Mayotte. Trois membres du groupe d’intervention régional (GIR) ont été mis en examen fin juillet pour leur participation présumée à un...
Dans deux mails adressés au juge d’instruction, un général demande de surseoir à la convocation des gendarmes impliqués.
L’affaire des enquêteurs ripoux de Mayotte continue à faire des vagues sur cette île de l’océan Indien, dernier-né des départements français. Le 27 juillet, deux gendarmes et un policier, tous membres du groupe d’intervention régional (GIR), ont été mis en examen pour leur participation présumée à un trafic de drogue qui a fait au moins une victime.
Deux d’entre eux ont été mis en examen pour « homicide involontaire ». C’est le décès par overdose d’héroïne en janvier dernier d’une jeune fille de 18 ans — Roukia — qui a mis les gendarmes de la section de recherches (SR) sur la trace de leurs collègues du GIR. En garde à vue et face au juge d’instruction, les deux revendeurs ont expliqué qu’ils travaillaient comme indicateurs officiels pour le GIR et que la drogue avait été importée à la demande des enquêteurs et remise en circulation avec leur assentiment. Une affaire sérieuse qui gêne manifestement la Direction de la gendarmerie.
«Ce mail est très clairement une pression sur le juge»
Le dossier d’instruction comprend deux mails étonnants que nous nous sommes procurés. Rédigés par le général de division Jean-Régis Véchambre, le patron de la gendarmerie outre-mer à Paris, ils sont adressés au juge d’instruction Hakim Karki. Le général paraît particulièrement inquiet de la possible convocation de ses troupes. Dans le premier message, le 5 juillet, l’officier insiste sur le non-retour des deux enquêtes internes diligentées par l’Inspection de la gendarmerie et de la police. En l’absence des résultats, lancer des convocations serait selon lui « prématuré ». « Ces enquêtes internes ne changent rien à la poursuite de l’enquête judiciaire. Avec les révélations des indicateurs, il était évident que les gendarmes allaient être convoqués », estime une source proche du dossier.
Le 6 juillet : nouveau message. Sauf qu’entre-temps les convocations sont parties. « Je ne vous cache pas ma surprise », écrit alors le général Véchambre, qui ressort l’argument des inspections. A mots feutrés, l’officier tente d’influencer le magistrat en évoquant, pêle-mêle, l’atteinte à « l’image de la justice » ou la nécessaire « cohésion » qui doit régner entre les acteurs de la chaîne pénale face aux « défis majeurs de sécurité ». Mais la conclusion du mail est claire : « Je me demande donc sincèrement s’il ne serait pas prudent de remettre à plus tard de telles convocations. »
« Ce mail est très clairement une pression sur le juge », analyse une source proche du dossier. Les convocations ont néanmoins débouché sur les mises en examen des fonctionnaires. Contactée, la Direction générale de la gendarmerie reste muette.
Le Parisien
«Ce mail est très clairement une pression sur le juge»
Le dossier d’instruction comprend deux mails étonnants que nous nous sommes procurés. Rédigés par le général de division Jean-Régis Véchambre, le patron de la gendarmerie outre-mer à Paris, ils sont adressés au juge d’instruction Hakim Karki. Le général paraît particulièrement inquiet de la possible convocation de ses troupes. Dans le premier message, le 5 juillet, l’officier insiste sur le non-retour des deux enquêtes internes diligentées par l’Inspection de la gendarmerie et de la police. En l’absence des résultats, lancer des convocations serait selon lui « prématuré ». « Ces enquêtes internes ne changent rien à la poursuite de l’enquête judiciaire. Avec les révélations des indicateurs, il était évident que les gendarmes allaient être convoqués », estime une source proche du dossier.
Le 6 juillet : nouveau message. Sauf qu’entre-temps les convocations sont parties. « Je ne vous cache pas ma surprise », écrit alors le général Véchambre, qui ressort l’argument des inspections. A mots feutrés, l’officier tente d’influencer le magistrat en évoquant, pêle-mêle, l’atteinte à « l’image de la justice » ou la nécessaire « cohésion » qui doit régner entre les acteurs de la chaîne pénale face aux « défis majeurs de sécurité ». Mais la conclusion du mail est claire : « Je me demande donc sincèrement s’il ne serait pas prudent de remettre à plus tard de telles convocations. »
« Ce mail est très clairement une pression sur le juge », analyse une source proche du dossier. Les convocations ont néanmoins débouché sur les mises en examen des fonctionnaires. Contactée, la Direction générale de la gendarmerie reste muette.
Le Parisien
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