Marche contre la corruption et l’impunité, et interpellations des responsables. Les Comoriens sincères aimeraient tant connaître la mou...
Marche contre la corruption et l’impunité, et interpellations des responsables.
Les Comoriens sincères aimeraient tant connaître la mouche qui a piqué les autorités du pays lors de la Marche contre la Corruption et l’Impunité, ce mardi 12 novembre 2013. Alors que le chef de l’État a décrété la lutte contre la Corruption, en mettant en place une Commission nationale de Lutte Anticorruption mort-née, qui ne peut même pas lutter contre sa propre corruption et ses propres corrompus, on aurait tant aimé voir les autorités nationales défiler ce mardi 12 novembre 2013 contre les deux mamelles et fléaux des institutions publiques comoriennes que sont la corruption et l’impunité. Mais, on ne les a pas vues, alors que c’est le Président de la République, dans un geste à la Thomas Sankara, qui aurait dû être à la tête de la procession contre les deux plus grands maux du pays. On se demande aussi où étaient les membres de la Commission de lutte contre la Corruption, qui y ont brillé par leur absence. C’est leur façon à eux de dire qu’ils se fichaient de la lutte contre la corruption comme de...
leur premier franc mal acquis.
Le Député Abdoulfatah Saïd Mohamed faisait partie des Marcheurs, et cela n’est pas passé inaperçu. Lui au moins, à la différence des autres autorités des Comores, sait occuper le terrain médiatique et n’est pas coupé des réalités du peuple, qui se débat dans une effroyable misère, pendant que le chef de l’État et ses complices sont de plus en plus fessus, joufflus, ventrus, adipeux, gros et gras, au point de cacher leurs corps déformés et difformes dans des boubous de la honte. Le peuple fait dans le cache-misère, et les corrompus dans le cache-biens mal acquis. C’est la vie.
Au cours de cette Marche, qui a mobilisé à peu près 300 personnes, l’ancien Procureur de la République Mohamed Ousseine n’a pas été tendre envers les institutions, pointant du doigt le chef de l’État lui-même, puisque c’est ce dernier qui procède aux nominations, mais surtout en versant de l’acide sur le Procureur général Soilihi Mahmoud, le pire des mauvais garçons du système judiciaire comorien. Il dit avoir des preuves accablantes contre lui, des preuves expliquant la nature et l’étendue des dégâts commis par l’indélicat Procureur général sans formation judiciaire et qui s’acharne à s’inviter dans un système judiciaire complètement malade et corrompu.
D’après un des organisateurs de la Marche, «soit Soilihi Mahmoud porte plainte contre Mohamed Ousseine pour diffamation, et il va se faire tuer dans un tribunal où seront étalées toutes les preuves de son système mafieux, soit il se tait et il accrédite les lourdes accusations portées contre lui. Dans un cas comme dans un autre, c’est un homme honni et détesté qui est mis à l’index, dans un désaveu qui dépasse de très loin le vomissement d’Abou Achirafi Ali Bacar par les Comoriens, car on sait que ce dernier est aujourd’hui au garage. Le sentiment qui prédomine est celui d’un Soilihi Mahmoud nommé par son frère mohélien, Ikililou Dhoinine, pour étouffer les nombreux scandales du chef de l’État et de son entourage mafieux. Nous ne devons pas perdre de vue le fait qu’au cours de la Marche, des banderoles portent le nom de “Sako”, et “Sako” est le surnom que porte Soilihi Mahmoud depuis son enfance à Fomboni, sur l’île de Mohéli».
Étrange dilemme donc dans lequel se trouve plongé jusqu’au cou Soilihi Mahmoud, qui ne peut ni parler pour se défendre, ni se taire. Il est acculé comme un rat car il n’a aucune marge de manœuvre face au déferlement d’accusations de corruption et d’obstruction de la «Justice». C’est quand même grave qu’un homme cristallise à ce point toutes les dérives d’un système judiciaire en perdition. Mais, une fois de plus, le sentiment qui prévaut dans les rues de Moroni est celui de l’absence d’État. Il n’y a même pas un semblant d’État aux Comores aujourd’hui. Les Comores sont devenues synonymes de Somalie, Somaliland et Puntland. C’est la jungle.
Les Comoriens qui ont défilé à Moroni ce mardi 12 novembre 2013 savent que c’est leur présent et leur avenir qui se jouent et que ceux-ci sont en de très mauvaises mains, celles d’un chef d’État corrompu et incompétent, celles d’un entourage présidentiel lui aussi incompétent et corrompu, et celles d’une «Justice» également incompétente et corrompue. Ce qui est écrit sur les banderoles en dit long sur ce désespoir et cette colère des Marcheurs: «La corruption et l’impunité ne sont pas une fatalité», «La corruption hypothèque l’avenir de notre jeunesse» (pas l’avenir seulement, et elle n’affecte pas que la jeunesse), «L’impunité fait le lit de la corruption», «Y en a marre de la corruption», «Justice sans Sako» (…).
Dans le flot de discours, on retiendra les bons mots du rappeur Cheikh MC, qui dit être le porte-parole de la majorité silencieuse des Comoriens: «La Justice est corrompue. Des magistrats sont corrompus… Le chef de l’État étant le premier magistrat, il doit vite réagir pour ne pas s’en rendre complice». Comme pour se situer dans l’air du temps, celui des appels à l’insurrection populaire et au renversement du Président, Cheikh MC martèle: «Aujourd’hui, on manifeste pacifiquement. Mais sachez que nous ne tarderons pas à manifester notre colère de façon agressive. On entend aujourd’hui des anciens corrompus venir nous faire la leçon mais on n’est pas dupe. On sait très bien que lorsqu’ils reviendront au pouvoir, ils feront encore pire». Tout ça relève de la vérité car les Comores sont devenues la patrie des faux repentis, qui ne veulent même pas se repentir.
C’est quand même sale de voir les mêmes qui tuent le peuple depuis des années revenir sur la scène politique avec prétendument la volonté de redresser une barre qu’ils ont eux-mêmes pliée. C’est honteux. Les vendeurs de la République veulent revenir au pouvoir pour vendre les Comoriens eux-mêmes. Pourquoi ne restent-ils pas chez eux et consommer l’objet de leurs crimes contre l’humanité comorienne?
Aujourd’hui, il est difficile de savoir comment le difficile combat contre l’impunité et la corruption finira. En même temps, de l’avis des organisateurs de la Marche du mardi 12 novembre 2013, les Comoriens doivent rester mobilisés, et c’est le message que délivre Saleh Assoumani: «Il faut intensifier la lutte car c’est l’argent du peuple qui est dilapidé». En réalité, il y a pire que ça. En effet, les Comoriens doivent se demander comment quelques individus qui sont nés dans des huttes et tipis de Peaux-Rouges d’Amérique du Nord style XIXème siècle peuvent se construire des villas de 20 pièces en deux ou trois mois.
Et les immenses et innombrables terrains achetés à Mohéli, soit plus de la moitié de la superficie de l’île? Et les plantations d’ylang-ylang? Ces voleurs et voleuses se passent de toute discrétion, et c’est ce qui causera leur perte. Comme l’a dit ce Djoiezien du Val-de-Marne, en France, «Dieu fasse que demain, on reprenne à ces voleurs et à ces voleuses sans éducation tous les biens qu’ils ont mal acquis. Pour voir cela arriver, nous serons peut-être poussés à vendre notre âme au Diable et à nous allier à Satan, mais il faut que cela arrive». Avant tout, la Justice. La Justice, avant tout… Que celui qui n’a pas volé l’argent de l’État, et donc du peuple comorien, ne se sente pas visé.
Par ARM
