L'archipel des Comores, ce sont 4 îles de près de 2250 km2 (le ¼ de la Corse) situées à près de 9 000 km de la France ! Contre la France...
L'archipel des Comores, ce sont 4 îles de près de 2250 km2 (le ¼ de la Corse) situées à près de 9 000 km de la France !
Contre la France coloniale, les Comores ont enclenché la 4ème vague d'indépendance en 1975. Nous comptons dans cette vague : les Comores, Djibouti, Vanuatu (du temps de la colonisation appelé Les Nouvelles Hébrides). Et nous le payons toujours très cher, c'est ce que je vais mettre en évidence dans mon propos. Nous mettrons en perspective le cas des Kanaks qui ont ouvert la dernière vague de décolonisation en cours, par leur insurrection de 1984.
Dans cet espace anticolonial, nous savons qu'en vertu de la théorie des dominos, l'Etat français réprime très durement tous ceux qui osent ouvrir de nouvelles portes dans les luttes de libération.
Les conditions d'accession à l'indépendance
Lors du référendum d'autodétermination, le 22 décembre 1974, le Peuple comorien s'est prononcé à 95% pour l'indépendance.
La déclaration d'indépendance a eu lieu le 6 juillet 1975, les Comores devenant alors membre de l'ONU, par la résolution 3385 du 12 novembre de la même année, qui réaffirme « la nécessité de respecter l'intégrité territoriale de l'archipel des Comores, composé des îles d'Anjouan, de la Grande Comore, de Mayotte et de Mohéli ». Les Comores ont été admises comme état membre de l'Organisation, à l'unanimité des voix, c'est-à-dire y compris celles des États européens ; la France, elle, ne s'y était pas opposée, elle s'était abstenue !
Mais l'État français, arguant qu'à Mayotte le NON à l'indépendance l'avait emporté, décide d'occuper cette île, à l'encontre du droit international ! Toutes les organisations internationales ont condamné cette occupation illégale et enjoint à la France de quitter Mayotte. Plus de 20 résolutions ont été votées par l'Assemblée Générale de l'ONU dans ce sens, sans résultat tangible à ce jour.
La France, donneuse de leçon en matière de droit et de démocratie, n'est pas fière de se voir condamnée chaque année par une résolution de l'ONU, sans effet soit-elle ! Aussi, pour décourager les autorités comoriennes et les amener à ne plus faire débattre de la question de l'île comorienne de Mayotte à l'ONU, la France déploie une campagne d'intimidation et de déstabilisation tous azimuts. Par mercenaires interposés ou en s'appuyant sur ses hommes-lige. Rappelons – nous ces années noires, dans les années 1980 : dix ans d'occupation mercenaire de la partie indépendante, sous la houlette de « l'affreux Bob Denard », comme l'appellent les médias. Lors du procès où il répondait de l'assassinat du président comorien Ahmed Abdallah, Bob Denard aurait sauvé sa tête en déclarant qu'aux Comores [comme ailleurs] il a toujours agi pour le compte de l'état français ! Ce qu'ont confirmé les agents des services qui sont montés à la barre pour le défendre … et obtenir un non-lieu scandaleux !
Aux Comores, derrière les manœuvres de déstabilisation, nous avons le réflexe de chercher la main de la françafrique. Et les chiffres sont ahurissants : 23 coups d'état ou tentatives depuis 1975, 4 présidents en exercice assassinés, un président élu démocratiquement déporté (M. Djohar en 1995) !
Mettons en parallèle le cas de Kanaky. Donnons la parole au frère Rock Wamytan, ancien président du FLNKS (Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste). Lors d'un colloque d'avril 2008 au Palais du Luxembourg, dans son discours sur les accords de Matignon et de Ouvéa, il pose les questions en ces termes (je cite) :« Vingt ans après, on continue de se poser des questions sur la responsabilité politique de la mort des trois leaders indépendantistes : Jean Marie Tjibaou, Yewene Yewene et Djoubély Wea le 5 mai 1988 à Wadrilla (Ouvéa). En signant cet accord, qui ne donnait pas l'indépendance du pays kanak, Jean Marie Tjibaou avait-il conscience qu'il mettait sa vie en danger et pourquoi l'a-t-il accepté ? Ou alors comment les négociateurs de l'Etat l'ont-ils persuadé de signer, avaient-ils des moyens de pression sur sa personne ? La question reste posée pour nous qui sommes héritiers de cet accord. [] »
Assurément, le colonialisme français reste identique dans toutes « ses » outre-mer !
L'ancrage progressif de Mayotte dans la France puis dans l'Europe
1976 (puis 2000) : la France a organisé illégalement une consultation à Mayotte. Celle-ci a été rejetée sans ambiguïté par la communauté internationale (résolution 31/4 du 21 octobre 1976).
1995 : un visa dit "visa Balladur - Pasqua" a été instauré, pour les Comoriens des 3 autres îles voulant se rendre à Mayotte. Ce visa est à l'origine de près de 10 000 morts dans le bras de mer entre Anjouan et Mayotte !
Mars 2009 : La France a procédé, comme programmé, à la départementalisation de Mayotte. Cette île est aujourd'hui le 101ème département français ! C'est toujours contre le droit international, mais c'est aussi contre le droit français, puisque le Peuple français n'a jamais été consulté lors de cette extension de son territoire !
La prochaine étape, c'est janvier 2014 : après être passée par de nombreux statuts de Collectivité Territoriale / Collectivité Départementale / DOM / PTOM, Mayotte va accéder au statut de RUP (Région Ultra Périphérique) sous législation européenne ! Ce statut devra être ratifié par les gouvernements européens. Mais ce sera en contradiction flagrante avec le vote unanime des mêmes états en faveur de la résolution 3385 du 12 novembre 1975 (stipulant l'appartenance de Mayotte au nouvel état comorien) !
Cette issue semble inéluctable tant que les manœuvres de la France bénéficient, entre autres, de la « passivité » coupable des gouvernements comoriens successifs !
Mais le temps presse, c'est pourquoi nous lançons un appel vibrant à toutes les organisations de cette semaine anticoloniale, à agir avec nous pour faire triompher la force du droit sur le droit du plus fort.
Le bilan de la départementalisation de Mayotte
Pour l'heure dressons un bilan de la très courte séquence historique post-départementalisation.
Mayotte sera davantage isolée de ses îles sœurs. Comme le précisait le GISTI (Groupe d'Information et de Soutien des Immigrés) l'on assiste en 2010 à « un déploiement sécuritaire exceptionnel afin d'isoler une île de 200 000 habitants du reste de l'archipel dans lequel elle est insérée ».
Mayotte servira la politique du chiffre, de tous les régimes politiques confondus, puisqu'on continue d'expulser ce qu'on y appelle « les clandestins comoriens ». Dans son discours sur l'immigration à Mayotte, le président Sarkozy précisait : « Mayotte expulse tous les ans 20 000 clandestins, autant que toute la métropole réunie » [ce qui représente 10% de la population de l'île !!!].
La départementalisation forcée de Mayotte s'est traduite par la dégradation du niveau de vie des Maorais. Rappelons-nous des mouvements contre « la vie trop chère » : dès novembre 2011, des Maorais ont manifesté dans la rue, à la suite des grèves du LKP en Guadeloupe, des « marches citoyennes » de l'USTKE en Kanaky ou des grèves générales à la Réunion … Au final, l'occupation des terres maoraises s'est traduite par des « sorties nettes » exceptionnelles parmi les jeunes, selonles études des flux migratoires de l'INSEE.
Dans toutes ces outre – mer, les autorités françaises ont répondu par l'arrogance et réprimé très durement. Mais notons, dans le même temps, ces liens de solidarité qui se renforcent entre les combattants de ces régions, à travers les océans, à l'instar de la déclaration de soutien des organisations de Guadeloupe (octobre 2011).
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