que notre homme, face à un cochon bien gras, ne fera pas le choix d'un cochon qui n'a que des os et de la viande sans goût.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Vendredi 27 décembre 2013.