Le marché de l'automobile est en crise depuis des mois à Mayotte avec une redistribution des cartes au niveau des concessionnaires et de...
Le marché de l'automobile est en crise depuis des mois à Mayotte avec une redistribution des cartes au niveau des concessionnaires et des marques mais aussi des organismes de crédit. Les prêts sont de moins en moins accessibles, les banques ne jouent pas le jeu et une nouvelle formule d'achat s'est mise en place, la LOA. Et ce n'est pas forcément la plus rentable. La vie chère touche aussi le secteur qui croule sous le poids des taxes, mais aussi sous celui des intérêts…
Il semble bien loin le temps où 1500 véhicules neufs se vendaient chaque année à Mayotte. Désormais, ce sont les ventes d'occasions qui tiennent le haut du pavé et représentent plus de 60% des immatriculations. Les concessions automobiles en souffrent et la SMCI qui était hier l'un des fleurons de l'économie mahoraise n'est plus que l'ombre d'elle-même. Mais la crise n'est pas responsable de tout. Les taxes imposées par le conseil général font en sorte que la valeur Europe est multipliée par 2 à l'arrivée sur le département. Avec un point de départ à 30%, sans compter la redevance sur marchandises etc, plus la marge revendeur, il n'est donc pas étonnant de voir le Dacia Duster, pourtant le 4X4 le moins cher du marché, être proposé à 11 900 euros en métropole et bien au delà des 20 000 sur l'île au lagon. Malheureusement, ce n'est pas l'octroi de mer qui devrait changer grand chose puisqu'il a été décidé que le nouveau modèle fiscal serait calqué sur l'ancien afin de ne pas déstabiliser l'économie et surtout les collectivités locales déjà en grandes difficultés.
Au 1er janvier 2014, il n'y aura pas de surprises et le secteur sera toujours aussi saturé. Mais pourquoi enregistre-t-on une telle baisse des ventes ? Il y a plusieurs raisons. Tout d'abord l'emploi qui est de plus en plus précaires. Les entreprises ne voient toujours revenir le grand bleu et les investissements sont gelés voire réduits. Les salariés quant à eux hésitent à changer de véhicule, car il s'agit d'un effort conséquent qui peut mettre en danger le budget des ménages à une heure où la fiscalité de droit commun va ratisser large, voire très large.
Mais il y a une autre raison et celle-ci est bien plus pernicieuse. “Les banques mettent des mois à répondre aux demandes de crédits et bien souvent ne répondent même jamais” explique un vendeur de voitures. Les banquiers confirment que la conjoncture n'est pas la meilleure et en off, il est détaillé que ce sont les sièges à La Réunion qui décident d'accorder ou non les emprunts. “Ils traînent des pieds, ils n'ont pas confiance dans l'économie mahoraise parce qu'il y a eu beaucoup de crédits dits toxiques qui se sont révélés avec la crise”…
Avec cette logique implacable, seuls les plus gros, les plus forts peuvent solliciter les guichets, les autres devront attendre. Pourtant, auparavant, il était possible de contracter un prêt auprès d'un organisme de crédit. Il suffisait de contacter la Sorefi qui était basée résidence Maharadja à Kawéni et les dossiers passaient sans trop de problèmes. Or, la Sorefi a elle aussi fait les frais de la crise et des crédits dits toxiques où des nombreux acquéreurs n'ont pu financer jusqu'au bout, ont laminé l'organisme. Les véhicules ont donc été repris et ils ne se sont pas écoulés comme prévu, le marché de l'occasion étant déjà saturé. Le prêteur a donc mis la clef sous la porte et a quitté fissa le territoire. Depuis, hormis les banques elles-mêmes, il n'y a plus de possibilité d'obtenir un financement. Pire, ceux qui sont passés hier par la Sorefi et arrivent en bout de remboursement ont la possibilité de racheter le véhicule pour une dernière échéance symbolique signifiant l'option d'achat. Ensuite, la carte grise doit changer de propriétaire et pour se faire, il faut l'envoyer à La Réunion au siège de la Sorefi. La gymnastique semble stupide, c'est pourtant la figure imposée. Pour essayer de passer outre tous ces obstacles, les concessionnaires ont donc tenté de trouver des solutions et la principale qui est proposée aujourd'hui est la LOA (Location avec Option d'Achat).
C'est une forme de prêt déguisé qui a le mérite de fonctionner et de ne pas complétement dépendre des banques. Nombreux sont les taximen, les entrepreneurs et même les particuliers à choisir le dispositif, n'ayant pas le temps d'attendre un quitus bancaire qui prendra des mois et qui pourra de toute façon se solder par un refus catégorique.
Une demande de devis a ainsi été déposée par une entreprise auprès d'un revendeur local pour un minibus 9 places d'une valeur concession de 36 000 euros. Entreprise dont le bilan 2012 était bénéficiaire et qui présentait une bonne situation financière et de satisfaisants prévisionnels 2013. Une première offre de la concession est tombée à 30 000 euros si l'acheteur trouvait le financement. Ce qui n'a pas été le cas, les banques ont en effet examiné la demande, estimant quelle tenait effectivement la route et réunissait toutes les garanties. Seulement, l'accord n'est jamais tombé. Le vendeur a donc proposé la location longue durée, mais avec une drôle de méthode. Un apport obligatoire de 15 000 euros a été exigé, avec une mensualité de 1000 euros pour une durée de 24 mois ou 840 euros pour une durée de 36 mois.
La 1ère formule était intéressante, mis à part le fait que la société devait se déshabiller de 15 000 de trésorerie. Au total, le minibus revenait donc à 39 000 euros pour une valeur initiale proposée de 30 000 euros. La seconde offre quant à elle relève du scandale et de l'usure qui est strictement interdite. Car 840 x 36 mois font 30 240 euros. Avec les 15 000 euros d'apport, la note s'élève donc à 45 240 euros pour une valeur initiale proposée de 30 000 euros. Ce qui fait un taux d'intérêt tournant aux alentours de 50%.
Le marché de l'automobile se porte donc mal, pour ne pas dire très mal, les banques sont très certainement responsables, en tout cas en partie, mais les concessions aussi. Car le cas n'est pas isolé, la rédaction de France Mayotte a été contactée pour 18 dossiers au total, ce qui a d'ailleurs motivé la production de cet article. En attendant, il est permis de se poser une question. Comment est-il possible que sur un département français il n'y ait aucun organisme de crédit indépendant des banques, comme l'était la Sorefi autrefois ?
Qu'est-ce que l'usure ?
L'usure désigne l'intérêt d'un prêt au taux abusif. Or, chaque trimestre, la Banque de France collecte auprès d’un large échantillon d’établissements de crédit les taux effectifs moyens pratiqués des différentes catégories de prêts pour lesquelles sont calculés les seuils de l’usure. Ces taux, augmentés d’un tiers, établissent les seuils de l’usure correspondants. Les seuils de l’usure sont publiés sous la forme d’un avis au Journal officiel de la République française (JORF) à la fin de chaque trimestre pour le trimestre suivant.
Ainsi, pour les prêts accordés aux personnes physiques agissant pour leurs besoins professionnels et aux personnes morales ayant une activité industrielle, commerciale, artisanale, agricole ou professionnelle non commerciale, le taux d'usure au 1er octobre 2013 est 13,28%.
Pour les prêts aux personnes morales n'ayant pas d'activité industrielle, commerciale, artisanale, agricole ou professionnelle non commerciale le taux d'usure est :
Pour les prêts consentis en vue d'achats ou de ventes à tempérament : 7,96%
Pour les prêts d'une durée initiale supérieure à deux ans, à taux variable : 3,75%
Pour les prêts d'une durée initiale supérieure à deux ans, à taux fixe : 4,77%
découverts en compte : 13,28%
Pour les autres prêts d'une durée initiale inférieure ou égale à deux ans : 4,41%
Source : France Mayotte matin
Il semble bien loin le temps où 1500 véhicules neufs se vendaient chaque année à Mayotte. Désormais, ce sont les ventes d'occasions qui tiennent le haut du pavé et représentent plus de 60% des immatriculations. Les concessions automobiles en souffrent et la SMCI qui était hier l'un des fleurons de l'économie mahoraise n'est plus que l'ombre d'elle-même. Mais la crise n'est pas responsable de tout. Les taxes imposées par le conseil général font en sorte que la valeur Europe est multipliée par 2 à l'arrivée sur le département. Avec un point de départ à 30%, sans compter la redevance sur marchandises etc, plus la marge revendeur, il n'est donc pas étonnant de voir le Dacia Duster, pourtant le 4X4 le moins cher du marché, être proposé à 11 900 euros en métropole et bien au delà des 20 000 sur l'île au lagon. Malheureusement, ce n'est pas l'octroi de mer qui devrait changer grand chose puisqu'il a été décidé que le nouveau modèle fiscal serait calqué sur l'ancien afin de ne pas déstabiliser l'économie et surtout les collectivités locales déjà en grandes difficultés.
Au 1er janvier 2014, il n'y aura pas de surprises et le secteur sera toujours aussi saturé. Mais pourquoi enregistre-t-on une telle baisse des ventes ? Il y a plusieurs raisons. Tout d'abord l'emploi qui est de plus en plus précaires. Les entreprises ne voient toujours revenir le grand bleu et les investissements sont gelés voire réduits. Les salariés quant à eux hésitent à changer de véhicule, car il s'agit d'un effort conséquent qui peut mettre en danger le budget des ménages à une heure où la fiscalité de droit commun va ratisser large, voire très large.
Mais il y a une autre raison et celle-ci est bien plus pernicieuse. “Les banques mettent des mois à répondre aux demandes de crédits et bien souvent ne répondent même jamais” explique un vendeur de voitures. Les banquiers confirment que la conjoncture n'est pas la meilleure et en off, il est détaillé que ce sont les sièges à La Réunion qui décident d'accorder ou non les emprunts. “Ils traînent des pieds, ils n'ont pas confiance dans l'économie mahoraise parce qu'il y a eu beaucoup de crédits dits toxiques qui se sont révélés avec la crise”…
Avec cette logique implacable, seuls les plus gros, les plus forts peuvent solliciter les guichets, les autres devront attendre. Pourtant, auparavant, il était possible de contracter un prêt auprès d'un organisme de crédit. Il suffisait de contacter la Sorefi qui était basée résidence Maharadja à Kawéni et les dossiers passaient sans trop de problèmes. Or, la Sorefi a elle aussi fait les frais de la crise et des crédits dits toxiques où des nombreux acquéreurs n'ont pu financer jusqu'au bout, ont laminé l'organisme. Les véhicules ont donc été repris et ils ne se sont pas écoulés comme prévu, le marché de l'occasion étant déjà saturé. Le prêteur a donc mis la clef sous la porte et a quitté fissa le territoire. Depuis, hormis les banques elles-mêmes, il n'y a plus de possibilité d'obtenir un financement. Pire, ceux qui sont passés hier par la Sorefi et arrivent en bout de remboursement ont la possibilité de racheter le véhicule pour une dernière échéance symbolique signifiant l'option d'achat. Ensuite, la carte grise doit changer de propriétaire et pour se faire, il faut l'envoyer à La Réunion au siège de la Sorefi. La gymnastique semble stupide, c'est pourtant la figure imposée. Pour essayer de passer outre tous ces obstacles, les concessionnaires ont donc tenté de trouver des solutions et la principale qui est proposée aujourd'hui est la LOA (Location avec Option d'Achat).
C'est une forme de prêt déguisé qui a le mérite de fonctionner et de ne pas complétement dépendre des banques. Nombreux sont les taximen, les entrepreneurs et même les particuliers à choisir le dispositif, n'ayant pas le temps d'attendre un quitus bancaire qui prendra des mois et qui pourra de toute façon se solder par un refus catégorique.
Une demande de devis a ainsi été déposée par une entreprise auprès d'un revendeur local pour un minibus 9 places d'une valeur concession de 36 000 euros. Entreprise dont le bilan 2012 était bénéficiaire et qui présentait une bonne situation financière et de satisfaisants prévisionnels 2013. Une première offre de la concession est tombée à 30 000 euros si l'acheteur trouvait le financement. Ce qui n'a pas été le cas, les banques ont en effet examiné la demande, estimant quelle tenait effectivement la route et réunissait toutes les garanties. Seulement, l'accord n'est jamais tombé. Le vendeur a donc proposé la location longue durée, mais avec une drôle de méthode. Un apport obligatoire de 15 000 euros a été exigé, avec une mensualité de 1000 euros pour une durée de 24 mois ou 840 euros pour une durée de 36 mois.
La 1ère formule était intéressante, mis à part le fait que la société devait se déshabiller de 15 000 de trésorerie. Au total, le minibus revenait donc à 39 000 euros pour une valeur initiale proposée de 30 000 euros. La seconde offre quant à elle relève du scandale et de l'usure qui est strictement interdite. Car 840 x 36 mois font 30 240 euros. Avec les 15 000 euros d'apport, la note s'élève donc à 45 240 euros pour une valeur initiale proposée de 30 000 euros. Ce qui fait un taux d'intérêt tournant aux alentours de 50%.
Le marché de l'automobile se porte donc mal, pour ne pas dire très mal, les banques sont très certainement responsables, en tout cas en partie, mais les concessions aussi. Car le cas n'est pas isolé, la rédaction de France Mayotte a été contactée pour 18 dossiers au total, ce qui a d'ailleurs motivé la production de cet article. En attendant, il est permis de se poser une question. Comment est-il possible que sur un département français il n'y ait aucun organisme de crédit indépendant des banques, comme l'était la Sorefi autrefois ?
Qu'est-ce que l'usure ?
L'usure désigne l'intérêt d'un prêt au taux abusif. Or, chaque trimestre, la Banque de France collecte auprès d’un large échantillon d’établissements de crédit les taux effectifs moyens pratiqués des différentes catégories de prêts pour lesquelles sont calculés les seuils de l’usure. Ces taux, augmentés d’un tiers, établissent les seuils de l’usure correspondants. Les seuils de l’usure sont publiés sous la forme d’un avis au Journal officiel de la République française (JORF) à la fin de chaque trimestre pour le trimestre suivant.
Ainsi, pour les prêts accordés aux personnes physiques agissant pour leurs besoins professionnels et aux personnes morales ayant une activité industrielle, commerciale, artisanale, agricole ou professionnelle non commerciale, le taux d'usure au 1er octobre 2013 est 13,28%.
Pour les prêts aux personnes morales n'ayant pas d'activité industrielle, commerciale, artisanale, agricole ou professionnelle non commerciale le taux d'usure est :
Pour les prêts consentis en vue d'achats ou de ventes à tempérament : 7,96%
Pour les prêts d'une durée initiale supérieure à deux ans, à taux variable : 3,75%
Pour les prêts d'une durée initiale supérieure à deux ans, à taux fixe : 4,77%
découverts en compte : 13,28%
Pour les autres prêts d'une durée initiale inférieure ou égale à deux ans : 4,41%
Source : France Mayotte matin