"Il ne fait aucun doute que l'ancien président Sambi, aujourd'hui détenu et accusé de détournement de fonds publics pour des...
"Il ne fait aucun doute que l'ancien président Sambi, aujourd'hui détenu et accusé de détournement de fonds publics pour des raisons purement politiques, est le premier véritable politicien comorien à susciter l'amour de tout un peuple et à donner espoir à ses concitoyens.
Certes, des élections étaient organisées depuis l'indépendance pour choisir les dirigeants du pays mais le peuple ne faisait qu'exercer son droit de vote sans réellement croire ni aimer les candidats en lice. Comme des élections se tenaient, des présidents étaient naturellement élus même s'ils n'incarnaient presque rien aux yeux des citoyens.
Tout a changé depuis 2006 avec l'arrivée au pouvoir de l'homme au turban vert. Après avoir parcouru presque tout le pays des années durant pour prêcher la parole divine, Sambi a su gagner les esprits et les coeurs des électeurs comoriens. Il a réussi à conquérir leur confiance et à leur donner de l'espoir.
La politique qui, aux yeux des comoriens, est synonyme de démagogie, a soudainement pris un autre sens. Comme par magie, les gens y croyaient encore. Et Sambi attirait l'attention de tous et même de ses détracteurs par ses discours et ses révélations. Il était un véritable leader adulé par ses frères et soeurs des quatre îles.
Mais l'erreur presque fatale a été commise à la fin de son mandat et avant les élections présidentielles de 2010. Loin d'avoir la sagesse et la vision de Vladimir Putin qui n'a pas sous-estimé le poste de Premier Ministre qui lui a servi de tremplin pour revenir au pouvoir après ses deux mandats, Sambi a sans doute rechigné à l'idée d'être Vice-président.
Le faiseur de rois a jugé utile de se retirer un moment de la politique - sans doute le temps de se reposer - et de faire confiance à ses amis politiques de longue date ou de circonstance qui, malheureusement pour lui, avaient leurs propres agendas. Il s'est donc fait trahir à deux reprises en 2010 et en 2016 en plaçant sa confiance en des gens qui semblent les détester ou l'envier secrètement.
S'il avait eu la clairvoyance du président Putin, le politicien comorien le plus populaire de tous les temps ne serait pas à l'heure qu'il est le tout malheureux prisonnier politique humilié par son isolement, qui est jugé par beaucoup comme étant une exagération, dans sa résidence devenue prison de Voidjou.
En effet, en tant que Vice-président d'Ikililou, l'homme au turban aurait pu contrôler son protégé et l'empêcher de prendre le large. En 2016, des élections présidentielles seraient organisées et Fahmi serait aujourd'hui le président de l'Union des Comores dirigeant les Comores avec ses Vice-présidents y compris Sambi.
Avec toutes les réalisations qui auraient jalonné ces deux mandats, Sambi ferait son retour en 2021 et le même scénario aurait pu se répéter pendant des années et des années. Mais malheureusement le prêcheur devenu président a probablement méprisé le poste de Vice-président, ce qui lui vaut aujourd'hui le statut de prisonnier politique.
La morale qu'il faut retenir de cette analyse est qu'il ne faut jamais dédaigner un poste à responsabilité ou faire confiance aveuglement à un politicien.
Par Babayou Houmadi
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