Me Mihidoiri Ali contestait hier devant le tribunal administratif l’obligation faite par la préfecture à sa cliente, une jeune femme comorie...
Me Mihidoiri Ali contestait hier devant le tribunal administratif l’obligation faite par la préfecture à sa cliente, une jeune femme comorienne, de quitter le territoire dans un délai d’un mois (photo L.L-Y.).
TRIBUNAL ADMINISTRATIF. Alors qu'elle souhaite poursuivre ses études à la Réunion, où vit la seule famille qui lui reste depuis le décès de ses parents, une étudiante comorienne tente de s'élever contre l'injonction de quitter le territoire que lui a adressée la préfecture.
SAINT-DENIS
"C'est bien là l'illustration de la froideur et de l'inhumanité de la préfecture". Me Mihidoiri Ali n'a pas mâché ses mots au moment de prendre la défense d'Amina, une étudiante comorienne de 26 ans titulaire d'un DUT, venue à la Réunion passer des tests pour intégrer une licence en administration publique.
Orpheline depuis l'âge de 12 ans, elle a survécu aux Comores grâce à l'argent envoyé régulièrement par sa tante, qui vit à la Réunion avec son mari français.
Et si Amina a échoué aux tests pour intégrer la licence souhaitée, elle espérait néanmoins s'inscrire à l'université de la Réunion pour se remettre à niveau, et vivre aux côtés de la seule famille qui lui reste désormais.
"Aux Comores, elle est une femme seule, et donc une proie vulnérable. Elle ne veut pas être contrainte à un mariage forcé", explique son avocat, qui contestait hier devant le tribunal administratif l'obligation faite par la préfecture à la jeune femme de quitter le territoire dans un délai d'un mois.
"Considérations humanitaires"
Car l'étudiante, dont le titre de séjour avait expiré, a été dénoncée anonymement aux services de l'État avant d'avoir pu s'inscrire à l'université. "Elle a toute de suite précisé aux policiers qu'elle n'avait plus de famille aux Comores. Or, sa situation personnelle n'est aucunement mentionnée dans l'obligation qui lui est faite de quitter la France", souligne Me Ali en demandant l'annulation de la décision préfectorale pour défaut de motivation.
Et d'assurer que le code des étrangers permettrait sans problème de "mettre un terme à cette situation triste et dramatique" en accordant un titre de séjour à la jeune femme, au regard "de l'intensité, l'ancienneté et la stabilité des liens personnels et familiaux" qu'elle entretient avec la France, en l'occurrence sa tante et son oncle. "Un titre peut être délivré sur des considérations humanitaires", rappelle l'avocat.
Face à lui, le rapporteur public a conclu au rejet de la requête en considérant que le fait que la jeune femme avait pu vivre aux Comores jusqu'à ses 26 ans démontrait bien qu'elle n'était pas dans une situation de péril ou d'isolement justifiant la délivrance d'un titre de séjour en France.
L'affaire a été mise en délibéré, jugement sera rendu d'ici un mois
Sébastien Gignoux
Source : le journal de l'île de la Reunion
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