Le président socialiste a de nouveau démontré sa popularité. Son opposant, Henrique Capriles, est cependant parvenu à faire mieux que ses pr...
Le président socialiste a de nouveau démontré sa popularité. Son opposant, Henrique Capriles, est cependant parvenu à faire mieux que ses prédécesseurs. De nos envoyés spéciaux à Caracas.
Il est un peu plus de 22 heures dimanche 7 octobre au Venezuelaquand la nouvelle tombe sur les écrans de télévisions. La présidente du Conseil national électoral (CNE) lit les résultats : sur 90% des bulletins dépouillés le président socialiste remporte 54,42% des voix. Élu pour 6 ans de plus, il sera en 2019 depuis 20 ans à la tête du pays. Immédiatement des feux d'artifice explosent dans le centre de Caracas, les bruits des klaxons envahissent la ville.
Son principal opposant, Henrique Capriles, candidat d'une vaste coalition, la MUD (la Table de l'Unité Démocratique) allant des déçus du chavisme à la droite, réunit tout de même 44,97% des voix. Il a immédiatement reconnu sa défaite : "Pour gagner, il faut savoir perdre" a t-il dit. La participation atteint des niveaux records à 80,94%.
Cette victoire n'aurait pu être conquise sans la puissance de feu médiatique du chef d'État contre laquelle la presse d'opposition a bien du mal à rivaliser. Son arme principale : les cadenas, ces allocutions en direct obligatoirement diffusées par les chaînes hertziennes et les radios. Un rapport de Reporters sans Frontières souligne qu'il a bénéficié de "136 heures et 20 minutes d'antenne" de janvier à août 2012, soit "une semaine d'allocution ininterrompue".
Des programmes sociaux populaires
Mais surtout le président socialiste a pu compter surl'appui des classes populaires. "Hugo Chavez a fait beaucoup de choses pour nous. J'ai vu ma maison partir dans des glissements de terrain et il m'a relogé", raconte Isaac Torres, 19 ans, le doigt bleu d'encre prouvant qu'il vient de voter. Il fait allusion à la mission Logement qui prévoit la construction de 2 millions de maisons et appartements d'ici 2018. Les missions, sont des programmes sociaux qui touchent différents domaines comme la santé, l'éducation ou encore l'agriculture.... Entièrement subventionnées par l'entreprise pétrolière nationale PDVSA, elles sont parvenues à faire diminuer la pauvreté. Selon la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (Cepalc), qui dépend de l'ONU, la pauvreté a baissé de 20,8% entre 2002 et 2010 au Venezuela. Autre réussite : en 2005, l'UNESCO a déclaré le Venezuela "libre d'analphabétisme".
Ces programmes ont été au centre de la campagne. Derrière son slogan "Chavez cœur de ma patrie", le président-candidat n'a cessé de mettre en garde les Vénézuéliens : sans lui ces programmes sociaux disparaîtront. Son principal adversaire promettait de son côté de les sauvegarder. A la différence des précédents candidats de l'opposition, il a ainsi reconnu les avancées sociales de la "révolution bolivarienne". Il a même promis de les amplifier tout en gommant de son discours les aspects libéraux de son programme de gouvernement. Cette stratégie a en quelque sorte payé puisqu'en 2006, l'opposant à Hugo Chavez, Manuel Rosales, n'avait recueilli que 36,85% des votes.
L'insécurité sera le prochain chantier d'Hugo Chavez. Elle atteint des sommets. Le gouvernement estime qu'il y a eu 14.000 homicides en 2011 contre 18.850 selon l'Observatoire vénézuélien de la violence (OVV).
Julie Pacorel et Sébastien Risso - Le Nouvel Observateur
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