Le vice-président vénézuélien Nicolas Maduro, successeur désigné d'Hugo Chavez le 5 janvier 2013 à Caracas . Derrière sa grosse moustach...
Derrière sa grosse moustache noire, il a le visage bonhomme. Mais c'est avec une évidente tristesse que le vice-président et ministre des relations extérieures, Nicolas Maduro, a étrenné ses nouvelles fonctions de dauphin, le 8 décembre. Le 11 décembre, le président vénézuélien, Hugo Chavez, avait appelé ses compatriotes à voter pour M. Maduro au cas où lui-même devrait renoncer à ses fonctions.
Après la mort du président vénézuélien, le 5 mars, des élections doivent se tenir dans les trente jours. Et Nicolas Maduro devrait porter l'héritage politique de Chavez.
Aux yeux d'Hugo Chavez, Nicolas Maduro est un "révolutionnaire à part entière", un"homme avec une grande expérience malgré sa jeunesse" (il a 50 ans). En bref, il est le mieux à même de poursuivre "le processus chaviste" entamé il y a quatorze ans dans ce pays pétrolier. "Nicolas Maduro est très à gauche sur l'échiquier politique. Mais il n'est pas sectaire, nuance un diplomate colombien. A la différence de certains membres du gouvernement, il sait écouter son interlocuteur et négocier." Ancien syndicaliste devenu diplomate, Nicolas Maduro connaît les vertus du dialogue et pratique le compromis. "Un talent qui lui sera utile si Chavez devait disparaître", juge l'analyste Ignacio Avalos. "Maduro a un grand mérite : c'est un civil", ajoute-t-il.
Certes, Nicolas Maduro n'a ni le charisme ni les talents oratoires d'Hugo Chavez. "Mais personne ne les a", souligne M. Avalos. Selon son ministre adjoint, Temir Porras, qui a été formé à l'ENA, "Maduro est un politique brillant qui sait tout à la fois se faire apprécier de son entourage et imposer son autorité". Ses interlocuteurs le disent plus percutant et séduisant en petit comité qu'en public. Pour l'opposition, Nicolas Maduro, fidèle entre les fidèles du chef de l'Etat, n'est jamais que "la voix de son maître". Jouant sur l'homonymie (maduro en espagnol veut dire "mûr"), les médias latino-américains se demandent si Nicolas Maduro est mûr pour le pouvoir.
FAN DE MAO ET DE LED ZEPPELIN
Le terme de dauphin a soulevé un tollé dans les rangs de l'opposition. "Nous ne sommes pas une monarchie", a immédiatement réagi le candidat de l'opposition à la dernière présidentielle, Henrique Capriles. "Mais nous devons admettre qu'en désignant son successeur Hugo Chavez a réduit au minimum le risque d'une bataille pour le pouvoir aux conséquences désastreuses",considère pour sa part le journaliste Vladimir Villegas. Les spéculations sur la rivalité entre Nicolas Maduro et les autres dauphins potentiels ont, de fait, tourné court.
Habitué des sommets diplomatiques, Nicolas Maduro a été depuis six ans très exposé dans les médias latino-américains, mais il est toujours resté discret sur sa vie privée. Né en 1962, il grandit à Caracas, au sein d'une famille modeste. Adolescent, il se passionne pour la politique et... Led Zeppelin. Il entre, encore lycéen, à la Ligue socialiste, un petit parti maoïste, et envisage une carrière de rocker. Il choisit finalement l'action syndicale et devient chauffeur de bus pour la compagnie métropolitaine de Caracas.
Après un an de formation à Cuba, il s'impose comme leader syndical dans les années 1990. A gauche, Nicolas Maduro est alors un des premiers à rejoindre le Mouvement pour la Ve République (MVR) qui portera Hugo Chavez au pouvoir en 1999 et deviendra le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV). Elu député en 1998, réélu après l'adoption d'une nouvelle Constitution, l'actuel vice-président a été chef de la majorité parlementaire de 2000 à 2006.
"UN HOMME SIMPLE"
Nicolas Maduro, qui a eu un fils d'un premier mariage, a refait sa vie avec Cilia Flores. Avocate engagée, députée, présidente de l'Assemblée nationale, elle dirige aujourd'hui la Procuradoria, un organe de contrôle et de conseil juridique de l'exécutif. Les deux sont adeptes du gourou indien Sai Baba, décédé en 2011. "Nicolas est resté un homme simple, à qui les biens matériels et les luxes du pouvoir importent peu", raconte Temir Porras. Nicolas Maduro n'est mêlé à aucune affaire connue, ce qui est un mérite certain dans un pays pétrolier gangrené par la corruption.
Quand, en 2006, Hugo Chavez le nomme ministre des relations extérieures, la presse rappelle que Nicolas Maduro a commencé sa carrière au volant d'un bus. "Le ministre appelé à conduire la politique extérieure du pays sait conduire", raillait alors l'opposition. Aux yeux de la majorité, l'ascension de Maduro est au contraire méritoire : "Le Brésilien Lula était lui aussi un ouvrier qui n'avait pas son bac et personne ne conteste ses mérites comme président."
SOUTIEN À BACHAR AL-ASSAD
Maduro a vite et bien appris le métier de diplomate, affirment ses pairs latino-américains. Mieux qu'aucun autre, il a su s'adapter au style de son Comandante, souvent incisif, voire incendiaire, à l'occasion conciliant. Il traitera John Negroponte, sous-secrétaire d'Etat américain, de "gratte-papier au passé criminel".
Au nom de la souveraineté nationale et du refus de toute forme d'ingérence, il a soutenu jusqu'au bout Mouammar Kadhafi et appuie encore Bachar Al-Assad. Mais Nicolas Maduro est aussi pragmatique. En 2010, il pousse Hugo Chavez à accepter la main tendue du président colombien Juan Manuel Santos, ex-ministre de la défense, dont il disait pis que pendre quelques semaines plus tôt. Parfois, il dérape. En avril, il traite Henrique Capriles de "gros pédé". Et s'en excuse ensuite auprès de la communauté homosexuelle.
Pour la presse d'opposition, Nicolas Maduro est l'homme des Cubains. Les frères Castro sont très soucieux de garantir la stabilité du gouvernement bolivarien, qui a contribué à la survie de leur régime en lui fournissant du pétrole bon marché. Ce sont eux qui auraient poussé Hugo Chavez à désigner son héritier politique "à temps". Lemonde.fr
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