Question à 1000 euros : “Pourquoi, maintenant que la surveillance de la Paf s’est relâchée et que les départs de kwasas se font plus massi...
Question à 1000 euros : “Pourquoi, maintenant que la surveillance de la Paf s’est relâchée et que les
départs de kwasas se font plus massivement, l’on n’apprend pas qu’il y en a un qui a fait naufrage. Je commence
à être persuadé que, effectivement, les garde-frontières mahorais les coulaient!”
départs de kwasas se font plus massivement, l’on n’apprend pas qu’il y en a un qui a fait naufrage. Je commence
à être persuadé que, effectivement, les garde-frontières mahorais les coulaient!”
Quelque temps après le
déclenchement, il y a
quatre semaines, des
émeutes sur la vie chère
à Mayotte, les rapports entre l’île
hippocampe en ébullition et sa plus
proche voisine, Anjouan, se sont en
quelque sorte inversés. C’est désormais
la dernière qui approvisionne
l’autre en produits alimentaires,
chose jusqu’ici inimaginable.
Les départs de kwassas bien garnis
de conserves (boîtes de sardines,
lait, vermicelles etc.) et d’autres aliments
(bananes, maniocs, ailes de
poulets…) d’antan interdits d’entrée
à Mayotte, s’observent sur
toute Anjouan, surtout dans la
région de Domoni et du
Nyumakele, points les plus proches
de Maore, qui abritent l’essentiel
des “ports” pour les départs clandestins.
Soldo, animateur de radio Domoni
Inter rencontré à Mutsamudu, dit
assister quotidiennement à ces
départs : “Ce qui se passe actuellement
dans la région [Domoni et
alentours], ce sont les départs quotidiens
de kwasas transportant des
vivres à destination des familles
anjouanaises qui sont à Mayotte.
C’est sidérant”. Et à son ami, qui se
tient à côté de lui, de rajouter :
“Mais il y a aussi les départs massifs
des hommes qui veulent profiter
de cette brèche pour entrer à
Mayotte, malgré la situation qui y
prévaut. Car on dit que la surveillance
des frontières y est tout à
fait lâchée.” Ceux-là sont les optimistes,
qui croient à un retour rapide
au calme et à une reprise de la
vie économique et sociale dans
l’île.
“Ils veulent revenir”
Il est vrai, d’après les témoignages
de personnes se trouvant à Mayotte,
que les choses empirent de jour en
jour. Saidomar, gérant d’un petit
studio multiservices à Mutsamudu,
raconte ce que lui a témoigné par
téléphone un proche parent se trouvant
à Dzaudzi : “L’on m’a dit que
Racoutou et ses amis, qui se sont
rendu à Mayotte dans le cadre
d’activités musicales, crient actuellement
la famine et voudraient vite
retourner à Anjouan. Toute la journée,
ils ont cherché à acheter des
boîtes de vermicelle pour se nourrir,
mais ils ne trouvent pas de boutique
ouverte.”
déclenchement, il y a
quatre semaines, des
émeutes sur la vie chère
à Mayotte, les rapports entre l’île
hippocampe en ébullition et sa plus
proche voisine, Anjouan, se sont en
quelque sorte inversés. C’est désormais
la dernière qui approvisionne
l’autre en produits alimentaires,
chose jusqu’ici inimaginable.
Les départs de kwassas bien garnis
de conserves (boîtes de sardines,
lait, vermicelles etc.) et d’autres aliments
(bananes, maniocs, ailes de
poulets…) d’antan interdits d’entrée
à Mayotte, s’observent sur
toute Anjouan, surtout dans la
région de Domoni et du
Nyumakele, points les plus proches
de Maore, qui abritent l’essentiel
des “ports” pour les départs clandestins.
Soldo, animateur de radio Domoni
Inter rencontré à Mutsamudu, dit
assister quotidiennement à ces
départs : “Ce qui se passe actuellement
dans la région [Domoni et
alentours], ce sont les départs quotidiens
de kwasas transportant des
vivres à destination des familles
anjouanaises qui sont à Mayotte.
C’est sidérant”. Et à son ami, qui se
tient à côté de lui, de rajouter :
“Mais il y a aussi les départs massifs
des hommes qui veulent profiter
de cette brèche pour entrer à
Mayotte, malgré la situation qui y
prévaut. Car on dit que la surveillance
des frontières y est tout à
fait lâchée.” Ceux-là sont les optimistes,
qui croient à un retour rapide
au calme et à une reprise de la
vie économique et sociale dans
l’île.
“Ils veulent revenir”
Il est vrai, d’après les témoignages
de personnes se trouvant à Mayotte,
que les choses empirent de jour en
jour. Saidomar, gérant d’un petit
studio multiservices à Mutsamudu,
raconte ce que lui a témoigné par
téléphone un proche parent se trouvant
à Dzaudzi : “L’on m’a dit que
Racoutou et ses amis, qui se sont
rendu à Mayotte dans le cadre
d’activités musicales, crient actuellement
la famine et voudraient vite
retourner à Anjouan. Toute la journée,
ils ont cherché à acheter des
boîtes de vermicelle pour se nourrir,
mais ils ne trouvent pas de boutique
ouverte.”
La crise à Mayotte et le ravitaillement
de l’île par Anjouan ne fait
cependant qu’enfoncer cette dernière
dans la précarité, car Mayotte est
pour Anjouan ce que Marseille est
pour la Grande-Comore : beaucoup
d’Anjouanais vivent en grande partie
des ressources de leurs familles
installées à Mayotte.
Nabil, un confrère journaliste, dit
avoir recueilli ce témoignage d’une
femme de Mremani (Nyumakele) :
“Elle m’a dit que depuis que cette
crise touche Mayotte, elle ne fait
qu’accumuler les dettes pour pouvoir
survivre. Elle dit dépendre
entièrement de ses enfants qui sont
là-bas et que, si les choses ne rentrent
pas dans l’ordre rapidement,
elle a de fortes chances de se retrouver
ou dans la rue, ou en prison.”
Depuis l’instauration, en 1994, du
visa d’entrée à Mayotte par le gouvernement
français pour les
Comoriens des îles indépendantes,
sauf pendant les quelques impétueux
moments du kashkazi ou du
kussi, il ne se passait pas une journée
à Ndzuwani sans départ de
kwassa vers l’île comorienne sous
domination française.
“Et pourquoi?”
De même, il ne se passait pas un
mois sans qu’un kwasa, ces frêles
embarcations qui assurent la traversée
clandestine vers Mayotte, ne se
soit chaviré ou tout simplement
porté disparu. Et là, certains se livrent
à ce commentaire à la fois
étonnant et congru : “Et pourquoi,
maintenant que la surveillance de
la Paf (police aux frontières) s’est
relâchée et que les départs de kwasas
se font plus massivement, l’on
n’apprend pas qu’il y en a un qui a
fait naufrage. Je commence à être
persuadé que, effectivement, les
garde-frontières mahorais les coulaient!”
SM
de l’île par Anjouan ne fait
cependant qu’enfoncer cette dernière
dans la précarité, car Mayotte est
pour Anjouan ce que Marseille est
pour la Grande-Comore : beaucoup
d’Anjouanais vivent en grande partie
des ressources de leurs familles
installées à Mayotte.
Nabil, un confrère journaliste, dit
avoir recueilli ce témoignage d’une
femme de Mremani (Nyumakele) :
“Elle m’a dit que depuis que cette
crise touche Mayotte, elle ne fait
qu’accumuler les dettes pour pouvoir
survivre. Elle dit dépendre
entièrement de ses enfants qui sont
là-bas et que, si les choses ne rentrent
pas dans l’ordre rapidement,
elle a de fortes chances de se retrouver
ou dans la rue, ou en prison.”
Depuis l’instauration, en 1994, du
visa d’entrée à Mayotte par le gouvernement
français pour les
Comoriens des îles indépendantes,
sauf pendant les quelques impétueux
moments du kashkazi ou du
kussi, il ne se passait pas une journée
à Ndzuwani sans départ de
kwassa vers l’île comorienne sous
domination française.
“Et pourquoi?”
De même, il ne se passait pas un
mois sans qu’un kwasa, ces frêles
embarcations qui assurent la traversée
clandestine vers Mayotte, ne se
soit chaviré ou tout simplement
porté disparu. Et là, certains se livrent
à ce commentaire à la fois
étonnant et congru : “Et pourquoi,
maintenant que la surveillance de
la Paf (police aux frontières) s’est
relâchée et que les départs de kwasas
se font plus massivement, l’on
n’apprend pas qu’il y en a un qui a
fait naufrage. Je commence à être
persuadé que, effectivement, les
garde-frontières mahorais les coulaient!”
SM