Les enseignants ont déclenché un mouvement de grève. Le ministre de l’éducation, qui était en mission à l’étranger, nous fait part de sa p...
Les enseignants ont déclenché un mouvement de grève. Le ministre de l’éducation, qui était en mission à l’étranger, nous fait part de sa position par rapport à ce mouvement. Fouad Mohadji, qui dit comprendre les enseignants, prône le dialogue et réclame des sanctions contre les responsables de cette situation. Il répond aux questions de Malango. Fouad Mohadji, ministre de l'enseignement de l'Union des Comores
Que peut-on retenir de la rencontre des ministres africains de l’éducation au Togo ?
D’abord, je voudrais vous rappeler que c’est la première fois que le conseil économique et social des Nations Unies se réuni pour discuter de la question de l’enseignement et plus particulièrement de la qualité de l’enseignement en Afrique.
Parmi les décisions que j’ai qualifiées de plus importantes pour pouvoir aboutir à l’éducation pour tous d’ici 2015, l’Union africaine, au travers de son département en charge de l’éducation a émis le souhait, surtout à l’endroit des syndicats de l’éducation, qu’un moratoire sur les grèves soit pris jusqu'en 2015. Cela signifie quoi, au juste ?
Pour pouvoir scolariser et atteindre les objectifs de qualité, ils ont souhaité que les syndicats de l’éducation de tous les pays africains observent une pause dans les mouvements de grèves afin de stabiliser le secteur.
Cette décision n’est pas la bienvenue aux Comores puisque les enseignants viennent de déclencher une grève illimitée pour réclamer des salaires sur la base de la nouvelle grille indiciaire…
Vous venez de me poser une question dont je ne suis pas encore ni officiellement, ni officieusement informé puisque je viens d’arriver. Mais s’agissant de la grève des enseignants relative à la grille indiciaire, je dois dire que je reste convaincu que nous, les décideurs, devrions être responsables et être responsable c’est avant tout assumer ses responsabilités. Ce décret de la grille a été signé en 2006/2007 par le chef de l’Etat et devait entrer en vigueur progressivement jusqu'en novembre 2011. A l’époque, j’étais ministre de la fonction publique et une équipe technique est venue devant le conseil pour nous faire savoir que la masse salariale ne devait pas dépasser les 200 millions [de francs comoriens]. Sur les simulations faites, on a convaincu le chef de l’Etat et on a signé en février 2010, les décrets relatifs au corps enseignant. Mais après application, la masse salariale est passée de 200 millions estimées à 444 millions. Je pense qu’on doit faire la part des choses. Je ne veux pas dire que les grilles n’ont pas augmenté la masse salariale. Mais quelque part, ou on a menti au chef de l’Etat ou celui qui a fait ce travail est incompétent. Or la civilité doit commencer par les sanctions. On pourrait peut être penser que je suis syndicaliste mais que les gens réclament leurs salaires, c’est un droit. Mais il y a aussi un problème national, il faut donc le résoudre ensemble. Mais je ne pense pas qu’il faudrait sanctionner les victimes et laisser tranquilles ceux qui ont commis l’erreur!
Et où est l’erreur ?
D’abord ceux qui ont dit au gouvernement et au chef de l’Etat que les simulations relatives à l’application de ce décret ne devaient pas dépasser 200 millions. Nous sommes passés à 444 millions!
Et qu’est ce que vous proposez face à cette situation ?
J’ai toujours prôné le dialogue. Et je ne pense pas que les solutions qui passent par la grève sont toujours les bonnes. Nous en avons fait et les résultats sont là. L’année passée, nous avons eu un taux de réussite nationale d’environ 40%. C’était à la fois une fête et un problème au niveau de l’université. Ceci pour dire qu’il y a 30 ans, le taux de réussite dépassait rarement les 30%. Les raisons sont multiples mais les grèves jouaient un rôle non négligeable. Néanmoins, j’accepte que les responsabilités soient partagées. S’agissant de l’éducation, il est inconcevable que ceux qui recrutent ne soient pas responsables de la paye. Cela veut dire qu’on recrute au niveau des îles, du n’importe quoi parce que nous avons des instituteurs formés à l’Ifere, qui leur apporte une formation professionnelle, et qui sont au chômage alors que d’autres personnes, recrutées comme instituteur. Et maintenant, quant la masse salariale arrive, il faut demander au gouvernement central de payer. C’est inconcevable. Ne peut commander que celui qui paye ! Premièrement. Deuxièmement, dans notre système, c’est très simple car nous avons ce principe de structure pédagogique. On ne peut pas venir me dire qu’à l’école primaire de Moroni il y a 10 divisions mais 20 instituteurs! C’est inconcevable. On ne peut me dire qu’on a X temps d’heures de mathématique alors que l’effectif dépasse de très loin les besoins alors que des enseignants ne travaillent que deux heures seulement! Ceci est dû au fait que ceux qui recrutent ne sont pas responsables de la paye.
L’autre sujet d’actualité concerne les élèves qui sont régulièrement dans la rue pour protester contre des reformes du bac…
Sans vouloir vous couper la parole. J'ai été suis promu ministre de l’éducation en juin 2010. Mais j’ai eu la chance, alors que j'étais ministre de la fonction publique, de participer à la clôture de l’atelier relatif à ces reformes et qui s’est tenu à l’Hôtel Itsandra du 30 avril au 2 mai 2010. J’ai le document devant moi. Un document signé le 16 juillet 2010 par le ministre de l’éducation de l'époque et les commissaires des îles. Dans ce document, l’arrêté que j’ai signé le 27 septembre avant d’aller aux élections. On a fait cette reforme des langues parce que nous voulons que nos élèves littéraires soient des vrais littéraires. Le constat est clair : ceux qui réussissent souvent, sinon la majorité, des bacs scientifiques, obtiennent ce résultat grâce aux matières littéraires. Mais ceux qui sont dans les séries littéraires sont là parce qu’ils n’ont pas d’autre choix. Ils ne maîtrisent ni le français, qui est la langue d’enseignement, ni les langues étrangères. Donc, je suis désagréablement surpris qu’au niveau des îles, comme au niveau des établissements publics et privés, on vient dire que le ministre de l’éducation a signé un arrêté à deux mois des examens. J’ai signé un arrêté mais rectificatif. Parmi ces reformes, il y avait un élément très important. J’ai signé l’arrêté le 25 septembre et je suis parti aux élections. De retour, il s’est avéré que le ministre intérimaire, tout comme l’encadrement technique, n’ont pas pris les dispositions pratiques pour intégrer un élément important à savoir la considération du travail continu au niveau de l’entrée en sixième, du BEPC comme du bac.
Mais tous comptes faits, ces élèves ne sont pas préparés à ces réformes…
Je ne sais pas ce qu’on entend par préparer. Ils apprennent et l’arabe et l’anglais. Au lieu de passer l’une ou l’autre des épreuves à l’oral, ils vont les faire tous les deux à l’écrit.
D’habitude, certains élèves négligent certains cours…
Non, la raison se situerait ailleurs, avec les langues étrangères officialisées sans actes officiels, notamment l’espagnol et l’allemand. Et malheureusement, dans la pratique, ce sont ceux qui ont eu à enseigner à ces candidats dans les établissements qui viennent leur faire passer les épreuves et c’est une grave violation des textes relatifs au déroulement des examens.
Propos recueillis par A.A.M
(Source : Malango Actualité)
COMMENTAIRES