En finale de la Coupe du monde 98, l'équipe de France s'est imposée face au Brésil (3-0) et devient championne du monde pour la pre...
En finale de la Coupe du monde 98, l'équipe de France s'est imposée face au Brésil (3-0) et devient championne du monde pour la première fois de son histoire. Historique…
Historique ! Devant son public du Stade de France, l'équipe de France a renversé l'ogre brésilien pour décrocher son premier titre mondial. Avant tout le succès d'une équipe, dans une finale qui a néanmoins consacré la naissance d'une étoile : Zinédine Zidane.
Blanc suspendu
Aimé Jacquet avait reconduit son 4-3-2-1, alignant la même équipe qu'en demi-finale à l'exception de Laurent Blanc, suspendu après son expulsion face à la Croatie. La solidité défensive, vraie force des Bleus (2 buts encaissés jusque-là), reposait pour beaucoup sur un duo Blanc – Desailly complémentaire et à l'entente parfaite. L'interrogation principale résidait donc dans la capacité de Leboeuf à remplacer efficacement le « Président » pour museler la star brésilienne, Ronaldo.
Ronaldo, justement, était au centre de l'intérêt médiatique jusqu'à peu de temps avant la finale. Initialement remplaçant, la faute à une blessure à la cheville*, l'attaquant de l'Inter Milan était finalement titularisé à 72 minutes du coup d'envoi. Le doute planait sur son état de forme : était-il réellement en état de jouer, capable d'inquiéter la meilleure défense du tournoi ? Pour le reste, Mario Zagallo avait opté pour un 4-4-2 fluide, comptant beaucoup sur les innombrables montées de ses latéraux.
Maîtrise des Bleus
La première période a été marquée par l'impressionnante maîtrise des Bleus. Préparés à subir, ils ont parfaitement su neutraliser les armes offensives brésiliennes grâce à une organisation rigoureuse. Avec trois milieux travailleurs, l'assise défensive des hommes d'Aimé Jacquet était évidemment importante. Ainsi l'équipe de France a-t-elle clairement été supérieure au Brésil dans l'entrejeu en première période, se montrant bien plus agressive dans les duels. Sous l'impulsion de Deschamps, le travail de récupération était très efficace. Les espaces dans l'axe étaient bien fermés, ce qui gênait la relance brésilienne en quête de relais au milieu.
Pour éviter de se faire prendre dans la profondeur, la défense française évoluait volontairement assez bas, devant sa surface. L'organisation brésilienne impliquait que Leboeuf et Desailly soient souvent en un contre un face aux deux attaquants brésiliens. Il s'agissait alors de couper les transmissions, ou tout au moins d'empêcher que Ronaldo et Bebeto soient trouvés dans le sens du but. Cela passait par un placement intelligent des milieux récupérateurs, qui coulissaient sur toute la largeur, épaulés par les décrochages de Zidane, et un marquage serré de la charnière centrale.
Outre sa solidité à la récupération et dans les duels, c'est aussi et surtout sur les ailes que l'équipe de France a su annihiler les offensives brésiliennes. Avec trois milieux récupérateurs, les Bleus étaient en effet assurés de ne jamais être en infériorité numérique dans les couloirs, lieu privilégié des attaques de la Seleçao avec les montées de Cafu à droite et Roberto Carlos à gauche. Les doublettes Karembeu-Thuran et Petit-Lizarazu étaient chargées d'y fermer les espaces. Leonardo et Rivaldo restant très axiaux, les latéraux brésiliens devaient souvent faire face à deux Français. Difficile dans ces conditions de faire la différence, d'autant que les renversements de jeu étaient trop rares alors qu'ils auraient permis de faire bouger le bloc français.
Si les Bleus ont fait preuve d'une grande rigueur défensive, le Brésil a aussi manqué d'inspiration en première période. Les mouvements manquaient, la circulation de balle était trop lente, malgré les décrochages de Dunga et Rivaldo pour organiser le jeu de loin. Les techniciens sud-américains avaient besoin d'espaces pour s'exprimer, mais les Bleus les en privaient en défendant bas et en bloc.
La mauvaise forme d'un Ronaldo transparent n'était pas pour arranger les choses. Pas dans son état normal, tout juste a-t-il inquiété Barthez sur un centre-tir (22e), avant de le contraindre à une sortie acrobatique (31e). Pour le reste, rien de ses accélérations, de son tranchant coutumiers. L'attaque brésilienne manquait de son détonateur habituel. Les occasions étaient donc rares. Les coups de pied arrêtés pouvaient être une solution, mais Barthez s'interposa sur la tête de Rivaldo (24e).
Fébrilité défensive brésilienne
Les Bleus étaient certes dominés, mais ils se sont procurés les occasions les plus franches avant le repos. Grâce à une projection rapide vers l'avant dès la récupération du ballon, ils exploitaient les espaces laissés par leurs adversaires pour évoluer en contre. La défense étant clairement le point faible du Brésil, nul besoin d'attaquer en nombre et de se découvrir. Avec seulement trois joueurs (Zidane, Djorkaeff, Guivarc'h), et parfois l'apport des latéraux ou de la patte gauche de Petit, des brèches se créaient dans une arriège-garde auriverdefébrile.
Zidane était le premier relai, la véritable rampe de lancement. Djorkaeff le détonateur, par ses dribbles et sa vivacité. Il fut d'ailleurs l'attaquant français le plus en vue dans le premier acte. Guivarc'h était censé être à la finition. Par ses appels, il posait des problèmes à la charnière Baiano-Aldair. Mais malgré plusieurs opportunités (1re, 4e, 43e), l'attaquant auxerrois, futur joueur de Newcastle, n'a pas su conclure. Petit, dont la volée fut détournée in extremis par Baiano (40e), ne fut pas plus heureux.
Restait alors l'autre point faible de la défense brésilienne : les coups de pied arrêtés. Déjà inquiétés lors des tours précédents dans ce domaine, la faute à un marquage en dilettante, les hommes de Mario Zagallo n'allaient pas se montrer plus solides en finale. Après une tête au dessus d'un Djorkaeff seul en guise d'avertissement, Zidane trompait Taffarel par deux fois, profitant de l'apathie adverse (1-0, 27e, 2-0, 45e+1). Les Bleus viraient en tête à la pause, à l'issue d'une mi-temps parfaite tactiquement.
Désireux de renverser la situation, Zagallo lançait alors Denilson dans le bain à la place de Leonardo, passant en 4-2-3-1 avec Bebeto et Denilson sur les ailes et Rivaldo en soutien de Ronaldo. L'objectif était de donner plus de présence offensive et plus de largeur au jeu pour étirer le bloc défensif français. Les effets de ce changement tactique ne tardèrent pas à se faire sentir. Le Brésil était revenu des vestiaires plus agressif, plus tranchant. Les dribbles de Denilson posaient des problèmes à une équipe de France également moins inspirée dans ses relances, et qui peinait ainsi à ressortir les ballons pour se libérer de la pression adverse.
Desailly expulsé
La doublette Dunga-Sampaio muscla le jeu à la récupération, permettant au Brésil de camper dans le camp français. Guivarc'h était étouffé par la charnière centrale brésilienne, tranquille sur les longs ballons français. Ronaldo se procurait enfin une vraie occasion, mais sa frappe puissante au deuxième poteau était parfaitement stoppée par Barthez (56e). Et quand le gardien français manquait sa sortie sur une longue touche de Roberto Carlos, c'est Desailly qui le suppléait sur la ligne pour écarter la frappe de Bebeto (61e). Les Bleus subissaient face à un Brésil au visage bien plus séduisant.
L'expulsion de Desailly, emporté par son élan sur un contre (68e), confirmait la tendance. Pour compenser la perte de Petit, passé en défense centrale, Jacquet fit entrer Vieira (75e) pour solidifier son milieu de terrain. Pas de trop, alors que la domination brésilienne était de plus en plus grande. Mais les Bleus résistaient, même à dix. À la fois grâce à leur grande solidarité, à leur solidité dans les duels, et à la maladresse brésilienne dans la zone décisive. Denilson se montra trop individualiste, tandis que les centres de Roberto Carlos ou Cafu ne trouvèrent jamais une tête jaune. Boghossian, entré à la place de Karembeu (57e), était d'ailleurs en marquage individuel sur Roberto Carlos, très craint d'Aimé Jacquet.
La défense française tenait bon face à des assauts brésiliens trop individulistes, qui ne se concrétisaient pas par de réelles occasions. L'activité de l'infatigable Deschamps dans l'axe y était pour beaucoup. Denilson fit néanmoins passer une dernière frayeur dans les rangs français, mais sa frappe rebondit sur le haut de la transversale (90e+1).
À 2-0, un but brésilien aurait pu tout relancer. Guivarc'h (64e) et Dugarry (83e) avaient fait preuve de maladresse au moment de tuer le match. Comme pour préserver le suspense, avant que Petit, pour qui la plaisanterie avait assez duré, ne sonne finalement le glas des espoirs brésiliens en contre (3-0, 90e+3).
ConsécrationL'équipe de France entre donc dans l'histoire avec ce succès qui consacre un groupe et un sélectionneur pourtant l'objet de toutes les critiques avant la compétition. Une équipe est née, autour d'un génie : Zinédine Zidane. Il va maintenant falloir confirmer, assumer un nouveau statut : celui de meilleure équipe du monde.source:panenka
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