En cette fin de semaine , il conviendrait sans doute -ici ou sur quelque espace interné-tique comorien que ce soit- de succomber aux se...
En cette fin de semaine , il conviendrait sans doute -ici ou sur quelque espace interné-tique comorien que ce soit- de succomber aux sempiternels « nos femmes sont belles, regardez comme elles sont instruites et créatives , regardez comment nous hommes comoriens sommes respectueux et aimants à leurs égards, etc...». Pour une fois, mettons de côté cette sublimation de soi, ce narcissisme communautaire que nous aimons tant pratiquer.
Étant d'esprit rabat-joie, j'aimerais aborder une question qui me triture l'esprit depuis quelques temps, à savoir le mariage forcé dans notre communauté.
Cette pratique, loin de s'éteindre, prospère dans nos rangs et fait de sérieux ravages chez nos sœurs et nos amies. Les victimes sont recouvertes d'un voile pudique au nom de l'image que nous voudrions donner de nous-mêmes; celle d'une communauté sage et intégrée au sein de laquelle , il n'y a rien à voir , rien à questionner.
Dès qu'une voix s'élève pour aborder ce sujet, une armée d'intellectuels et de formistes du web se dresse pour relativiser le nombre de cas, pour minimiser l'atteinte faite à la dignité des victimes, pour se perdre en arguties sur les termes du débat. En somme, tout est fait pour noyer l'essentiel dans l'accessoire. L'essentiel étant que de nombreuses jeunes filles comoriennes vivant en France sont contraintes de prendre pour époux des inconnus que leurs parents ont choisi pour elles.
Il est vrai nos sœurs et nos amies ne sont pas du genre à porter plainte, à témoigner à la télévision du harcèlement familial dont elles font l'objet pour accepter un mariage non voulu. Mais ce n'est pas parce qu'un problème n'est pas mis sur la table médiatique qu'il n'existe pas.
Sans oublier que ce qui était vrai jusqu'ici ne le sera plus dans un futur proche. Ainsi, le silence que les victimes s'imposent et le souci certain de préserver l'honneur de la famille et de la communauté sont des «valeurs» en voie de disparition. En somme, les jeunes Comoriennes ne voudront plus, ne veulent déjà plus être spectatrices de leurs propres vies.
Il convient donc d'agir, de militer contre le mariage forcé dans notre communauté. N'attendons pas le jour inéluctable où nous ferons la une des journaux à l'occasion d'un tragique fait-divers. N'attendons pas ce jour où une des nôtres aura tiré la sonnette d'alarme en commettant un acte malheureux pour nous poser des questions sur les mariages contraints au sein de notre diaspora.
Il est aisé de constater, à moins d'être aveugle et sourd que, un nombre croissant de jeunes filles d'origine comorienne vivant en France ont une relation de plus en plus critique envers l'archipel si cher à leurs parents.
Cette tension -que tente de recouvrir une fierté d'être comorienne clamée benoitement et sans conviction- est souvent due aux stratégies matrimoniales dans lesquelles on les enferme, on les enferre.
A l'allure où vont les choses, nos sœurs et nos amies se détourneront peu à peu de leur pays d'origine parce que le lien avec ce dernier sera synonyme d'atteinte à leur dignité.
Un pays comme le nôtre, peut-il se permettre le luxe de se couper d'une partie de sa diaspora?
Militons contre le mariage forcé au sein de notre communauté. Militons au sein des fratries, des familles élargies, des associations.
Nous, immigrés, avons une façon assez dure de questionner les sociétés d'accueil sur les pratiques que nous jugeons attentatoires à notre dignité. Mais dès lors qu'il s'agit de nos communautés et des problèmes qui leurs sont strictement internes, notre verbe s'adoucit et toutes les raisons sont bonnes pour ne pas se remettre en cause, pour ne pas heurter les oreilles de nos pairs.
Concernant le mariage forcé. Cessons d'excuser l'inexcusable. Nos sœurs et amies ont droit à une modernité pleine et entière. Lançons le débat, rudoyons nos ainés s'il le faut.
Dans un futur proche, il y aura plus de Comoriens vivant en Europe, Afrique , Amérique et Asie qu'aux Comores. Il convient dès à présent de questionner notre identité , notre rapport à l'archipel des origines. Et cette interrogation passe par le mariage. Nous savons que bon nombre de mariages forcés découle de cette volonté de nos ainés de ré-ancrer leurs enfants aux Comores, de ne pas perdre le lien avec le village d'origine quand bien même lesdits enfants sont natifs de Toronto, Paris ou Berlin. Cette peur de manquer la transmission de la culture d'origine ne saurait excuser certaines pratiques.
Mobilisons nos énergies, agissons en conséquence!
N.e.Fikri ALI MOHAMED, de son nom d'artiste Oluren Fekre est l'auteur de la pièce «Je dois m'acheter un Mari», traitant du mariage forcé.
Article du site HOLAMBE Comores .
Étant d'esprit rabat-joie, j'aimerais aborder une question qui me triture l'esprit depuis quelques temps, à savoir le mariage forcé dans notre communauté.
Cette pratique, loin de s'éteindre, prospère dans nos rangs et fait de sérieux ravages chez nos sœurs et nos amies. Les victimes sont recouvertes d'un voile pudique au nom de l'image que nous voudrions donner de nous-mêmes; celle d'une communauté sage et intégrée au sein de laquelle , il n'y a rien à voir , rien à questionner.
Dès qu'une voix s'élève pour aborder ce sujet, une armée d'intellectuels et de formistes du web se dresse pour relativiser le nombre de cas, pour minimiser l'atteinte faite à la dignité des victimes, pour se perdre en arguties sur les termes du débat. En somme, tout est fait pour noyer l'essentiel dans l'accessoire. L'essentiel étant que de nombreuses jeunes filles comoriennes vivant en France sont contraintes de prendre pour époux des inconnus que leurs parents ont choisi pour elles.
Il est vrai nos sœurs et nos amies ne sont pas du genre à porter plainte, à témoigner à la télévision du harcèlement familial dont elles font l'objet pour accepter un mariage non voulu. Mais ce n'est pas parce qu'un problème n'est pas mis sur la table médiatique qu'il n'existe pas.
Sans oublier que ce qui était vrai jusqu'ici ne le sera plus dans un futur proche. Ainsi, le silence que les victimes s'imposent et le souci certain de préserver l'honneur de la famille et de la communauté sont des «valeurs» en voie de disparition. En somme, les jeunes Comoriennes ne voudront plus, ne veulent déjà plus être spectatrices de leurs propres vies.
Il convient donc d'agir, de militer contre le mariage forcé dans notre communauté. N'attendons pas le jour inéluctable où nous ferons la une des journaux à l'occasion d'un tragique fait-divers. N'attendons pas ce jour où une des nôtres aura tiré la sonnette d'alarme en commettant un acte malheureux pour nous poser des questions sur les mariages contraints au sein de notre diaspora.
Il est aisé de constater, à moins d'être aveugle et sourd que, un nombre croissant de jeunes filles d'origine comorienne vivant en France ont une relation de plus en plus critique envers l'archipel si cher à leurs parents.
Cette tension -que tente de recouvrir une fierté d'être comorienne clamée benoitement et sans conviction- est souvent due aux stratégies matrimoniales dans lesquelles on les enferme, on les enferre.
A l'allure où vont les choses, nos sœurs et nos amies se détourneront peu à peu de leur pays d'origine parce que le lien avec ce dernier sera synonyme d'atteinte à leur dignité.
Un pays comme le nôtre, peut-il se permettre le luxe de se couper d'une partie de sa diaspora?
Militons contre le mariage forcé au sein de notre communauté. Militons au sein des fratries, des familles élargies, des associations.
Nous, immigrés, avons une façon assez dure de questionner les sociétés d'accueil sur les pratiques que nous jugeons attentatoires à notre dignité. Mais dès lors qu'il s'agit de nos communautés et des problèmes qui leurs sont strictement internes, notre verbe s'adoucit et toutes les raisons sont bonnes pour ne pas se remettre en cause, pour ne pas heurter les oreilles de nos pairs.
Concernant le mariage forcé. Cessons d'excuser l'inexcusable. Nos sœurs et amies ont droit à une modernité pleine et entière. Lançons le débat, rudoyons nos ainés s'il le faut.
Dans un futur proche, il y aura plus de Comoriens vivant en Europe, Afrique , Amérique et Asie qu'aux Comores. Il convient dès à présent de questionner notre identité , notre rapport à l'archipel des origines. Et cette interrogation passe par le mariage. Nous savons que bon nombre de mariages forcés découle de cette volonté de nos ainés de ré-ancrer leurs enfants aux Comores, de ne pas perdre le lien avec le village d'origine quand bien même lesdits enfants sont natifs de Toronto, Paris ou Berlin. Cette peur de manquer la transmission de la culture d'origine ne saurait excuser certaines pratiques.
Mobilisons nos énergies, agissons en conséquence!
N.e.Fikri ALI MOHAMED, de son nom d'artiste Oluren Fekre est l'auteur de la pièce «Je dois m'acheter un Mari», traitant du mariage forcé.
Article du site HOLAMBE Comores .
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