MAMOUDZOU. La bouteille avait bien l'étiquette du whisky Black Label de chez Johnny Walker. Le liquide avait bien la couleur d'u...
MAMOUDZOU.
La bouteille avait bien l'étiquette du whisky Black Label de chez Johnny Walker. Le liquide avait bien la couleur d'un Black Label. Mais ce n'était manifestement pas du Black Label. Les habitués et fins amateurs de grands whiskies sont formels.
L'histoire se déroule à Mayotte. Fin janvier, un commercial qui représente la maison Johnny Walker à Mayotte s'attable dans un restaurant réputé de Kawéni situé au nord de Mamoudzou. Le commercial commande un Black Label pour l'apéritif. "Il l'a trouvé vraiment bizarre ?, se souvient le patron du restaurant. C'est un connaisseur. Pour lui, il n'y avait pas de doute. Ce n'était pas un Black Label"
A la fois inquiet et intrigué, le restaurateur veut savoir ce que contient véritablement cette bouteille. "Je tiens à l'image de mon établissement ?, insiste-t-il. Parce que deux avis valent toujours mieux qu'un, il fait goûter ce whisky à l'un de ses amis "fan de Black Label". Le verdict est identique. "Mon ami l'a trouvé vraiment très spécial". Seule certitude, le liquide est bien du whisky. "Il y avait une grosse différence avec le vrai ?, assure le patron du restaurant.
Plus d'un million de bouteilles vendues à la Réunion et à Mayotte
Selon ce dernier, la bouteille avait été achetée 49 euros dans un supermarché de la Somaco, un gros importateur de Mayotte. "J'en avais acheté trois, raconte-t-il. Une première bouteille est passée comme une lettre à la Poste. Je ne sais pas s'il y avait également un souci de qualité ou si mes clients n'ont rien senti parce qu'ils n'étaient pas des connaisseurs"
Chez Johnny Walker, l'affaire est également prise très au sérieux. En déplacement à Mamoudzou, Ben Hampson, directeur Diageo pour la Réunion et Mayotte, le groupe anglais n° 1 mondial des alcools et spiritueux, s'est rendu dans le restaurant pour y goûter ce whisky qui pourrait être une contrefaçon de la marque ou un produit frelaté. Son diagnostic vient confirmer celui de son agent commercial. "J'ai pris un échantillon que j'ai envoyé en Ecosse où se trouvent nos distilleries pour des analyses, nous a déclaré Ben Hampson. Nous attendons les résultats qui seront connus d'ici un mois" Un autre échantillon a été envoyé à l'International Federation of Spirits Producers, un groupement international de fabricants d'alcool chargés de lutter contre les contrefaçons.
Selon le responsable régional de Diageo, il est encore trop tôt pour parler de produits contrefaits venant de Chine, du Kenya ou d'Inde sans connaître le résultat des analyses chimiques. En fonction de ces résultats, Diageo pourrait déposer plainte. Les alcooliers ne badinent pas avec ce genre d'affaires surtout en raison des risques sanitaires et du scandale sous-jacent.
"Les cas de contrefaçon restent quand même très rares"
"Les cas de contrefaçon restent quand même rares ?, précise Ben Hampson. Qui assure ne pas être "inquiet" "Nous contrôlons la situation. Ce produit sera étudié très rigoureusement"
Pas question pour le groupe de laisser ternir l'image de la marque Johnny Walker. Car il s'agit du whisky le plus consommé à la Réunion et à Mayotte. Environ 1 million et demi de bouteilles de 75 cl par an. Soit 1 % de la consommation mondiale de Johnny Walker
Jérôme Talpin
Journal de la Réunion