Le président sénégalais Macky Sall était reçu par Barack Obama à Washington, jeudi 28 mars 2013. Photo AFP / Seyllou Le pré...
RFI : Quels propos de Barack Obama allez-vous ramener avec vous à Dakar ?
Macky Sall : Barack Obama m'a dit très clairement qu'il avait une très grande attention sur ce qui se passe sur le continent africain, au Sénégal, notamment et que notre pays, malgré quelques soubresauts, était quand même une nation démocratique et que je m'étais investi personnellement et pour cela, j'ai été élu. Il était très intéressé par entendre ma voix et surtout quelle vision j'avais de tout ce qui se passe en ce moment.
Alors, d'abord je l'ai remercié pour l'initiative de cette invitation. Je lui ait dit également que l'Afrique était un continent en mouvement, que nous partagions la même vision sur les institutions fortes, et que c'est à travers, non seulement des élections démocratiques, mais aussi la promotion de la bonne gouvernance, que nous pourrions finalement créer les conditions du développement de l'investissement et de la croissance.
Vous avez été reçu en même temps que trois autres dirigeants africains. En juillet 2011, Barack Obama avait déjà reçu quatre dirigeants africains en même temps. Est-ce qu'il y a une frustration de la part des dirigeants africains, d'être reçus à la Maison Blanche en groupe ? De ne pas être reçu seul, dans le bureau ovale, comme d'autres chefs d'Etat le sont ?
Non, nous avons été dans le bureau ovale ! C'est-à-dire que le format qui a été fait par Barack Obama c'est de choisir un échantillon de quatre chefs d'Etat, qui ont marqué dans la promotion de la bonne gouvernance, et dans le combat pour la démocratie. Nous ne pouvons pas être frustrés par cela. Simplement, je crois que l'agenda est tel, que l'Afrique de façon générale, n'est pas forcément au centre des préoccupations des dirigeants du monde.
Vous avez l'impression, justement, que Barack Obama a du mal à assumer ses racines africaines, comme beaucoup d'Africains le pensent ?
Non. Je n'ai pas eu ce sentiment parce que moi, en rencontrant Barack Obama, je ne vois pas la couleur de sa peau. Je vois le président des Etats-Unis d'Amérique ! Toutefois, je lui ai dit que l'Afrique souhaiterait, dans son second mandat, voir éclore une initiative majeure, comme d'ailleurs le Millennium Challenge, qui a été à l'initiative du président Bush, comme d'ailleurs les Chinois le font, comme les Brics sont en train de le faire.
Vous avez invité, le président américain à Dakar ?
Oui, je l'ai invité, naturellement, à venir à Dakar. Il m'a dit qu'il étudierait, lors de son prochain voyage en Afrique, la possibilité de venir à Dakar.
Alors parlons un petit peu, quand même, de ce premier anniversaire que vous venez de célébrer à la tête du Sénégal. Une première année passée, en grande partie, à traquer les biens mal acquis. Vous avez voulu faire le ménage... Le fils de votre prédécesseur est visé par une enquête. Il doit se justifier sur une fortune qui avoisine un milliard d'euros. Est-ce que c'est un chiffre qui vous paraît crédible ? Est-ce que vous ne pensez pas que c'est un chiffre un peu fantaisiste?
Nous n'allons pas à passer notre temps à traquer les biens mal acquis. Ça a été une des dimensions de ma politique, la préservation des ressources publiques, face aux spoliations que les pays africains connaissent, et le Sénégal n'a pas été épargné. Deuxièmement, nous sommes en train de reconstruire un Etat de droit.
Ce n'était pas un Etat de droit ?
Non, je ne dis pas que ce n'était pas un Etat de droit, mais nous sommes en train de le consolider et de lutter surtout contre l'impunité, parce que l'Etat de droit suppose que tout le monde soit égal devant la loi. Des enquêtes ont été menées. Moi-même je ne pouvais pas croire, avant de voir les informations relatives à un patrimoine supposé appartenir à Monsieur Wade.
Dubaï Ports World vient de démentir que Karim Wade soit à la tête de Dubaï Port Sénégal. Est-ce ça fait partie des choses qui font que cette enquête va finalement peut-être être abandonnée ?
Attendez que les choses se passent. Ça se passe à Dakar. Ça ne se passe pas à Washington, ça ne se passe pas à Dubaï. D'abord, ce n'est pas moi qui fais la justice. Il faut que ce soit clair. Le Sénégal est un Etat de droit !
Vous êtes le garant, quand même, de ces enquêtes ? Vous êtes le garant de cette justice ?
Je suis le garant de la bonne administration de la justice ! En tant que président de la République, je ne fais pas la justice. La justice, elle est rendue par les magistrats. Et ils sont indépendants. Le Sénégal, encore une fois, de ce point de vue, n'a de leçons à recevoir de personne !
Qu'est-ce que vous dites aux Sénégalais qui vous ont élu il y a un an, largement, et auprès de qui vous vous étiez engagé à baisser le prix des denrées de première nécessité, à rétablir l'électricité là où il y avait des problèmes d'électricité et qui, aujourd'hui, s'impatientent ?
Ça prend plus de temps, mais je dois vous dire que beaucoup de choses ont été faites en une année. D'abord, au moment où je vous parle, nous avons réussi, grâce à notre coopération avec l'Association nationale des commerçants, à baisser les prix de denrées, le prix du riz, ordinaire comme on dit, le riz consommé par les populations pauvres. Il ne s'agit pas pour nous de subventionner des citadins qui consomment un riz de qualité et de luxe ! La subvention, elle est destinée aux populations faibles et vulnérables ! Cela est fait.
Deuxièmement, nous avons une subvention sur le sucre de 110 francs CFA par kilogramme. Ce qui fait que le prix du kilogramme du sucre en poudre a baissé de 700 à 520 francs CFA. C'est incontestable ! Pour le reste, nous ne pouvons pas soutenir tous les prix.
Sur l'électricité nous avons subventionné pour 105 milliards de francs CFA, c'est-à-dire 220 millions de dollars l'année dernière, en 2012, malgré la situation dans laquelle j'ai trouvé les finances publiques, pour que le prix de l'électricité n'augmente pas. Cette année, c'est 80 milliards.
Et nous avons éliminé les groupes qui ont été le fameux plan Takkal, et nous sommes en train de faire un mixte énergétique ! C'est une réponse structurelle durable, qui fera que Senelec verra ces coûts baisser fortement. Et non seulement nous gagnerons au niveau du Trésor public ces sommes qui ont été utilisées pour maintenir les prix à leurs niveaux, mais nous pourrons même amorcer une baisse.
Mais ça, ça ne peut pas se faire en une année. Et c'est ça, les réponses ! Ce n'est pas de lancer des mots qui ne veulent rien dire finalement. Mais c'est concrètement, qu'est-ce qui est en train d'être fait pour que, structurellement et durablement, des solutions soient apportées pour le développement de notre pays.
Macky Sall : Barack Obama m'a dit très clairement qu'il avait une très grande attention sur ce qui se passe sur le continent africain, au Sénégal, notamment et que notre pays, malgré quelques soubresauts, était quand même une nation démocratique et que je m'étais investi personnellement et pour cela, j'ai été élu. Il était très intéressé par entendre ma voix et surtout quelle vision j'avais de tout ce qui se passe en ce moment.
Alors, d'abord je l'ai remercié pour l'initiative de cette invitation. Je lui ait dit également que l'Afrique était un continent en mouvement, que nous partagions la même vision sur les institutions fortes, et que c'est à travers, non seulement des élections démocratiques, mais aussi la promotion de la bonne gouvernance, que nous pourrions finalement créer les conditions du développement de l'investissement et de la croissance.
Vous avez été reçu en même temps que trois autres dirigeants africains. En juillet 2011, Barack Obama avait déjà reçu quatre dirigeants africains en même temps. Est-ce qu'il y a une frustration de la part des dirigeants africains, d'être reçus à la Maison Blanche en groupe ? De ne pas être reçu seul, dans le bureau ovale, comme d'autres chefs d'Etat le sont ?
Non, nous avons été dans le bureau ovale ! C'est-à-dire que le format qui a été fait par Barack Obama c'est de choisir un échantillon de quatre chefs d'Etat, qui ont marqué dans la promotion de la bonne gouvernance, et dans le combat pour la démocratie. Nous ne pouvons pas être frustrés par cela. Simplement, je crois que l'agenda est tel, que l'Afrique de façon générale, n'est pas forcément au centre des préoccupations des dirigeants du monde.
Vous avez l'impression, justement, que Barack Obama a du mal à assumer ses racines africaines, comme beaucoup d'Africains le pensent ?
Non. Je n'ai pas eu ce sentiment parce que moi, en rencontrant Barack Obama, je ne vois pas la couleur de sa peau. Je vois le président des Etats-Unis d'Amérique ! Toutefois, je lui ai dit que l'Afrique souhaiterait, dans son second mandat, voir éclore une initiative majeure, comme d'ailleurs le Millennium Challenge, qui a été à l'initiative du président Bush, comme d'ailleurs les Chinois le font, comme les Brics sont en train de le faire.
Vous avez invité, le président américain à Dakar ?
Oui, je l'ai invité, naturellement, à venir à Dakar. Il m'a dit qu'il étudierait, lors de son prochain voyage en Afrique, la possibilité de venir à Dakar.
Alors parlons un petit peu, quand même, de ce premier anniversaire que vous venez de célébrer à la tête du Sénégal. Une première année passée, en grande partie, à traquer les biens mal acquis. Vous avez voulu faire le ménage... Le fils de votre prédécesseur est visé par une enquête. Il doit se justifier sur une fortune qui avoisine un milliard d'euros. Est-ce que c'est un chiffre qui vous paraît crédible ? Est-ce que vous ne pensez pas que c'est un chiffre un peu fantaisiste?
Nous n'allons pas à passer notre temps à traquer les biens mal acquis. Ça a été une des dimensions de ma politique, la préservation des ressources publiques, face aux spoliations que les pays africains connaissent, et le Sénégal n'a pas été épargné. Deuxièmement, nous sommes en train de reconstruire un Etat de droit.
Ce n'était pas un Etat de droit ?
Non, je ne dis pas que ce n'était pas un Etat de droit, mais nous sommes en train de le consolider et de lutter surtout contre l'impunité, parce que l'Etat de droit suppose que tout le monde soit égal devant la loi. Des enquêtes ont été menées. Moi-même je ne pouvais pas croire, avant de voir les informations relatives à un patrimoine supposé appartenir à Monsieur Wade.
Dubaï Ports World vient de démentir que Karim Wade soit à la tête de Dubaï Port Sénégal. Est-ce ça fait partie des choses qui font que cette enquête va finalement peut-être être abandonnée ?
Attendez que les choses se passent. Ça se passe à Dakar. Ça ne se passe pas à Washington, ça ne se passe pas à Dubaï. D'abord, ce n'est pas moi qui fais la justice. Il faut que ce soit clair. Le Sénégal est un Etat de droit !
Vous êtes le garant, quand même, de ces enquêtes ? Vous êtes le garant de cette justice ?
Je suis le garant de la bonne administration de la justice ! En tant que président de la République, je ne fais pas la justice. La justice, elle est rendue par les magistrats. Et ils sont indépendants. Le Sénégal, encore une fois, de ce point de vue, n'a de leçons à recevoir de personne !
Qu'est-ce que vous dites aux Sénégalais qui vous ont élu il y a un an, largement, et auprès de qui vous vous étiez engagé à baisser le prix des denrées de première nécessité, à rétablir l'électricité là où il y avait des problèmes d'électricité et qui, aujourd'hui, s'impatientent ?
Ça prend plus de temps, mais je dois vous dire que beaucoup de choses ont été faites en une année. D'abord, au moment où je vous parle, nous avons réussi, grâce à notre coopération avec l'Association nationale des commerçants, à baisser les prix de denrées, le prix du riz, ordinaire comme on dit, le riz consommé par les populations pauvres. Il ne s'agit pas pour nous de subventionner des citadins qui consomment un riz de qualité et de luxe ! La subvention, elle est destinée aux populations faibles et vulnérables ! Cela est fait.
Deuxièmement, nous avons une subvention sur le sucre de 110 francs CFA par kilogramme. Ce qui fait que le prix du kilogramme du sucre en poudre a baissé de 700 à 520 francs CFA. C'est incontestable ! Pour le reste, nous ne pouvons pas soutenir tous les prix.
Sur l'électricité nous avons subventionné pour 105 milliards de francs CFA, c'est-à-dire 220 millions de dollars l'année dernière, en 2012, malgré la situation dans laquelle j'ai trouvé les finances publiques, pour que le prix de l'électricité n'augmente pas. Cette année, c'est 80 milliards.
Et nous avons éliminé les groupes qui ont été le fameux plan Takkal, et nous sommes en train de faire un mixte énergétique ! C'est une réponse structurelle durable, qui fera que Senelec verra ces coûts baisser fortement. Et non seulement nous gagnerons au niveau du Trésor public ces sommes qui ont été utilisées pour maintenir les prix à leurs niveaux, mais nous pourrons même amorcer une baisse.
Mais ça, ça ne peut pas se faire en une année. Et c'est ça, les réponses ! Ce n'est pas de lancer des mots qui ne veulent rien dire finalement. Mais c'est concrètement, qu'est-ce qui est en train d'être fait pour que, structurellement et durablement, des solutions soient apportées pour le développement de notre pays.
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