Le prochain long-métrage de l'Américaine Kathryn Bigelow, 59 ans, la première réalisatrice à remporter l'Oscar du meilleur film à H...
Le prochain long-métrage de l'Américaine Kathryn Bigelow, 59 ans, la première réalisatrice à remporter l'Oscar du meilleur film à Hollywood pour Démineurs, en 2010, va raconter la traque, et la mort, du leader d'Al-Qaida, Oussama Ben Laden, entamée par les Américains il y a dix ans, après les attentats du 11-Septembre 2001. Produit par Columbia Pictures (Sony), en pré-production, ce projet appelé "Untitled International Thriller" sur la base de données du cinéma IMDB (Internet Movie Database), est aussi connu sous le titre provisoire de Kill Bin Laden (Tuer Ben Laden).
Le scénario, annoncé à la fin 2010, est écrit par Mark Boal, à qui on doit déjà celui de Démineurs - une adaptation de son récit sur son séjour dans une unité de démineurs en Irak. Il devait évoquer les tentatives infructueuses pour neutraliser le leader terroriste, entre autres dans la montagne de Tora Bora en Afghanistan. Mais l'histoire a changé avec la mort de Ben Laden, au Pakistan le 1er mai.
La sortie du film est prévue le 12 octobre 2012, à temps pour participer aux Oscars, mais également trois semaines avant l'élection présidentielle qui verra Barack Obama dans la course pour un second mandat. Il n'en a pas fallu plus pour déclencher une controverse, surtout dans les milieux conservateurs, sur le timing d'un film qui se termine sur la décision présidentielle d'un raid victorieux des Navy Seals et la mort du terroriste.
Bref, le film peut-il favoriser la réélection d'Obama ? Sur son site Web BigHollywood, Andrew Breitbart s'indigne : "Cette date de sortie du film est comme l'éléphant au milieu de la pièce. Il n'y a aucune raison logique de le sortir à cette date, sauf pour donner à Barack Obama un boost préélectoral, et l'équivalent d'une contribution politique de 50 à 70 millions de dollars !"
Accusation "ridicule"
Peter King, député républicain de l'Etat de New York, président du Homeland Security Committee à la Chambre des représentants, veut savoir si le Pentagone ou la CIA ont donné à Kathryn Bigelow un accès privilégié à des informations classées secret-défense qui pourraient compromettre la sécurité de futures opérations. "Ridicule, a répondu le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney. Nous ne discutons jamais d'informations classifiées. On pourrait espérer que le Comité sur la sécurité intérieure ait des sujets plus importants à débattre qu'un film."
Le Pentagone a une longue tradition de collaboration avec les cinéastes d'Hollywood, à qui les militaires ont souvent fourni des conseils, ou même du matériel de guerre ; juste "par souci d'exactitude", dit Jay Carney. Pour le tournage de Black Hawk Down (2001), de Ridley Scott, montrant un revers des soldats américains en Somalie, l'armée a même prêté ses hélicoptères et ses pilotes.
Kathryn Bigelow et Mark Boal n'ont pas souhaité répondre aux questions du Monde, mais ils entendent faire taire les critiques dans un texte cosigné : "Notre projet sur la traque de Ben Laden remonte à longtemps et intègre les efforts collectifs de trois administrations successives, celles des présidents Clinton, Bush et Obama, ainsi que la coopération du département de la défense et de la CIA." Ils ajoutent : "La dangereuse tâche de trouver l'homme le plus recherché du monde a été accomplie par des membres de l'armée et du renseignement qui ont mis leurs vies en jeu pour le plus grand bien de tous et sans souci d'affiliation politique. C'était un triomphe américain, à la fois héroïque et non partisan, et suggérer que notre film représentera cette immense victoire différemment est sans fondement."le monde
COMMENTAIRES