Des policiers devant des corps allongés de mineurs, devant la mine de Marikana, le 16 août. REUTERS/SIPHIWE SIBEKO Plusieurs mineurs grév...
Plusieurs mineurs grévistes ont été blessés, jeudi 18 août, lors d'un violent affrontement avec la police à la mine de Marikana en Afrique du Sud, où des violences liées à un conflit social avaient déjà fait dix morts depuis dimanche. Aucune source fiable n'a pu confirmer que des mineurs avaient été tués, mais plusieurs témoignages ont fait état de corps gisant sur le sol et saignant abondamment. Officiellement, la police a utilisé des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. L'agence de presse SAPA (South African Press Association) a dénombré dix-huit corps allongés, sans préciser s'ils étaient morts ou blessés.
Selon Reuters, des policiers, lourdement armés et appuyés par des véhicules blindés, étaient en train de dresser des barrages de fils barbelés quand ils ont été débordés par quelque trois mille employés de la mine, située au nord-est de Johannesburg et exploitée par la société Lonmin. Ils ont alors tiré des rafales d'arme automatique sur un groupe de mineurs qui surgissait de derrière un véhicule. Au moins sept assaillants ont été tués, montrent des images tournées par Reuters Television.
"ILS N'ONT PAS L'INTENTION DE BOUGER"
Jeudi matin, plusieurs centaines d'hommes armés de gourdins, de barres de fer et de machettes s'étaient de nouveau regroupés à l'extérieur de la mine. Les grévistes réclamaient d'importantes augmentations de salaire. Dans la journée, la direction de la mine leur a intimé l'ordre de reprendre le travail vendredi, menaçant de licencier les récalcitrants. Face au refus des mineurs de se disperser, la police a tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Selon plusieurs témoignages, des mineurs ont répliqué avec des armes à feu.
Le porte-parole du syndicat des mineurs, Lesiba Seshoka, a déclaré à la chaîne d'information continue eNews que le président de l'AMCU, le petit syndicat qui avait appelé à la grève, avait tenté de persuader les mineurs de reprendre le travail, en vain. "Ils lui ont dit qu'ils étaient prêts à mourir (...) qu'ils n'avaient pas l'intention de bouger, qu'ils allaient appeler leurs enfants à les rejoindre" sur la colline où ils sont regroupés depuis lundi.
VIOLENCES INTERSYNDICALES
Des incidents avaient commencé vendredi dernier à la mine, lorsque des centaines de mineurs de fond ont lancé une grève sauvage. Certains, encouragés par le petit syndicat AMCU, réclamaient 12 500 rands par mois (1 250 euros), soit plus qu'un triplement de leur salaire actuel.
Des affrontements ont alors éclaté entre partisans de la NUM et ceux de l'AMCU, née d'une dissidence de la NUM. Dix personnes ont été tuées. Jeudi matin, plusieurs centaines d'hommes armés de gourdin, de barre de fer et de machette s'étaient de nouveau regroupés à l'extérieur de la mine. Des négociations entamées la veille avec les forces de l'ordre et les responsables de la mine n'avaient rien donné.
Les mineurs, qui vivent dans des taudis accolés à la mine, sans eau courante, touchent environ 4 000 rands par mois (400 euros). Ils demandaient de très importantes augmentations de salaire, jusqu'à 1 250 euros par mois. "Nous sommes exploités, ni le gouvernement ni les syndicats ne sont venus à notre aide", avait déclaré l'un d'eux mercredi, Thuso Masakeng, "les sociétés minières font de l'argent grâce à notre travail et on ne nous paye presque rien. Nous ne pouvons pas nous offrir une vie décente. Nous vivons comme des animaux à cause des salaires de misère".
Source : lemonde.fr avec AFP et Reuters
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