Le coup d'Etat du 12 avril illustre une nouvelle fois le rôle majeur et déstabilisateur de l'armée en Guinée-Bissau, pays qui a o...
Une délégation ouest-africaine de haut niveau est attendue lundi à
Bissau pour tenter de trouver une issue à la crise née du coup d'Etat du
12 avril, qui a abouti à la dissolution des institutions et la création
d'un Conseil national de transition après un accord passé entre les
putschistes et d'ex-opposants.
Forte de plusieurs ministres et
chefs des armées de pays de la région, la délégation, conduite par le
président de la Commission de la Cédéao (Communauté économique des Etats
de l'Afrique de l'ouest, 15 Etats), Kadré Désiré Ouédraogo, doit
arriver dans l'après-midi à Bissau, porteuse d'un "message spécial
réitérant le rejet du coup d'Etat", a-t-on appris auprès de
l'organisation régionale.
Largement condamné par la communauté
internationale, le putsch a mis un coup d'arrêt au processus électoral
en cours dans ce petit pays, gangréné par le trafic de drogue et
régulièrement secoué par des troubles politico-militaires.
Donné
favori au second tour de la présidentielle prévu le 29 avril, le Premier
ministre Carlos Gomes Junior a été arrêté, de même que le président
intérimaire Raimundo Pereira et d'autres responsables du Parti africain
pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC, ex-pouvoir).
Selon
des sources militaires, M. Gomes Junior est actuellement détenu à la
base militaire de San Vicente, à 45 km au nord de Bissau, et M. Pereira à
l'état-major à Bissau.
Lundi,
le Secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, a à son tour
réclamé "la libération immédiate des responsables politiques retenus par
la force", le "rétablissement des autorités légales", ainsi que "la
tenue rapide du deuxième tour de l'élection présidentielle".
L'ancien président sénégalais a également apporté son "soutien" aux initiatives de la sous-région.
Délégation de poids
La
Cédéao, qui a exigé le retour à l'ordre constitutionnel, a délégué à
Bissau une délégation de poids, composée des chefs de la diplomatie
nigériane et ivoirienne, ainsi que des chefs des armées de ces deux
pays, du Burkina, du Bénin, de la Guinée et du Sénégal.
Cette
mission survient au lendemain de l'accord conclu entre la junte et
d'ex-opposants sur la dissolution des institutions et la création d'un
conseil national de transition. Une nouvelle réunion entre les deux
parties était prévue lundi matin à Bissau.
Selon Fernando Vaz,
porte-parole des partis de l'ex-opposition, "on s'attend à ce que soient
connus (lundi) le président, le Premier ministre et les (membres du)
gouvernement de transition" tout comme la durée de cette transition.
Vingt-trois
partis sur les 35 officiellement recensés en Guinée-Bissau étaient
représentés dimanche à la réunion entre la junte et l'ex-opposition.
Dix-sept partis ont voté pour l'accord, six se prononçant contre pour ne
pas "cautionner" le coup d'Etat, selon des sources proches des
discussions.
Selon ses détracteurs, l'accord a été initié par les
putschistes pour "légitimer" le coup d'Etat qui a provoqué la
consternation dans un pays très instable, devenu une plaque tournante du
trafic de cocaïne entre l'Amérique du Sud et l'Europe.
Le
principal syndicat du pays, l'UNTG, proche du PAIGC, a appelé à une
grève générale lundi pour protester contre le coup d'Etat.
Beaucoup
de Bissau-Guinéens redoutent une nouvelle flambée de violences et,
selon des sources concordantes, de nombreuses familles ont commencé
lundi à quitter la capitale pour l'intérieur du pays.
Dimanche
soir, la junte a annoncé la fermeture des frontières maritimes et
aériennes après la décision du Portugal, ancien colonisateur, de
dépêcher des moyens militaires navals et aériens pour préparer une
éventuelle évacuation de ses quelque 4.000 à 5.000 ressortissants de
Guinée-Bissau.
Source:AFP
COMMENTAIRES