Après l’échec sud-africain d’Ahmed Sambi, le crypto-sambisme est en petite tenue. Ses adversaires et ses ennemis politiques – il en a be...
Après l’échec sud-africain d’Ahmed Sambi, le crypto-sambisme est en petite tenue.
Ses adversaires et ses ennemis politiques – il en a beaucoup, surtout au sein de son propre parti politique – disent de ce brillant politicien français qu’il aime tellement sa propre image qu’il va au supermarché s’admirer sur les écrans de vidéosurveillance. Enfin…, c’est ce que prétend la rumeur amplifiée par lesdits ennemis et adversaires politiques. Or, le Comorien n’a nullement besoin d’aller en France pour tomber sur ce genre de phénomène, puisque chez lui, aux Comores, ce ne sont pas les narcissiques qui manquent. Ahmed Sambi est le premier d’entre eux, et depuis longtemps le bon sens et la rationalité le fuient dès qu’ils le voient de loin. Son naufrage sud-africain du 10 décembre 2013 est venu siphonner et achever le peu de crédibilité politique qui lui restait après tout le mal qu’il a fait au pays. Tout commença dès que fut annoncée la nouvelle sur le décès du Président Nelson Mandela, le 5 décembre 2013. Vantard comme il est, il ne pouvait rater l’occasion d’aller plastronner à Soweto, devant les vrais hommes d’État. Il ne disposait d’aucun titre officiel pour y être, et répugnait à demander à Ikililou Dhoinine de lui accorder la faveur de l’inclure dans la délégation officielle.
Pourtant, c’est grâce à Ikililou Dhoinine et à Hamada Madi Boléro qu’il a pu accéder au Stade de Soweto. Pour autant, ce proche d’Ahmed Sambi m’appela en pleine nuit ce mercredi 11 décembre 2013 pour essayer d’attribuer le beau rôle à son champion auprès du site qui a raconté l’échec cuisant de ce dernier à Soweto, arguant du fait que son type était l’invité du Président Jakaya Kikwete de Tanzanie, avec qui il a pu adresser la parole à Barack Obama et à François Hollande. Prenant le ton qu’on adopte pour annoncer l’arrivée du Messie, notre homme lança: «D’ailleurs, les photos de la rencontre ont commencé à circuler sur Internet, notamment sur notre site et notre blog».
L’argument est complètement nase, et j’ai tenu à le lui dire sans prendre des gants: «Tout ce que tu dis, c’est du baratin. Jakaya Kikwete ne dirige pas l’Afrique du Sud et n’est pas chez lui en Afrique du Sud. On n’invite pas les gens chez autrui, et quand, en 1995, tout de suite après son élection et au cours de son premier voyage de chef d’État en Afrique, Jacques Chirac voulait recevoir des Présidents africains au Sénégal, Alpha Oumar Konaré du Mali avait décliné l’invitation. Donc, si Jakaya Kikwete était sincère avec Ahmed Sambi, il l’aurait inclus dans la délégation tanzanienne au lieu de le laisser dans les couloirs de l’hôtel à Johannesburg, priant pour qu’Ikililou Dhoinine daigne lui sauver la vie et l’honneur. Où était Jakaya Kikwete en ce moment-là? Moi, qui ne suis rien, ni personne, quand j’étais journaliste pigiste dans un grand magazine panafricain, j’ai vu défiler devant moi plus de 45 chefs d’État, des Premiers ministres et des ministres, et je ne me suis jamais fait photographier à leurs côtés. C’est enfantin, et Ahmed Sambi n’a pas à se faire photographier aux côtés des chefs d’État pour fanfaronner car c’est indigne d’un adulte. Il se fait photographier aux côtés de François Hollande et de Barack Obama, mais pour quoi faire? C’est bidon. En plus, ce n’est même pas en privé, mais en public, par le hasard d’une rencontre provoquée. Ça ne vaut rien. Le 10 décembre 2013, sans Ikililou Dhoinine et Hamada Madi Boléro, il était fini».
Ce 10 décembre 2013, en devenant pour quelques heures le ministre d’Ikililou Dhoinine, Ahmed Sambi, notre paparazzo (de l’italien «moustique bruyant») national, a beaucoup gêné son chef, qui avait honte de le voir se servir de son appareil photo comme un gamin d’un jouet neuf. On dirait l’Ambassadeur-Dieu Ali Saïd Mdahoma, le paparazzo de Bruxelles, convaincu que pour exister, il faut se faire photographier aux côtés des chefs d’État. Déjà en septembre 2006, Hamada Madi Boléro disait: «En matière de diplomatie, Ahmed Sambi est un danger pour les Comores. Sur les photos officielles, on le voit toujours en train de chuchoter aux oreilles des chefs d’État pour solliciter des audiences. C’est très grave, indécent et malsain».
Depuis que ce site a parlé de son naufrage à Soweto, les crypto-sambistes sont sur les dents. À Moroni, où ils ont été appelés à s’expliquer sur la gêne occasionnée par la présence non souhaitée de leur chef à Soweto ce 10 décembre 2013, ils ont fui en rasant les murs. Il va sans dire que quelques photos n’arriveront pas à atténuer le scandale. Après enquête, il s’avéra que dès qu’il apprit la mort de Nelson Mandela, il appela ses aboyeurs et hurleurs pour s’enquérir sur la conduite à suivre, oubliant qu’aucun d’entre eux ne maîtrise les arcanes de la diplomatie. C’est ainsi que ces amateurs lui dirent qu’il pouvait ramener sa poire à Soweto sans formalités. Ahmed Ben Saïd Jaffar, son premier ministre des Relations extérieures (2006-2010), y joua un rôle de premier ordre, alors que personne ne lui connaît et reconnaît une expertise en diplomatie. Quand il comprit que son équipée de Soweto fait la une de la blogosphère comorienne contre lui, Ahmed Sambi a passé son temps à gronder et à hurler au téléphone contre ses hommes, mais il oublie de s’en prendre à lui-même.
Aujourd’hui, les crypto-sambistes parlent d’un «entretien informel d’une vingtaine de minutes entre l’ancien Président Ahmed Abdallah Sambi et le Président français François Hollande et son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius», mais quand on regarde bien les images, François Hollande ne lui accorde aucun intérêt. Il fait comme si le paparazzo n’existait pas. Les mêmes crypto-sambistes disent que ces entretiens de couloirs, qui n’ont pas de signification politique, font hurler Hamada Madi Boléro, mais font dans l’affabulation. Quand on interroge le Directeur de Cabinet du Président chargé de la Défense, il répond: «Ça me fait une belle jambe. Comme je suis loin de toutes ces gamineries! Sans le chef de l’État et moi-même, Ahmed Sambi était un homme foutu. Nous avons agi dans l’intérêt du pays et pour ne pas l’enfoncer dans la honte et le ridicule. Qu’il se fasse photographier en public avec des chef d’État pour aller nourrir sa propagande est son seul souci, mais cela reste un état d’esprit de gamin capricieux et non celui d’un homme d’État. Un peu de retenue et de dignité ne lui ferait pas de mal. Et en plus, on dit que je suis son ami, alors que si les siens et lui-même en avaient l’occasion, il y a longtemps qu’ils m’auraient tué 7 fois comme un chat».
En effet, la haine d’Ahmed Sambi et des crypto-sambistes est tellement profonde qu’elle remonte à 2010, quand Hamada Madi Boléro a été à la tête de ceux qui ont empêché notre paparazzo à rester à Beït-Salam ad vitam æternam. Et quand Ikililou Dhoinine a nommé en 2012 Hamada Madi Boléro pour diriger son Cabinet et le système de Défense des Comores, la haine devint détestation brute. Mais, il oublie que depuis l’instauration de la présidence tournante par la Constitution de 2001, les adversaires politiques se réconcilient sur ce poste: Azali Assoumani avait nommé à cette fonction son opposant grand-comorien, après Hamada Madi Boléro, et Ahmed Sambi lui-même y avait nommé le Mutsamuduen Mohamed Bacar Dossar qui, au premier tour de l’élection présidentielle de 2006, avait soutenu Caabi El Yachouroutu, et au second Ibrahim Halidi, avant de devenir le visage du crypto-sambisme. Pourquoi donc Ikililou Dhoinine n’aurait pas le droit d’y nommer Hamada Madi Boléro, à un moment où le même Ahmed Sambi s’est allié à son ancien ennemi Mohamed Saïd Fazul, devenu le Conseiller du Vice-président Fouad Mohadji, auquel il était s’opposé en 2010 via Ikililou Dhoinine? Que Sambi et les crypto-sambistes arrêtent donc la comédie et avouent les raisons de leur haine envers Hamada Madi Boléro. Ils doivent cesser de prendre les Comoriens pour des tarés, en remuant devant eux une haine qui ne les intéresse pas.
Aujourd’hui, le paparazzo Ahmed Sambi, notre épine empoisonnée nationale, a effectué le voyage de trop. Il en paie politiquement et médiatiquement le prix, à la suite du naufrage de Soweto. Mais, il n’est pas homme à tirer les leçons de ses échecs. Il se croit trop grand pour ça. En tout état de cause, ses propagandistes se déchaînent pour sauver les apparences par des photos qu’il a fait prendre aux côtés des chefs d’État étrangers, et les Comoriens s’en foutent. Ses photos ont été prises à un moment où même le traducteur des discours en langage des signes pour sourds-muets (voir la photo en haut) aux côtés de Barack Obama et des autres chefs d’État s’est avéré être un imposteur. Et un imposteur peut en cacher un autre.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Jeudi 12 décembre 2013.