L'amour, on le voudrait pour toujours. Alors, quand l'envie d'ailleurs s'installe, la souffrance s'empare de nous. Comme...
L'amour, on le voudrait pour toujours. Alors, quand l'envie d'ailleurs s'installe, la souffrance s'empare de nous. Comment faire rimer fidélité avec respect ? s'interroge Claude Halmos.
Pourquoi l'amour est-il si rarement éternel ?
Parce qu'il est ce que, en termes financiers, on pourrait appeler un « placement » mutuel. Chacun croise l'autre à un instant « T » de sa vie, et le « choisit » en fonction de ce qu'il a, à ce moment-là, à investir (consciemment et surtout inconsciemment). Chacun est pour l'autre le bon « placement » du moment.
Ensuite… la vie avance et chacun évolue. Parfois les routes restent parallèles : on peut continuer à cheminer ensemble. Parfois elles se séparent : on n'a plus la même chose à « placer » ou bien l'autre n'est plus à même de le recevoir.
Si l'on peut néanmoins, les sentiments aidant, négocier dans bien des domaines la survie du couple : « On n'a plus autant de choses en commun, c'est vrai, mais on s'aime toujours », il en est un où le bât blesse particulièrement : la sexualité.
Que faire quand le désir n'est plus au rendez-vous ?
Dans la réalité, l'opération "aller voir ailleurs" ne s'effectue jamais sans difficultés et sans douleurs :
Pour la vox populi, qui va "voir ailleurs" est déclaré "infidèle".
Infidèle… c'est-à-dire pécheur au regard de la « fidélité » – laquelle est, on le sait, considérée comme une vertu – et « trompeur » par rapport à l'autre. Cela accroît notablement sa culpabilité, mais aggrave aussi, paradoxalement, la souffrance de son partenaire qui, acquérant du même coup le statut de « trompé », se trouve contraint de « relire » ce qui lui arrive à la lumière de ce qualificatif. Prisonnier d'une telle vision des choses, il est donc amené le plus souvent à remettre en cause la personnalité de celui qui le délaisse : « C'est un menteur, il est machiavélique, etc. » ; la vérité de ses sentiments : « S'il fait cela, c'est qu'il n'éprouve rien pour moi » (alors que la réalité est en général moins simple) ; et donc, en dernière analyse, à renier ses propres choix : « Je me suis fait avoir depuis toujours. »
Alors, si l'on n'est pas fidèle à l'autre, à quoi l'est-on ?
On est fidèle, dans la plupart des cas, à des préceptes moraux. Qui sont, dans la réalité, un héritage de la tradition chrétienne (laquelle a toujours considéré la chair comme le mal absolu) et qui relaient pour nombre d'entre nous, sans que nous en soyons conscients, les interdits sur la sexualité, proférés par les figures parentales de notre enfance.
Faut-il de tout cela conclure à un éloge de « l'infidélité » ? Sûrement pas. Il s'agit seulement de remarquer que glorifier la « fidélité » – ainsi conçue – revient à sanctifier un système qui considère comme « bien » qu'un être humain vive à contre-courant de son désir. Désir en l'occurrence sexuel, mais que l'on peut étendre au désir en général, c'est-à-dire à tout ce qui fait que, « désirants », nous restons vivants.
Ne peut-on envisager une autre éthique du désir et du couple ? Un autre type de relation qui permettrait que, dans le respect mutuel et la parole, chacun accepte la vérité de l'autre ? Qui permettrait que l'on ne soit plus contraint, pour être « fidèle » à l'autre, d'être infidèle à soi-même ?
Ne pourrait-on rêver que, faisant fi des anathèmes et des idées reçues, chaque couple essaie d'inventer un lien où « fidélité » rimerait avec « liberté » ?
JALOUSIE : Un poison
« Etre jaloux, c'est normal, docteur ? » A cette question, plus lucide sans doute que les donneurs de leçons qui ne manquent jamais d'expliquer aux enfants que la jalousie, « c'est pas beau », Freud répond : oui.
S'il distingue plusieurs sortes de jalousie, il en est une qu'il dit normale et qu'il appelle « concurrentielle ». C'est celle que l'on éprouve lorsque l'on est « trompé ». Elle est faite de sentiments divers : on souffre, on se sent humilié, on se reproche de n'avoir pas su garder son partenaire et on déteste son rival. Si cette jalousie est normale, elle n'en est pas simple pour autant, car elle dégénère souvent en une confrontation imaginaire avec ce rival. S'il (elle) est le (la) préféré(e), c'est sans doute qu'il « a » ce que l'on « n'a pas »… et que l'on ne pourra jamais avoir, qu'il a réussi à être ce que l'on n'arrivera jamais à être. Bref, il est tout à jamais dans la lumière et soi dans l'ombre. Il est tout à jamais « tout », alors que l'on n'est « rien », etc.
On peut ainsi s'engluer pendant des années dans une position d'objet rejeté et dévalorisé, ravagé par la haine et l'envie, et culpabilisé de ces sentiments dont on n'est que rarement fier… De la jalousie, on dit souvent qu'elle est un poison.
On pourrait dire tout aussi bien qu'elle agit sur les humains comme la rouille sur les métaux. Elle les ravage et les détruit en corrodant le plus intime de leur être.
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