Hier matin, dimanche, des habitants de Bandrélé se sont réunis afin de formaliser et organiser une riposte citoyenne aux vols, agressions ...
Hier matin, dimanche, des habitants de Bandrélé se sont réunis afin de formaliser et organiser une riposte citoyenne aux vols, agressions physiques et sexuelles qui pourrissent la vie de la population depuis plusieurs mois. | |||
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C'est une agression sexuelle perpétrée jeudi dernier, 20 octobre, dans des conditions identiques, suivie d'une autre dans le village, qui a décidé la population de Bandrélé à agir. Dans un premier temps, les habitants du quartier où avait eu lieu l'agression ont organisé des « rondes citoyennes », comme ils tiennent à les qualifier et non des « milices armées » tel qu'on a pu l'entendre à la radio, « un dérapage verbal », disent-ils. « Nos seules armes sont des bâtons, face à des gens armés de chombos(1) », précise Pierre qui participe lui-même à ces rondes de nuit comme il l'avait déjà fait l'année dernière lors d'une précédente vagues de cambriolages dans le même quartier de Mougnendré.
Ce dimanche matin, ce sont donc des habitants de tout le village, mahorais et wazungus réunis -le fait est à signaler en cette période de tension entre les deux communautés- qui s'étaient retrouvés à la mairie de Bandrélé afin de mettre au point une stratégie pour faire face à ce fléau qui empêche littéralement le village de dormir depuis plusieurs semaines. Une intervenante attire l'attention sur l'ampleur du phénomène en dressant une liste des quartiers et des agressions qui s'y sont déroulées. Tous les quartiers du village(2) sont concernés.
Mari Mustoihi, présent à cette réunion en tant que simple citoyen et pas en sa qualité d'ancien conseiller général de Bandrélé, prévient dans sa présentation que « l'objectif [de cette réunion], ce n'est pas d'indexer les uns ou les autres, mais de chercher une solution collective », reconnaissant qu'« il y a un certain nombre de choses qui manquent ou qui n'ont pas été bien faites dans le village qui ont amené à cette situation ». Il prévient que « si on ne trouve pas une solution, ça risque d'augmenter ».
Un bacoco(3) du village, Atoumani Allaoui, prendra la parole en shimaorais pour demander à ce que la loi du silence n'ait plus cours, autant du côté des élus que des familles. « Nous ne devons pas craindre les conflits entre familles» et aucun délinquant ne doit être protégé sous prétexte qu'il est ''fils de''.
Le problème du traitement social et du peu de moyens mis dans les structures et l'encadrement des jeunes a également été très brièvement évoqué. La commune de Pamandzi reste la seule de Mayotte où existe une véritable politique sociale orientée vers la jeunesse.
Bien entendu, le rôle de la gendarmerie est évoquée et la population présente fait le constat qu'il n'est guère possible de se reposer uniquement sur les 12 gendarmes de la brigade de M'Zouazia qui doivent couvrir les 4 communes du sud qui représentent 25.000 habitants. Par exemple, il faut au minimum 25 minutes aux gendarmes pour se rendre à Hamouro qui se trouve sur la commune de Bandrélé. « Cela fait plusieurs années que nous demandons la création d'une gendarmerie à Bandrélé » rappelle un des intervenants. Mansour, adjoint au maire, prend la parole pour dire qu'« une gendarmerie était prévue sur la commune de Bandrélé (…) mais que faute de moyens de l'état, celle-ci est suspendue ». Il regrette également que la police municipale « manque de moyens humains et financiers » pour effectuer une surveillance du village, d'autant plus qu'« on se heurte à des problèmes juridiques ». Mansour rappelle que « régulièrement, on relance le procureur sur le problème de sécurité ». Il annonce cependant que « le problème sera mis à l'ordre du jour du prochain conseil municipal ».
Un comité constitué d'un représentant de chaque quartier a donc été mis en place afin de « passer à une action réfléchie (...) qui repose sur un consensus général » pour éviter des « choses qu'on n'arrivera pas à maîtriser ».
(1) Machette
(2) A Mayotte, la terminologie est un peu différente de la métropole, les communes sont plus étendues et comportent plusieurs villages. Le ''village'' de Bandrélé compte plus de 2.000 habitants.
(3) Ancien
(Source : Malango Actualité)
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