Au lendemain de la fusillade, la famille d'Akhim Kari, le Réunionnais d'origine comorienne abattu à Marseille, ne veut pas croire à...
Au lendemain de la fusillade, la famille d'Akhim Kari, le Réunionnais d'origine comorienne abattu à Marseille, ne veut pas croire à la thèse du règlement de comptes. Les premiers éléments orientent pourtant la police vers des exécutions sur fond de trafic de stupéfiants.Enfin réunie hier, la famille d'Akhim Kari pleurait son fils aîné, abattu en plein 3e arrondissement de Marseille au cours d'une fusillade particulièrement violente survenue la veille en début d'après-midi. Parti séance tenante de la Réunion avant-hier soir en compagnie de son avocat Me Saïd Larifou (notre édition d'hier), le père de la victime a rejoint ses quatre autres enfants et leur mère dans la cité phocéenne, où ils attendaient les dernières nouvelles de l'enquête et la restitution du corps.
Cette dernière devrait être autorisée aujourd'hui, alors qu'une autopsie était toujours en cours hier au soir. Selon les premiers éléments, Assoumani Akhim Kari, 24 ans, Réunionnais d'origine comorienne, a été tué de sept ou huit balles dans le corps. Ce qui a tout l'air d'une exécution, quand bien même la famille et les proches du jeune homme persistent à croire "qu'il est une victime collatérale." "La famille ne veut pas croire à une histoire de voyous. Une demi-heure avant le drame, Akhim était au téléphone avec un de ses cousins et n'avait pas le comportement de quelqu'un de soucieux ou en conflit avec des ennemis", indiquait hier Me Larifou, joint par téléphone. Un récit qui n'est cependant pas incompatible avec la thèse d'un véritable guet-apens tendu aux deux hommes dans ce quartier populaire proche de la rue Nationale, comme semble le privilégier l'enquête de la brigade criminelle de la DPJ de Marseille. Parti de la Réunion il y a douze ans avec sa mère et sa fratrie, Akhim avait d'abord vécu à Marseille, puis Lyon, avant de revenir vivre sur Marseille. "Il a travaillé dans la plomberie", précise l'avocat. Interrogé sur le passé judiciaire du jeune homme, Saïd Larifou évoque "des broutilles, mais rien de dramatique, il n'était pas fiché au grand banditisme."
Des liens avec le milieu lyonnais
Pourtant, c'est bien grâce à leurs empreintes, consignées sur des fiches de police, que le natif de la Réunion qui conduisait la Golf noire criblée de balles, ainsi que son passager, ont été identifiés. Si Akhim Kari est apparemment connu de la police pour avoir des liens dans le milieu du banditisme lyonnais, le pedigree de celui qui l'accompagnait est autrement plus édifiant. Sabri Khemaicia, 33 ans, originaire de Décines (Rhône), avait déjà échappé à un coup de filet contre un réseau de trafiquants internationaux de haschich et de cocaïne, lancé en 2009 par un juge d'instruction de Villefranche-sur-Saône. Fiché au grand banditisme, il avait emprunté l'identité d'un petit délinquant d'Aix-en-Provence. Défiguré dans la fusillade, sa véritable identité n'a pu être connue que grâce aux empreintes. Même si la famille d'Akhim persiste à penser le contraire et entend se constituer partie civile dans ce dossier, il semble en tout cas clair pour les enquêteurs que le Réunionnais n'a pas été victime d'une balle perdue, mais bel et bien d'une exécution en règle. La PJ soupçonne en effet les deux jeunes hommes, qui se fréquentaient sans doute depuis leur époque lyonnaise, d'être des semi-grossistes du trafic de stupéfiants, en concurrence avec d'autres trafiquants des cités marseillaises.
Mercredi, ils sont tombés dans une véritable embuscade, essuyant des rafales de Kalashnikov ainsi que des tirs de 9 mm en provenance d'une Audi A3, à l'intérieur de laquelle se trouvaient trois hommes, toujours introuvables hier au soir. "On a tendance à banaliser ces histoires de règlements de comptes pour éviter d'avoir à chercher la vérité", maintient pourtant l'avocat de la famille Kari. "Nous, nous sommes persuadés que Akhim n'a rien à voir avec cette histoire." Après les traditionnels rites funéraires musulmans, la dépouille d'Akhim Kari devrait être rapatriée aux Comores dans les prochains jours, après sans doute une escale à la Réunion
Sébastien Gignoux, avec AFP et La Provence