Ce mardi 10 avril, à Madagascar, la hausse du prix du carburant a une nouvelle fois fait la Une des médias. Dans toutes les stations essenc...
Ce mardi 10 avril, à Madagascar, la hausse du prix du carburant a une nouvelle fois fait la Une des médias. Dans toutes les stations essence, le litre de sans-plomb se paie désormais 4 000 ariary, soit 1,02 euro (contre 3 670 ariary, il y a six mois). Un prix qui fait grogner les consommateurs. Si ce nouveau tarif s'explique, en partie, par la hausse du prix du baril de brut et le taux de change entre le dollar et l'ariary, d'autres paramètres sont à prendre en compte. Et parmi eux, la fameuse « vérité des prix » martelée par le ministre des Hydrocarbures.
Le sujet est délicat. Aucune des six personnes contactées n'a accepté de répondre au micro de RFI. Les informations ont donc été recueillies de manière anonyme. Madagascar ne produit pas de pétrole. Ce sont donc quatre compagnies pétrolières qui se partagent le marché et importent 100% du carburant, déjà raffiné. Ce sont ces entreprises qui assurent la commande à l'étranger et qui l'acheminent jusqu'aux stations essence aux quatre coins du pays.
Le prix à la pompe est déterminé par de multiples paramètres. D'abord le prix d'achat du pétrole, fixé par le cours mondial, ensuite le taux de change, mais aussi les frais de débarquement au port de Tamatave, les frais de transport qui varient en fonction de l'état des routes, etc. Sans oublier la marge que ces entreprises incluent dans le prix final.
Quand le ministre parle de vérité des prix, c'est qu'il rappelle que le prix du carburant à la pompe ces dernières années ne correspondait pas au prix réel du marché, du fait des subventions injectées par l'Etat auprès des compagnies pétrolières pour compenser l'envolée du cours du baril entre 2011 et 2015. Aussi, pratiquer une vérité des prix, c'est essayer de refléter les prix réels du marché à un instant T dans le prix du litre du carburant, en comprenant tous les paramètres variables cités précédemment.
Opacité des coûts
Le problème, c'est qu'il existe une opacité autour des coûts des transports et de la logistique, annoncés par les pétroliers. Et le gouvernement a peu de moyens, aujourd'hui, pour imposer plus de transparence. En vue des négociations de ce début d'année avec ces compagnies, l'Etat a commandé une étude (publiée en juin 2017) à un cabinet spécialisé, sur la structure du prix du carburant. Il est apparu que le prix du litre était surévalué de 17% et que les marges étaient de 30 à 40% supérieures à celles pratiquées dans les pays de la région.
Ces compagnies ont donc accepté de réduire un peu leur marge ces derniers mois. Une réduction passée inaperçue du fait de l'augmentation du cours mondial du pétrole. Si le prix du baril continue d'augmenter, le gouvernement laissera-t-il les prix s'envoler au nom de la sacro-sainte « vérité des prix » ? Quelle sera l'influence des élections ? La réponse prochainement.
De son côté, l'Union des coopératives de transport de la zone urbaine d'Antananarivo promet d'augmenter de 200 ariary le prix du ticket dès le 23 avril si l'Etat ne leur verse pas de subventions pour compenser la hausse du prix du carburant. ©RFI