En tant que ressortissants de l'île d'Anjouan, nous sommes les plus concernés par le drame humain quotidien qui se déroule sur le br...
En tant que ressortissants de l'île d'Anjouan, nous sommes les plus concernés par le drame humain quotidien qui se déroule sur le bras de mer qui sépare Mayotte de notre île.
Pour la voix des Anjouanais très en colère
Anli Yachourtu JAFFAR
Ce
sont nos frères et sœurs et nos parents qui bravent l'océan au péril de leur
vie, dans les frêles embarcations que sont les kwasa-kwasa pour aller chercher
un espoir de vie, de santé ou d'éducation dans cette île voisine de 80 km.
C'est
Anjouan qui paie quotidiennement le prix de la vie, de la jeunesse et de
l'espoir, l'échec retentissant d'une indépendance usurpée par une classe de
politiciens véreux qui ont érigé le vol, les détournements et l'enrichissement
illicite, en système de gouvernement.
Ce sont
ces mêmes politiciens toutes générations confondues qui ont bâti un système
politique et économique déséquilibré et bancal, autour de la capitale de
Moroni, qui fait des îles autres que Ngazidja des régions périphériques
abandonnées, des mouroirs sur tous les plans, de la santé comme de l'économie,
en général.
Même
l'instauration d'un système fédéral basé sur une large autonomie des îles grâce
à la lutte des Anjouanais, n'a pas tenu face à la coalition des tenants de la
centralisation omnipotente et écrasante du pouvoir politique de Moroni.
Alors
de grâce, qu'on arrête de verser des larmes de crocodile, qu'on arrête de jouer
à l'opportunisme politique pour essayer de récupérer notre malheur.
Parce
qu'on cherche à se faire voir, ou à gagner des voix, les uns se fendent en
déclarations indignées, les autres organisent des « minutes de
silence » pour nos morts ou des manifestations de rue.
On
s'indigne de l'utilisation d'un article partitif « du comorien »,
alors que nous, on connaît, on vit quotidiennement l'article partitif, quand on
tabasse, on traite plus bas que terre de « l'anjouanais » à Mayotte,
quand on traque et on déloge de l'anjouanais de Volo-Volo et d'ailleurs à
Ngazidja, quand on se paie même de l'anjouanais à Anjouan, par les sbires
d'Azali.
Où étiez-vous donc quand l'article partitif
est quotidiennement utilisé pour les Anjouanais dans leur chair, leur sang et
leur espoir ?
Certes,
nous avons été touchés par la maladresse du président Macron concernant les
Kwasa-kwasa, une déclaration qui manque de finesse et d'humanité. Mais une
maladresse est une maladresse, qui n'en fait pas ?
Par contre,
nous n'oublions pas si vite les déclarations et la vision du président
Macron pendant cette campagne électorale.
Pour
ceux qui ne savent pas ou qui l'oublient trop vite, c'est le seul homme d'État à tenir un langage
de vérité à Mayotte : le seul à ne pas avoir caressé les Mahorais dans le
sens du poil, en ne leur proposant que du répressif, toujours du répressif
contre le drame humain de l'immigration anjouanaise.
Le
seul à oser dire malgré la levée de boucliers, qu'on ne peut ériger un mur de
protection dans le canal de Mozambique pour empêcher l'immigration, mais qu'il
faut pouvoir résoudre les problèmes économiques et sociaux qui jettent les Anjouanais
à l'exode forcé, à Anjouan même pour leur permettre de travailler et de vivre
chez eux.
Le
seul à clamer publiquement la place pleine et entière des franco-comoriens dans
la communauté française de Marseille.
Ce
sont des positions courageuses, intelligentes qui font partie d'une vraie
vision humaniste de l'histoire et des rapports entre les nations :
rappelons-nous encore comment il n'a pas hésité à montrer la responsabilité
historique de la France dans les maux que connaît l'Afrique.
Alors,
si nous déplorons sa maladresse, nous ne manquons pas de saluer Monsieur Macron
pour sa vision humaine, intelligente et courageuse de l'histoire et des
problèmes que connaît notre île et nous sommes persuadés qu'il saura trouver
les voies et les moyens avec les populations concernées de notre région, pour
mettre en place des vraies solutions d'espoir et de développement économique et
social.
Pour la voix des Anjouanais très en colère
Anli Yachourtu JAFFAR