- Quand on présente Ahamada Baroini,"entrepreneur qui développe des projets de co-développement dans les Comores", un participant ...
- Quand on présente Ahamada Baroini,"entrepreneur qui développe des projets de co-développement dans les Comores", un participant s'écrie : "Qu'est ce qu'on en a à foutre des Comores !"
Dure journée à la Convention UMP pour les républicains et modérés confrontés à des militants chauffés à blanc par l'aile droite du parti.
Sélectionné et édité par Melissa Bounoua
"Tu fais de l'obsession ! T'es la proie des idées fixes". Nul doute que si Raoul Volfoni venait de nos jours à rencontrer Jean-François Copé, il lui lancerait la même apostrophe qu'à Fernand Naudin. Ce jeudi encore, le Secrétaire général de l'UMP a mis une nouvelle fois à l'ordre du jour des travaux de son parti la question de l'immigration et tout ce qui en découle : droit au séjour, acquisition de la nationalité française, droits sociaux des immigrés, etc. Et de promettre encore plus de rigueurs, d'obligations, de contrôles et de sanctions à des populations déjà fragilisées et disposant de peu de moyens de se faire entendre et plaider leur cause.
Claude Guéant lors de la convention UMP sur l'immigration le 7 juillet 2011 - Crédit : M. BUREAU / AFP
Le compte-rendu de la Convention de ce jeudi, qui s'est tenue à Paris, dans les sous-sols de l'Assemblée nationale, est d'ailleurs fort instructif (à lire ici le reportage d'Estelle Gross). A force de jouer avec la droite de la droite qui ressemble de plus en plus à l'extrême droite, on se demande si Copé mesure bien les risques pris.
Il est étonnant de voir le gouffre qui sépare aujourd'hui les éléments modérés de l'UMP des éléments les plus "hard" sur la question. Il suffit de citer quelques exemples des débats du jour.
- Quand un intervenant parle des obligations de Schengen, un militant s'écrie : "On ferme les frontières, c'est tout !".
- Quand un député UMP explique aux militants qu'ils habitent " l'un des pays les plus généreux", on lui rétorque : "Hélas ! Hélas !"
- Quand le secrétaire général de la Cimade, Jérome Martinez, explique qu'il n'y a pas de lien avéré entre immigration et délinquance, la salle hue : "Hou ! Hou !"
- Enfin, quand Patrick Gaubert, de la Haute autorité à l'intégration s'oppose aux propositions de fichage de Goasguen et Luca, "Je sais très bien où vous voulez en venir mais les statistiques ethniques ce sera non", quelqu'un proclame : "Qu'on le pende !"
Ce "Qu'on le pende !" (comme le reste en fait) mérite qu'on s'y arrête. Si l'on veut bien considérer que ce genre de conventions est destiné tout à la fois aux militants les plus engagés, les mieux formés et les plus impliqués, et que l'on assiste à des démonstrations d'intolérance, de réaction, d'hostilité guère compatibles avec l'idéal républicain et l'ouverture de la France au monde, qu'en est-il de la base profonde des militants UMP ? Jean-François Copé aurait voulu montrer aujourd'hui la fracture qui commence à fissurer les rangs de l'UMP sur la question, il ne s'y serait pas mieux pris.
Cela fait des mois que Jean-François Copé joue avec le feu sur les questions liées à l'immigration, l'identité nationale, l'Islam, la burqa (loi inepte, quasiment non appliquée, évidemment) et la délinquance. Il y a quelques semaines, il avait été contraint de ranger son débat national sur l'Islam travesti en débat sur la laïcité. Aujourd'hui, c'était un peu la session de rattrapage, puisque dans le fond, ce sont toujours et encore les mêmes catégories de population qui sont au cœur des débats de l'UMP.
Systématiquement, Copé se défend de courir après le vote FN. D'une certaine façon, il a bien raison. Au train où vont les choses, et si l'on en juge par la Convention de ce jeudi, les mauvais esprits vont finir par se demander si ça n'est pas le FN qui court après l'UMP.source : nouvel Obs
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