LE PLUS. Alors que le gouvernement Jospin n'affichait aucune diversité, Jean-marc Ayrault et François Hollande a suivi la voie ouverte...
LE PLUS. Alors que le gouvernement Jospin n'affichait aucune diversité, Jean-marc Ayrault et François Hollande a suivi la voie ouverte par Nicolas Sarkozy en 2007 : sept personnalités issues de "minorités visibles" sont devenues ministres. Il était temps !
Najat Vallaud-Belkacem et François Hollande, le 29 mars 2012 ( DAMOURETTE/SIPA) |
Il n’est évidemment pas question ici d’alimenter la controverse sémantique qui, trop souvent, permet à bon compte de ne pas évaluer les avancées ou les retards sur cette thématique de la mal nommée "diversité". Le terme "minorités visibles" renvoie aux personnes issues d’une immigration relativement récente (africaine et asiatique) et à celles qui sont originaires des DOM/TOM.
Un vocable devenu usuel qui permet de désigner des populations apparaissant enfin suffisamment représentées dans un gouvernement de la Ve République. L’outre-mer occupe ainsi une place inédite : trois membres du gouvernement Ayrault I sont nés dans les DOM-TOM. Trois autres sont issus de l’immigration maghrébine. Un dernier est né à Séoul. Il s’agit tout simplement d’un gouvernement aux couleurs de la France ! Pour la toute première fois.
Un travail débuté par Sarkozy
Néanmoins, même si l’anti-sarkozysme est à la mode, il convient de ne pas oublier l’effort sans précédent réalisé en 2007 par Nicolas Sarkozy : les nominations de Rachida Dati, Fadela Amara et Rama Yade font sensation car c’est alors la première fois que trois ministres appartenant aux minorités visibles sont nommés — et dire que le gouvernement de Jean-Marc Ayrault fait plus que doubler ce chiffre !
Souvenons-nous également que le fait de confier un portefeuille ministériel aussi important que celui de la justice, fonction régalienne de l'État, à une femme politique relevant des minorités visibles avait considérablement augmenté la charge symbolique de ces nominations à l’époque — sur ce plan, François Hollande ne pouvait pas faire moins et c’est Christiane Taubira qui est devenue garde des Sceaux.
Ainsi, au moment où la France paraît définitivement admettre sa "diversité" aux plus hauts postes de la vie publique, il est juste de rappeler que l’ancien président avait su marquer les esprits et, s’il l’on pouvait alors y voir une part d’instrumentalisation, force est de constater aujourd’hui que cela a pu lever des tabous : les places au gouvernement sont concrètement devenues accessibles aux personnes issues des minorités visibles.
On peut d’ailleurs considérer que les choix initiaux de Nicolas Sarkozy ont "obligé" les socialistes à se positionner avec plus de force sur cette question : le parti qui se dit progressiste ne pouvait plus rester sourd à la nécessité de voir toute la France représentée à l’Assemblée Nationale. Dès lors, des efforts ont été réalisés au moment des investitures pour les prochaines législatives. Il reste à attendre les résultats.
Alors que le gouvernement de Lionel Jospin n’affichait aucune "diversité", François Hollande et Jean-Marc Ayrault font prendre à la France la bonne direction. La dernière campagne présidentielle rendait ce choix encore plus incontournable : il est en effet impératif de montrer au plus grand nombre que les Français relevant des minorités visibles peuvent être parfaitement intégrés et servir leur pays en occupant des fonctions importantes. Ce premier gouvernement en est une bonne illustration. Il était temps !
Eric Keslassy vient de publier "Citations politiques expliquées" (Eyrolles) et "Lire Tocqueville. De la démocratie en Amérique" (Ellipses).
Édité par Louise Pothier
leplus.nouvelobs.com
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