L'ONU a mis en garde contre le risque d'une "guerre civile catastrophique" en Syrie quelques heures avant des manifestati...
L'ONU a mis en garde contre le risque d'une "guerre civile catastrophique" en Syrie quelques heures avant des manifestations à l'appel de militants anti-régime en hommage aux 48 enfants tués dans le massacre de Houla, dont la responsabilité a été rejetée en bloc par Damas.
Ces manifestations se tiendront après l'expiration vendredi à 09H00 GMT d'un ultimatum fixé par le commandement intérieur de la rébellion au régime pour cesser les hostilités comme préconisé par le plan international de paix de Kofi Annan, resté lettre morte jusque-là et qui suscite des doutes grandissants.
Mais la possibilité d'un arrêt des violences semble éloignée, la répression menée par le pouvoir et les combats entre soldats et déserteurs ne connaissant aucun répit avec 44 morts jeudi dans le pays -30 civils et 14 militaires et déserteurs-, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Face à l'escalade, surtout après le massacre dans la région de Houla (centre) le 25 mai dans lequel 108 personnes ont péri au total, les craintes d'une guerre civile généralisée se sont multipliées.
Les autorités syriennes ont rejeté en bloc les accusations sur leur possible implication dans le carnage. Les résultats préliminaires de l'enquête officielle syrienne ont mis en cause des "groupes armés" qui "ont tué des familles pacifiques" à Houla ayant "refusé de se soulever contre l'Etat".
Les autorités refusent de reconnaître la révolte populaire, qu'elles répriment depuis son lancement en mars 2011 en accusant des "groupes terroristes" de semer le chaos dans le pays. Plus de 13.000 Syriens ont trouvé la mort, en majorité des civils, en plus de 14 mois, selon l'OSDH.
Les Etats-Unis ont qualifié de "mensonge flagrant" les conclusions de cette enquête. La Maison Blanche, tout en disant que Barack Obama était "horrifié" par les violences en Syrie, a souligné que Washington ne pouvait pas "mettre fin à toutes les horreurs dans le monde".
L'opposition a accusé le régime du massacre et un haut responsable de l'ONU a évoqué de "forts soupçons" sur l'implication des "chabbiha", des miliciens pro-régime. Plusieurs pays occidentaux ont expulsé les diplomates syriens après cette tuerie.
"Des massacres de ce genre peuvent faire sombrer la Syrie dans une guerre civile catastrophique, une guerre civile dont le pays ne pourra jamais se relever", a dit le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon à Istanbul.
Il a exhorté avec véhémence le régime de Bachar al-Assad à "honorer son engagement" d'appliquer le plan de paix du médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan, qui a instauré le 12 avril un cessez-le-feu systématiquement violé, malgré la présence des observateurs de l'ONU.
Le porte-parole des Affaires étrangères syriennes, Jihad Makdissi, a cependant regretté "que le secrétaire général de l'ONU se soit départi de sa mission de maintien de la paix et de la sécurité dans le monde, pour devenir un annonciateur de guerres civiles".
La communauté internationale reste paralysée par ses divisions sur la Syrie, la Russie, alliée indéfectible du régime Assad et dotée d'un droit de veto au Conseil de sécurité de l'ONU, réitérant qu'elle ne changerait pas sa position "équilibrée et logique" sous la pression.
La chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton a indiqué avoir dit aux Russes "que leur politique allait contribuer à une guerre civile".
L'ambassadrice américaine à l'ONU Susan Rice a de son côté jugé condamnables que des armes de Russie "continuent de parvenir à un régime qui utilise la force de manière aveugle et terrible contre son propre peuple".
Le président français François Hollande, qui reçoit vendredi à Paris son homologue Vladimir Poutine, a fait part de son ambition d'infléchir sa position.
Poursuivant sa première tournée à l'étranger depuis son élection, M. Poutine sera d'abord à Berlin avant Paris, où il affrontera des pressions pour infléchir son soutien à Damas, après une première étape au Bélarus.
Le secrétaire à la Défense américain Leon Panetta a estimé de son côté jeudi que toute intervention militaire devrait recevoir le soutien de l'ONU, tout en jugeant "intolérable" les actes de violences survenus récemment en Syrie. Selon l'ambassadeur américain auprès de l'Alliance atlantique, aucune discussion n'est en cours au sein de l'Otan en vue d'une éventuelle intervention en Syrie car les conditions ne sont pas réunies à l'heure actuelle.
Comme tous les vendredis, les militants pro-démocratie ont appelé à manifester massivement en Syrie, cette fois-ci en hommage aux enfants massacrés à Houla. "Un nouveau volcan de colère est en éruption grâce à eux... A ces êtres purs qui ont été égorgés sur l'autel de notre liberté (...) demain vendredi, nous nous soulèverons de manière retentissante et leur promettrons qu'il n'y aura pas de deuxième Houla", écrivent-ils sur leur page Facebook.
Parallèlement, la télévision d'Etat a appelé la population à réciter vendredi la prière des morts "dans toutes les mosquées de Syrie", en hommage aux victimes de Houla.
Enfin, M. Annan, qui était à Damas mardi, a poursuivi sa tournée dans la région en rencontrant le président Michel Sleimane au Liban, où le conflit syrien a généré des tensions meurtrières.
Un groupe jusque-là inconnu, "Révolutionnaires de Syrie-Province d'Alep", a affirmé détenir 13 Libanais chiites enlevés le 22 mai en Syrie, dans un communiqué diffusé par la chaîne arabe Al-Jazeera, et réclamé des "excuses" du chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah, qui avait réitéré dans son dernier discours son soutien au régime Assad.
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