Le Brésil, double tenant du titre, fait son entrée, aujourd'hui (21h00) face au Venezuela d'Arango et Rondon. Cette Seleçao, jeune ...
Le Brésil, double tenant du titre, fait son entrée, aujourd'hui (21h00) face au Venezuela d'Arango et Rondon. Cette Seleçao, jeune et ambitieuse, est, comme d'habitude, une des grandes favorites de cette Copa America. Le Brésil est et a toujours été une nation phare du football mondial. Pourquoi ?
Le Brésil est une terre de fantasmes, surtout lorsqu'il est question de ballon rond. Beaucoup s'imaginent que les Brésiliens ont un don inné pour le football, qu'ils ont tous de la magie plein les pieds et que ce jeu a été créé rien que pour eux. Et c'est vrai que lorsqu'ils ont un ballon au bout des pieds, tout paraît facile. Mais leur nonchalance naturelle, et leur aisance corporelle et technique font pourtant oublier le principal: le football brésilien est devenu un maître dans l'exploitation de ses immenses ressources.
Si le Brésil est capable de sortir un Pelé, il y a un demi-siècle, un Ronaldo il y a 20 ans ou un Neymar aujourd'hui, c'est tout simplement parce que son vivier de footballeurs de très, très haut niveau est inépuisable. Et il le doit, avant tout, à sa population. Le pays compte en effet 190 millions d'habitants, trois fois plus que la France ou l'Espagne, et presque cinq fois plus que l'Argentine. Le Brésil, on l'oublie souvent, est le cinquième pays le plus peuplé de la planète, mais il est le premier en nombre de footballeurs. Puisqu'en Chine, en Inde, aux Etats-Unis ou en Russie, le football n'est pas vraiment une religion nationale ni le sport numéro 1. D'ailleurs, en 2006, une étude a démontré que le Brésil avait 30 000 joueurs professionnels. Un chiffre hallucinant qu'aucun autre pays ne peut égaler.
Le métissage, fierté nationale
Le Brésil tire donc sa première force de son nombre. Mais ce n'est pas vraiment suffisant pour être toujours au top. Lorsque que vous demandez à un formateur Brésilien quel est le secret de son football, il vous répondra du tac au tac et sans hésiter: son métissage. C'est une réponse intéressante car, si vous êtes déjà allés au Brésil, vous vous êtes certainement aperçus du mélange incroyable de sa population. C'est certainement le pays le plus métissé au monde et ce métissage est une fierté nationale. Il y a des Amérindiens, des Noirs, des Blancs et des Asiatiques (1 million de Japonais rien qu'à Sao Paulo) et tous ces mélanges possibles et imaginables sont une aubaine pour les formateurs.
Cela leur permet de pouvoir aligner des joueurs aux qualités propres à chaque poste. Leurs latéraux, par exemple, à l'image d'un Daniel Alves ou d'un Maicon, sont des marathoniens capables de faire des allers-retours à vitesse grand V sans s'essouffler. Leurs défenseurs centraux, comme Lucio,Thiago Silva où Luisao, sont des rocs, rapides et très athlétiques. Au milieu, ils peuvent toujours compter sur un joueur à trois poumons comme l'est Ramires et devant, sur des hommes au coup de rein exceptionnel, des équilibristes explosifs et rapides. Les formateurs, les entraîneurs n'ont donc que l'embarras du choix et cette force-là est inestimable à l'heure d'un football toujours plus physique.
Parcours du combattant
De loin, devant nos postes de télévision, nous avons toujours la mauvaise impression que les Brésiliens sont là pour s'amuser. Ils sont nonchalants, un peu danseuses sur les bords lorsqu'ils enchaînent leurs roulettes ou leurs passements de jambes, mais il ne faut pas se fier aux apparences car ce sont, avant tout, de redoutables compétiteurs. Le beau geste oui, et c'est tant mieux, mais il doit toujours être au service de l'efficacité. Et cet instinct de compétition, ils ont eu le temps de le développer. Car devenir professionnel au Brésil est un véritable parcours du combattant. Il y a tellement de candidats pour si peu d'élus…
Tout commence sur les terrains vagues du quartier. La tradition oblige aux joueurs en herbe de tenter les gestes les plus fous, d'accepter les coups, de se relever et de toujours garder la tête haute. Question de fierté et d'honneur. Mais une fois ces joutes "sauvages" terminées, il leur faut absolument intégrer un club pour caresser leur rêve. Alors, ils se pressent aux journées de détection. Et celles-ci sont toujours et partout organisées de la même manière. Elles commencent par la "Peneira" (la passoire). Quatre équipes se rencontrent les unes contre les autres et, à l'issu de ce mini-tournoi, les vingt meilleurs joueurs sont sélectionnés. Ce n'est alors que le début du long chemin vers le professionnalisme.
Un "oeil" pour chaque club
Au Brésil aujourd'hui, il paraît peu probable qu'un excellent joueur ne tombe pas dans les mailles des filets d'un club professionnel. Et c'est là également l'une des grandes forces de ce football. On pourrait croire qu'un jeune génie d'une contrée trop éloignée, et il y en a beaucoup au Brésil vu la taille du pays, pourrait passer inaperçu. Et bien non, car, comme le disent les Brésiliens eux-mêmes, il existe un "olheiro" (un œil, un observateur) dans chaque village du pays. Dès qu'un crack apparaît quelque part, les clubs sont immédiatement informés. Les clubs Brésiliens ont développé un solide réseau "d'informateurs" car ils connaissent aujourd'hui la valeur marchande d'un joueur exceptionnel.
Pour mieux s'implanter, ces clubs s'associent donc avec des clubs filiaux. Flamengo, par exemple, a 27 écoles de football à travers le pays. Ensuite, lorsqu'un joueur arrive dans un centre de formation, il est complètement pris en charge et il est aidé dans tous les aspects de sa vie. Il n'y a qu'à voir le centre de formation de Sao Paulo, à Cotia (banlieue de la capitale Paulista), ultra moderne pour savoir que rien n'est laissé au hasard au Brésil. Depuis quelques semaines, les médias n'ont d'yeux que pour Neymar, "le nouveau Pelé", Ganso "le nouveau Socratés" et Lucas "la nouvelle perle du Sao Paulo Football Club". Ils sont les dernières preuves vivantes que le Brésil est une usine à champions.
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