L'intervention des gendarmes pour chasser les femmes d'une plage publique proche de Moroni dimanche, à l'instigation des dignit...
L'intervention des gendarmes pour chasser les femmes d'une plage publique proche de Moroni dimanche, à l'instigation des dignitaires musulmans, provoque la colère des jeunes Comoriens qui en appellent au gouvernement pour protéger leur liberté.
Dimanche, les forces de l'ordre ont pris position autour de la place d'Itsandra-Mdjini pour en interdire l'accès aux femmes, a constaté un journaliste de l'AFP. Un semblable incident s'était déjà produit le 27 mai.
Sept associations de la ville ont envoyé une lettre aux ministres de l'Education, de l'Intérieur, et au chef de l'Etat Ikililou Dhoinine, exigeant "une réaction rapide".
"L'affaire est très sérieuse et mérite une très grande attention. On se demande si nous ne sommes pas en passe de glisser dans une dictature des notables (...) avec la complicité active ou passive de ceux à qui nous avons confié notre destinée collective", écrivent les auteurs de cette lettre, dont l'AFP s'est procuré une copie.
N'hésitant pas à comparer ces dignitaires aux talibans afghans ou aux shebab somaliens, les signataires dénoncent "la sournoise instrumentalisation de la religion" et demandent à l'Etat de ne "pas laisser gérer sa responsabilité par une notabilité et des activistes religieux (...) contre les femmes et la jeunesse".
La plage d'Itsandra-Mdjini, rappelle cette lettre, "a toujours été publique, laïque, et ouverte à tous, sans discrimination d'âge ou de sexe".
Déjà en 2011, les dignitaires religieux musulmans avaient tenté de faire interdire la mixité sur la plage. Un groupe de jeunes avait alors fait irruption dans la principale mosquée de la ville, menaçant de révéler "les frasques" des chefs musulmans concernés.
Joint au téléphone par l'AFP, le Dr Mouthar Rachid, ancien ministre et grand notable de la ville refuse de parler de crise. "Nous sommes seulement contre la pagaille engendrée par la mixité de la plage l'après-midi, c'est tout", dit-il.
Le maire de la ville Raouf Mohamed s'est quant à lui refusé à tout commentaire.
Riche d'un passé spirituel et religieux, Itsandra est située à un kilomètre au nord de la capitale Moroni. Durant la période coloniale, sa plage et sa mythique guinguette était un lieu de détente prisé.
Source : lepoint.fr
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