Le ministre de l'Intérieur de Bahreïn a déclaré que la police du pays a arrêté huit soupçonnés participant à un groupe terroriste lié ...
Le ministre de l'Intérieur de Bahreïn a déclaré que la police du
pays a arrêté huit soupçonnés participant à un groupe terroriste lié à
l'Iran. Selon ces soupçons, les terroristes auraient reçu des
instructions et de l'argent de l'Iran, l'Irak et du Liban.
Vraisemblablement, l'objectif principal de ce groupe est de soutenir les
Chiites vivant au Royaume de Bahreïn
Durant ce week-end, la dynastie
sunnite (minoritaire) au pouvoir à Bahreïn, (Golfe) a une fois de plus
réprimé l’opposition chiite (suspectée à raison ou à tort d’être pilotée
par Téhéran) qui commémorait l’insurrection de février 2011, réprimée
dans le sang avec la bénédiction de l’Arabie saoudite et du Conseil de
Coopération du Golfe (qui réunit les monarchies sunnites
"pro-occidentales" opposées à l’Iran chiite et à toute démocratisation).
En fait, les régimes sunnites du Golfe (Arabie saoudite, Koweït, Qatar
et émirats en tête), qui fournissent armes et soldats à Bahreïn pour
réprimer l’opposition démocratique chiite, redoutent la "menace
chiite-iranienne", surtout depuis l’intervention occidentale en Irak en
2003, qui a permis à la majorité chiite en Irak d’accéder au pouvoir
après la longue domination sunnite du régime de Saddam Hussein, qui
était alors un “rempart” contre l’Iran chiite. Cette phobie de "l’arc
chiite" est partagée par d’autres Etats arabes, comme la Jordanie ou
l’Egypte, bastion des Frères musulmans (sunnites), où les conversions au
chiisme inquiètent. Ce "croissant chiite", qui va de l’Iran au Liban et
a pour cœur historique l’Irak, déborde jusque dans l’est de l’Arabie
saoudite et le Koweït, où vivent d’importantes minorités chiites,
souvent plus pauvres, plus actives démographiquement et très sensibles à
la propagande révolutionnaire de Téhéran. Mais l’arc chiite comprend
aussi la Syrie alaouite (tant qu’elle est dominée par le clan Assad),
puis bien sûr, le Hezbollah chiite libanais pro-iranien, vrai maître du
pays des Cèdres. La popularité du Hezbollah doit d’ailleurs beaucoup à
l’instrumentalisation de la cause anti-israélienne, qui vise à séduire
les masses arabes pour faire oublier que la bombe nucléaire
chiite-iranienne est tournée contre les monarchies sunnites... D’où la
volonté du Qatar (sunnite) de reprendre en main (en le finançant) le
Hamas palestinien à Gaza, longtemps influencé par le Hezbollah et
financé par l’Iran.
Qui sont les Chiites ?
Dans
les médias, on présente souvent les Sunnites comme les "modérés" parce
que "officiels" et "majoritaires (80 %) et les Chiites comme les
"fanatiques”, car minoritaires “hérétiques” (15 à20 %). En fait, le
terme de chiisme vient de l'arabe "Chiatu Ali", ceux qui sont pour Ali
(le gendre et cousin de Mahomet, 4ème successeur ou "Calife", qui fut
détrôné par ses ennemis sunnites à la faveur d’un arbitrage truqué).
Exclus ainsi du Califat par le candidat des Sunnites, Moawiyya (origine
de l'Empire Ommeyade), mais pas moins “musulmans” que les sunnites au
départ, voire même plus, les Chiites se sont réfugiés, comme les soufis,
dans un islam contemplatif, puis dans un clergé très hiérarchisé,
vouant un culte particulier à la lignée des 12 imams qu’ils vénèrent
depuis Ali, et à leurs “saints”. Les Chiites commémorent les "martyres"
Ali (assassiné en 661), dont le mausolée est situé à Nadjaf (Irak) et
son fils Hussein, "3ème iman", tué par les Sunnites et dont le mausolée
se trouve à Kerbala (Irak). Quant aux Sunnites, leur nom vient de
l’arabe "Ahl al-Sunna" ("gens de la tradition"), ce qui indique qu’ils
sont les garants du dogme "traditionnel" de l’islam (la Sunna, fondée
sur les "hadits" ou commentaires de Muhammad). Mais, en réalité, les
écoles les plus intolérantes de l’islam sont issues du sunnisme, les
Chiites n’ayant jamais clos "l’interprétation (Ijtihad), tandis que les
Sunnites - à la tête du Califat - ont "fermé les portes de l’Ijtihad" au
Xème siècle, bannissant les courants libéraux ou hétérodoxes : soufis,
chiites et sectes rationalistes (mutazilisme), qui régnèrent pourtant à
Bagdad durant l’Age d’or de l’islam. Or cette fixation du dogme et cette
mise à l’index des autres courants musulmans est l’origine lointaine de
l’islamisme salafiste (wahhabite ; Talibans, Salafistes, etc) et même
des Frères musulmans, bref de l’islam politique et orthodoxe, un islam
rétrograde qui, avec l’appui des pétromonarchies sunnites du Golfe, est
parvenu à mettre en échec laïques et chiites, objectif que poursuit le
Qatar de façon “moderne” en soutenant depuis le “printemps arabe” les
opposants islamistes du Maroc à la Syrie, en passant par le Mali…
COMMENTAIRES