Le conseil national de l'Ordre des médecins a présenté les dernières statistiques démographiques régionales. Des données détaillées qui ...
Le conseil national de l'Ordre des médecins a présenté les dernières statistiques démographiques régionales. Des données détaillées qui permettent d'avoir un aperçu de lasituation en juin 2011. Une fois de plus Mayotte se situe dans les bons derniers en matière d'effectif médical. Une situation qui s'explique par le manque d'attractivité du territoire.
Avec plus de 200 000 habitants, aujourd'hui Mayotte ne comptabilise que 2,4 % des médecins inscrits dans les DOM-TOM soit 166 médecins. Des effectifs trois fois inférieurs à ceux de la Guyane qui comptabilise pourtant une démographie sensiblement équivalente avec 230 500 habitants.
C'est chez nos voisins de la Réunion qu'on enregistre le plus grand nombre de médecins au niveau des territoires ultramarins, avec 36,2% des effectifs. Soit 287,3 professionnels pour 100 000 habitants contre 88 sur notre île. Des chiffres qui illustrent bien à quel point Mayotte a encore du mal à attirer les professionnels de la santé.
Ces dernières statistiques portant sur les effectifs, généralistes et spécialistes ; les densités ; les modes d'exercice (libéral ou salarié), ainsi que l'âge moyen des praticiens ont permis de mettre en avant des particularités propres à Mayotte.
Le CHM plus attractif que le privé
Mayotte.
Intertitre)) Le CHM plus attractif que le privé
Alors que dans les autres territoires, le ratio entre généralistes et spécialistes reste plutôt équilibré, à Mayotte on dénombre deux fois plus de généralistes (108), que de spécialistes (seulement 56). Autre disparité concernant cette fois-ci la répartition entre les professionnels du secteur privé et ceux du public. Avec la Guyane, notre île est le seul DOM à comptabiliser plus de médecins salariés (CHM à 77,2%) que de libéraux, (seulement 22,8%).
Ainsi seulement 16,1% des médecins spécialistes, travaillent pour leur compte contre 83,9% dans le privé. Il en est de même chez les généralistes. Le privé comptabilise 22,8% des effectifs alors que le CHM se taille la part du lion avec 77,2% des professionnels.
« Pour qu'un médecin s'installe dans un village, il faut qu'il ait un beau logement, un environnement qui lui soit agréable, qu'il travaille en cabinet à plusieurs de telle sorte à garantir une continuité du service et bénéficier d'une qualité de vie. Il faut aussi que les enfants puissent être scolarisés dans des établissements de qualité »
Une répartition Privé/ public qui s'explique en grande partie par l'arrivée toute récente de la sécurité sociale et du système de remboursement. Les autres facteurs étant la restructuration du réseau de dispensaires et l'arrêt des soins entièrement gratuits. Petit à petit, la médecine libérale a commencé à gagner du terrain. Entretemps, celle-ci s'est elle aussi démocratisée. Attirant une nouvelle clientèle mahoraise dont le pouvoir d'achat a lui aussi augmenté.
Des mesures incitatives
Pourtant, en dépit de la forte demande, les médecins ne se bousculent pas pour Mayotte. « Pour qu'un médecin s'installe dans un village, il faut qu'il ait un beau logement, un environnement qui lui soit agréable, qu'il travaille en cabinet à plusieurs de telle sorte à garantir une continuité du service et bénéficier d'une qualité de vie. Il faut aussi que les enfants puissent être scolarisés dans des établissements de qualité » explique Alain Daniel. Le directeur du CHM ne cache pas à quel point la situation sociale et géographique de l'île la rendent peut attrayante aux yeux du corps médical. Le CHM multiplie ainsi les efforts pour attirer les praticiens. En dehors de la prise de risque qui pousse de nombreux praticiens à privilégier le public, l'attrait du public s'explique ainsi par les nombreux avantages proposés au personnel expatrié. Une situation qui s'apparente à celle rencontrée dans l'éducation nationale.
Pour palier à ce manque d'attractivité certains suggèrent la mise en place de mesures fiscales avantageuses, notamment dans le privé avec la création d'une zone franche sanitaire, comme c'est déjà le cas à la Réunion ou en Guyane. Mais seule une réelle volonté politique pourrait faire avancer les choses en la matière. Pourtant cette mesure ne semble pas faire l'unanimité. « Quand on incite les gens à s'installer, on attire que ceux dont personne ne veut et ceux qui sont attirés que par l'argent » prévient un médecin qui s'inquiète d'un autre phénomène, l'arrivée de médecins étrangers qui n'ont pas forcément suivi le cursus requis en France. Albalad
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