Deux ans après que Mayotte est devenue le 101 e département français, l'État n'est toujours pas pressé de mettre les moyens néces...
Deux ans après que Mayotte est devenue le 101e département français, l'État n'est toujours pas pressé de mettre les moyens nécessaires pour que l'île sorte un tant soit peu de sa situation de sous-développement. Mayotte est, et de loin, le département le plus pauvre : 92 % de sa population vivrait sous le seuil de pauvreté métropolitain.
Malgré quelques récents travaux, Mayotte manque cruellement d'infrastructures. Les services hospitaliers par exemple sont insuffisants pour soigner les 212 600 habitants de l'île. Quant aux établissements scolaires, leur nombre est lui aussi très insuffisant, à tel point que les écoles sont parfois obligées de fonctionner par rotation, accueillant les élèves soit le matin soit l'après-midi. Une situation inacceptable dans une île où 50 % de la population a moins de 20 ans et où le taux d'illettrisme bat des records.
Comme remède à tous les maux et aux injustices dont souffrent les travailleurs et la population pauvre de Mayotte, l'État préconise... d'attendre !
Conformément aux décisions prises sous Sarkozy et reprises à peu de chose près par Hollande, les montants des prestations sociales et autres revenus favorables aux classes populaires seront alignés très lentement sur ceux de la métropole. À titre d'exemple, le RSA se monte seulement à 37,5 % du montant appliqué en métropole ou à La Réunion voisine.
Pour ceux qui espéraient de meilleurs délais, le nouveau préfet a rappelé avec tout le cynisme dont peut faire preuve un représentant de la classe capitaliste à l'égard des pauvres, que l'égalité prendra du temps, vingt à vingt-cinq ans. Et, a-t-il précisé, « dans les autres DOM, cela a pris plus de soixante ans ». Une façon de dire : estimez-vous heureux !
En revanche, pour les impôts, il n'y aura pas comme pour les prestations sociales de mise en place progressive. Dès 2014 la taxe foncière et la taxe d'habitation feront leur apparition. Sarkozy avait déclaré, à la veille de la départementalisation, « qu'il n'y aura pas que des droits mais aussi des devoirs ». Aujourd'hui, la population se rend bien compte que ces derniers étaient pour tout de suite, alors que les droits étaient pour plus tard.
Mais les travailleurs mahorais bousculent régulièrement ce calendrier à leur avantage. Pendant quarante-cinq jours, au mois d'octobre et novembre 2011, la population a manifesté contre la vie chère et a obtenu certaines avancées, notamment sur les prix. De même, les fonctionnaires ont entamé un mouvement de grève au mois de mars pour demander l'égalité de traitement avec leurs homologues métropolitains et réunionnais.
Le préfet de Mayotte, qui dit ne pas vouloir « déstructurer trop brutalement la société ou bouleverser ses fondamentaux », pourrait déchanter plus vite qu'il ne le pense !
Emile GRONDIN: lutte ouvrière
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