Nicolas Sarkozy et Hu Jintao, à Pékin, le 30 mars 2011. AFP/ERIC FEFERBERG L'opinion publique chinoise peine à comprendre pour quelle...
Nicolas Sarkozy et Hu Jintao, à Pékin, le 30 mars 2011. |
L'opinion publique chinoise peine à comprendre pour quelles raisons Pékin devrait aider l'Europe. En visite en Autriche, avant de se rendre au sommet du G20 de Cannes (Alpes-Maritimes), le président Hu Jintao s'est dit "convaincu", lundi 31 octobre, de la capacité de l'Europe à s'extirper du marasme et le gouvernement chinois a précisé qu'il pourrait s'engager dans le fonds de stabilité européen (FESF), même s'il attend davantage de détails.
Mais le peuple chinois, lui, est franchement sceptique. Sur Sina Weibo, l'équivalent local de Twitter, le commentateur Hong Songbing lance : "Faire un don pour les handicapés est bon mais prêter à ceux qui jouissent du luxe et du bien-être est stupide !"
Auteur d'ouvrages à succès sur la guerre des monnaies, Hong Songbing, dont les commentaires épicés sont suivis par un peu plus d'un million d'internautes et re-twittés, considère que la Chine risquerait de passer pour l'ingénu du village global si elle n'obtenait pas de contreparties tangibles :"Quid du statut d'économie de marché ? De l'embargo sur les exportations d'armes ? Cela doit se traduire par du concret !", relève-t-il.
Premier exportateur mondial, la Chine dispose de 3 200 milliards de dollars (2 330 milliards d'euros) de réserves de change. La majorité de cette somme est placée en bons du Trésor américain, mais le pays veut diversifier ses placements. Pékin a ainsi établi, dès 2007, un fonds d'investissement, doté, fin 2010, de 410 milliards de dollars et chargé d'obtenir de meilleurs rendements. Des placements malheureux se sont toutefois traduits par de lourdes pertes et ont valu aux hauts fonctionnaires gestionnaires les foudres du parti.
Ces "aventures" internationales se sont traduites par une vive aversion au risque. Leur souvenir rend difficile la question du soutien à l'Europe, selon Andy Xie, ex-chef économiste de Morgan Stanley en Asie.
Ingratitude européenne
Sur le plan économique, la Chine sait pourtant qu'elle a intérêt à soutenir l'Union européenne, son premier partenaire commercial. Mais elle considère que"l'Europe la traite mal". Par exemple en ne lui reconnaissant pas le statut d'économie de marché à l'Organisation mondiale du commerce, ce qui lui coûte en taxes douanières.
Les Chinois sentent que "l'argent ne fera pas changer d'avis l'Europe" sur ce sujet, constate M. Xie, selon qui Pékin juge dangereux de se mêler aux querelles politiques du Vieux Continent. Par ailleurs, la scène politique intérieure n'est pas convaincue, ajoute-t-il : "Le peuple chinois n'apportera pas son soutien. Il pense qu'il travaille trois fois plus que les Grecs pour ne gagner qu'un dixième."
D'autant que la Chine subit ses propres maux : la croissance ralentit légèrement, une partie des prêts souscrits par les divers gouvernements locaux pour lancer des projets d'infrastructures face à la crise ne pourra pas être honorée à temps. Quant aux médias du pays, ils se font l'écho des fuites de patrons endettés dans la ville côtière de Wenzhou. Autant de sujets intérieurs incitant à la frilosité internationale.
L'opinion branchée sur Internet s'est saisie d'un débat longtemps réservé aux technocrates de la capitale. En juillet déjà, les Chinois avaient observé avec inquiétude les discussions sur la levée du plafond d'endettement public aux Etats-Unis. Ils avaient réalisé que la valeur des avoirs de leur pays était suspendue à des questions de politique intérieure américaine.
"La prise de conscience populaire est récente mais elle grimpe", note Ding Chun, directeur du centre d'études européennes de l'université de Fudan à Shanghaï. Selon lui, les Chinois ne comprennent pas pourquoi ils devraient soutenir des pays européens où le revenu par habitant est supérieur au leur :"Pour eux, c'est le pauvre qui est supplié de sauver le riche !" lemonde.fr
Mais le peuple chinois, lui, est franchement sceptique. Sur Sina Weibo, l'équivalent local de Twitter, le commentateur Hong Songbing lance : "Faire un don pour les handicapés est bon mais prêter à ceux qui jouissent du luxe et du bien-être est stupide !"
Auteur d'ouvrages à succès sur la guerre des monnaies, Hong Songbing, dont les commentaires épicés sont suivis par un peu plus d'un million d'internautes et re-twittés, considère que la Chine risquerait de passer pour l'ingénu du village global si elle n'obtenait pas de contreparties tangibles :"Quid du statut d'économie de marché ? De l'embargo sur les exportations d'armes ? Cela doit se traduire par du concret !", relève-t-il.
Premier exportateur mondial, la Chine dispose de 3 200 milliards de dollars (2 330 milliards d'euros) de réserves de change. La majorité de cette somme est placée en bons du Trésor américain, mais le pays veut diversifier ses placements. Pékin a ainsi établi, dès 2007, un fonds d'investissement, doté, fin 2010, de 410 milliards de dollars et chargé d'obtenir de meilleurs rendements. Des placements malheureux se sont toutefois traduits par de lourdes pertes et ont valu aux hauts fonctionnaires gestionnaires les foudres du parti.
Ces "aventures" internationales se sont traduites par une vive aversion au risque. Leur souvenir rend difficile la question du soutien à l'Europe, selon Andy Xie, ex-chef économiste de Morgan Stanley en Asie.
Ingratitude européenne
Sur le plan économique, la Chine sait pourtant qu'elle a intérêt à soutenir l'Union européenne, son premier partenaire commercial. Mais elle considère que"l'Europe la traite mal". Par exemple en ne lui reconnaissant pas le statut d'économie de marché à l'Organisation mondiale du commerce, ce qui lui coûte en taxes douanières.
Les Chinois sentent que "l'argent ne fera pas changer d'avis l'Europe" sur ce sujet, constate M. Xie, selon qui Pékin juge dangereux de se mêler aux querelles politiques du Vieux Continent. Par ailleurs, la scène politique intérieure n'est pas convaincue, ajoute-t-il : "Le peuple chinois n'apportera pas son soutien. Il pense qu'il travaille trois fois plus que les Grecs pour ne gagner qu'un dixième."
D'autant que la Chine subit ses propres maux : la croissance ralentit légèrement, une partie des prêts souscrits par les divers gouvernements locaux pour lancer des projets d'infrastructures face à la crise ne pourra pas être honorée à temps. Quant aux médias du pays, ils se font l'écho des fuites de patrons endettés dans la ville côtière de Wenzhou. Autant de sujets intérieurs incitant à la frilosité internationale.
L'opinion branchée sur Internet s'est saisie d'un débat longtemps réservé aux technocrates de la capitale. En juillet déjà, les Chinois avaient observé avec inquiétude les discussions sur la levée du plafond d'endettement public aux Etats-Unis. Ils avaient réalisé que la valeur des avoirs de leur pays était suspendue à des questions de politique intérieure américaine.
"La prise de conscience populaire est récente mais elle grimpe", note Ding Chun, directeur du centre d'études européennes de l'université de Fudan à Shanghaï. Selon lui, les Chinois ne comprennent pas pourquoi ils devraient soutenir des pays européens où le revenu par habitant est supérieur au leur :"Pour eux, c'est le pauvre qui est supplié de sauver le riche !" lemonde.fr
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