Abordant les questions du moment et la situation socio-économique puis politique des Comores, dans une interview accordée à Albalad, l...
Abordant les questions du moment et la situation socio-économique puis politique des Comores, dans une interview accordée à Albalad, l'ancien ministre Mohamed Abdou Soimadou s'avoue peu surpris des premiers pas du président Ikililou servi, selon lui, par son expérience de vice-président.
Quelle analyse faites-vous des orientations politiques du nouveau président?
Le discours du président Ikililou Dhoinine est rassurant et réconfortant. En général, les premiers pas sont hésitants et chancelants par manque d'expérience ou par sage prudence mais, là, on sent un chef d'Etat qui sait où il va et c'est tout à fait normal après cinq (5) ans d'expérience en tant vice-président. La vision, l'approche et l es grands chantiers annoncés doivent rassurer la population.
S Doit-on considérer le geste d'ouverture manifestée par le Président aux partis politiques comme un facteur prometteur?
Le président a reçu une grande partie de la classe politique à qui il accorde une très grande attention, c'est un facteur rassurant. Il a une grande capacité d'écoute, une des caractéristiques d'un homme d'Etat pour parvenir à prendre de grandes décisions susceptibles d'obtenir l'adhésion de la majorité de la population.
Certains disent qu'il faut moins de politique et plus d'économie mais moi je vais à l'encontre de cela en préconisant de revaloriser la politique au sens noble du terme. I l faut une organisation
de la politique du pays de façon à ce que les partis agissent dans le cadre d'une législation bien réfléchie. Sortir de cette démocratie sauvage et de cette situation de micro-politique pour de grands rassemblements. Un parti c'est des adhérents, des dirigeants qui incarnent et cristallisent l'espoir pour une vision globale. Des i dées et des initiatives sont lancées; maintenant, i l faut prendre l e temps pour prendre une loi réfléchie et mûrie pour mieux encadrer la politique dans ce pays.
S Quels devraient être les premiers dossiers auxquels le président devrait s'attaquer?
Tout est à faire mais i l faudrait définir des priorités. Notre système éducatif, par exemple, est mis à genou par plusieurs facteurs. C'est inacceptable que chaque année il y ait une rupture de l'année scolaire
pour, qu'enfin de compte, nous enregistrions l es résultats que nous connaissons, 20% pour le Bac et 40%o pour le Bepc. Des mesures doivent être prises tout de suite pour que d'ici 2025, nous puissions avoir des résultats acceptables. Il y a des maux qui doivent être combattus qu'il faut oser nommer comme tels. Je prends mes responsabilités dans cet aspect pour dire l a plupart des enseignants du cycle primaire n'ont pas les qualifications requises d'enseigner.
Le président doit faire le suivi des dossiers initiés par ses prédécesseurs mais il lui faut éviter de poser les pieds sur les traces de ces prédécesseurs puisqu'il y a des reformes à engager et cela doit se faire.
S Qu'est-ce qu'il devrait éviter de faire par exemple?
Il y a des choses positives qu'il faut développer et consolider
mais aussi de nouvelles réflexions à faire. Je pense qu'il y a de profondes reformes «civilisationelles» à entreprendre dans le domaine de la justice, par exemple. C'est un chantier qui a toujours préoccupé les régimes successifs mais i ls n'ont pu rien faire. La corruption est un combat difficile et de longue haleine. Les Comoriens doivent savoir ce qu'ils veulent et laisser la justice travailler. Ils doivent comprendre que les corrupteurs et les corrompus sont des criminels. Ici, on a l'habitude voir condamner, d'un côté, la corruption et les gens impliqués et de l'autre on a le village et la région qui interviennent pour interrompre le travail de la justice. Il faut avoir le courage de sévir et éduquer, sinon on peut toujours faire des discours sans rien changer.
S Vous voulez dire que la volonté ne suffit pas?
Non. Il faut un solide appui politique. Le gouvernement et les partis doivent être convaincus du caractère historique du combat. I l faudrait, dans l e cadre du droit, préparer la justice à mener une action dans ce domaine.
S A votre avis qu'est-ce qui doit être fait tout de suite pour améliorer le quotidien des Comoriens?
Le fait que notre pays propose plusieurs projets aux bailleurs fait un effet de saupoudrage qui n'arrive pas à booster notre économie. Il faudrait un choix de deux ou trois axes qui devraient devenir l es moteurs du développement de l'économie nationale. Des pays ont eu cette option et ont pu décoller facilement _
SAMINYA BOUN
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