Naïda Mohamed: "Je vois les Comores comme un coin paradisiaque insoupçonné..."

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Naïda Mohamed, Chargée de mission Déchets aux Comores Après avoir parcouru le monde au cours de ses études et pour diverses ONG, Naïda ...

Naïda Mohamed, Chargée de mission Déchets aux Comores
Après avoir parcouru le monde au cours de ses études et pour diverses ONG, Naïda travaille au Ministère de l’Environnement de l’Union. Un des postes de Volontaire de solidarité internationale à pourvoir régulièrement dans l’océan Indien et ouverts à des Réunionnais.

Pouvez-vous vous présenter ?
Naïda Mohamed, 32 ans, titulaire d’un Master de Consultants et Chargés d’études socio-économique et de Sociologie et Philosophie politiques à l’Université Paris 7 Denis Diderot. Je suis une Franco-Comorienne très mobile, ma famille réunionnaise réside à Saint-Denis et à Saint-Pierre. Cela fait dix mois que je suis Chargée de mission environnement en tant que Volontaire de solidarité internationale à la Vice-Présidence en charge du Ministère de l’Environnement en Union des Comores.

Quel a été votre parcours de "mobilité" ?

J’ai pris goût au voyage grâce à mes parents qui m’emmenaient partout dans des conditions un peu « roots » : Italie, Maroc, Espagne, Etats-Unis, métropole. Mais j’ai commencé à avoir la bougeotte seule à l’âge de 19 ans en allant un mois en Russie avec une bourse de Voyage Zellidja. J’ai vécu à Paris pour mes études de Sociologie et j’ai eu la chance en Master 1 d’effectuer une année Erasmus dans l’Université partenaire à Londres. Par la suite, j’ai fait un stage à New York à l’Ambassade des Comores où j’ai participé à la préparation de l’Assemblée Générale des Nations Unies ainsi qu’à une rencontre de haut niveau sur le changement climatique.

Et ensuite ?

De retour à Paris, j’ai candidaté pour être « Négociateur Junior » à la conférence de Bali sur le climat (COP 13) et bénéficié d’une formation aux négociations climatiques par deux ONG anglaises (EBCI, IIED). A la reprise des cours à l’Université, j’avais déjà envie de voyager. J’ai donc décidé dès la fin de mes études de me diriger professionnellement dans le développement international, avec une grande sensibilité pour le développement durable et le changement climatique. J’ai pu travailler à Paris sur des projets à dimension internationale (benchmark de régions internationales à l’Agence régionale de développement, étude sur les quartiers d’affaires des grandes métropoles à l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Île-de-France). Puis, je suis retournée à Londres où j’ai occupé le poste de professeure de Français Langue étrangère pour des professionnels.

En 2015, j’ai intégré l’Association 2Mains aux Comores pour accompagner le développement d’une filière agricole durable (Ylang-Ylang). A la suite de cette mission, j’ai eu une opportunité de travailler avec l’association Gevalor sur la thématique des déchets à Madagascar. Par la suite, une nouvelle opportunité s’est présentée avec 2Mains aux Comores et une association de Maires (Mohéli) pour laquelle j’ai réalisé une étude de diagnostic de terrain. Durant cette mission, j’ai obtenu une réponse positive pour la mission de VSI au Ministère de l’environnement proposée par la Représentation régionale de France Volontaires à La Réunion. Enfin, avant mon expérience de volontariat, j’avais postulé à un programme très compétitif destiné aux pays d’Afrique subsaharienne. J’ai pu y participer en me rendant cette année à une formation intensive aux États-Unis en « Public Management » spécialisée sur la politique énergétique, thématique clé dans nos contextes insulaires (Réunion, Comores, océan indien de manière générale) et très liée avec la thématique des déchets sur laquelle je travaille au Ministère.

En quoi consiste votre mission aux Comores ?

Ma mission de VSI est d’appuyer la politique de la Direction de l’environnement par la rédaction de notes techniques, en menant des recherches et en échangeant avec des experts. Au sein du service déchets du Ministère, je suis aussi amenée à coordonner différents partenaires et animer des réunions de travail. Je travaille sur la concrétisation d’une coopération bilatérale avec un nouveau partenaire aux Comores dans le domaine des déchets.

Ce secteur pâtit d’une carence aigüe de gestion, ce qui constitue un enjeu majeur dans ce PIED (Petit État Insulaire en Développement) car il compromet la santé, le bien-être des habitants et le tourisme. J’élabore avec les équipes des pistes de solutions tant stratégiques que techniques pour remédier à ce fléau en essayant de convaincre à la fois les bailleurs et le gouvernement. Je représente aussi le Ministère au sein d’une Commission montée par le Ministère de la santé concernant la gestion des déchets biomédicaux avec la nécessité là aussi de trouver des solutions urgentes. Enfin, j’ai récemment fait une présentation sur les déchets auprès de tous les Maires de la Grande-Comore et plusieurs présentations aux 1ères Assises de l’énergie des Comores (à l’Assemblée Nationale) et à un Séminaire Gouvernemental.

Parlez-nous de votre vie aux Comores.

Je vois les Comores comme un coin paradisiaque insoupçonné, où le temps s’est arrêté et où il ne faut pas trop bousculer certaines habitudes. Bénéficiant d’une connexion internet à débit limité, on est réellement coupé du monde, ce qui laisse place à une bonne immersion et à des relations authentiques et intenses. Je m’attache plus fortement aux relations avec la population qui m’intègre comme un vrai membre de la société, voire de la famille, malgré le fait que ma culture occidentale soit très différente et que je n’y ai jamais vécu. Je bénéficie d’un accueil parfois privilégié étant donné ma « comorianité » et cela va en s’améliorant au fur et à mesure que j’arrive à comprendre et à m’exprimer dans la langue de la région (Ngazidja). Je ne crois pas pour l’instant avoir connu de toute ma vie un endroit aussi pacifique. Pas vraiment de grande ni de petite criminalité (impactant directement la population) et c’est un endroit à multiples facettes qui ne cesse de me surprendre. Je peux prendre un taxi après minuit sans être inquiétée ni d’être seule ni d’être une femme. Les habitants sont vecteurs d’une grande sérénité. Vivant à un rythme effréné, je pense que les Comoriens m’aident à acquérir beaucoup de sagesse et de patience.

 Est-ce que vous croyez à la coopération régionale ?

Je pense que des opportunités de développement économique et d’intégration régionale sont bien présentes et que les compétences que je suis en train d’acquérir ou renforcer (énergie, déchets, renforcement institutionnel des autorités aux Comores) seront d’actualité et un atout pour de grands projets futurs qui se passeront nécessairement avec les acteurs de la région indianocéanique. C’est déjà le cas avec la Région Réunion et les fonds européens (INTERREG V OI) qui financent nos missions de Volontariat de Solidarité Internationale et qui sont la pleine démonstration d’un co-développement avec la présence sur une longue durée d’une expertise en provenance de la Réunion.

Quelle est l’image de la Réunion aux Comores ?

En comparaison des voisins géographiques, la situation socio-économique de la Réunion est attractive et même motrice. Je vois la Réunion comme tête de file de l’Océan Indien sur de nombreux aspects et tout particulièrement sur les sujets sur lesquels je travaille. La Réunion est vue ici, je pense, comme un partenaire historique avec qui des liens sont à entretenir. Il me semble que ce soit davantage une relation de « fraternité », tandis qu’avec la France les réminiscences de la colonisation sont toujours présentes (davantage une « mère-patrie » de laquelle on attend à la fois beaucoup et de laquelle on cherche à se détacher…).

Quels sont vos projets post-volontariat ?

Je saisis les opportunités lorsqu’elles se présentent. Je cherche à rester dans mon domaine, le développement durable, préférablement en Afrique et j’espère afin de me stabiliser, intégrer une organisation internationale dans laquelle je pourrai évoluer et acquérir de nouvelles compétences et responsabilités. La Réunion que j’aime beaucoup et où je n’ai encore jamais eu l’opportunité de travailler m’attire aussi mais je sens qu’il me reste beaucoup de choses encore à explorer. Je crois que tout dépendra de ma situation familiale…

Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

Des rencontres fantastiques de tous horizons, la remise en question perpétuelle de mes habitudes, croyances et représentations, de l’oxygène pour avancer avec beaucoup d’espoir pour un collectif régional, continental et en fait mondial. Je me rends compte de ma proximité avec des personnes très éloignées et de la famille humaine à laquelle nous appartenons tous.

Quel conseil pourriez-vous donner aux jeunes tentés par le Volontariat ?

Sautez ! Vous ne pouvez pas vous noyer : vous avez la bouée de sauvetage du Volontariat avec France Volontaires à la Réunion qui apporte un soutien moral. Vous ne vous sentirez jamais seul ou abandonné car l’antenne de France Volontaires à La Réunion prend très régulièrement de vos nouvelles et essaie toujours de vous appuyer, vous aiguiller quand vous rencontrez des difficultés. Vous êtes indemnisés de manière correcte et cela vous permet de vous loger convenablement et d’avoir un mode de vie correspondant à la classe aisée locale. Professionnellement, dans un lieu comme les Comores où tout est à faire, vous allez pouvoir exprimer votre créativité, être force de proposition et avoir de l’impact très rapidement. Sautez pour encore mieux nager et rebondir… Une fois que vous serez piqué par le virus de la mobilité, plus rien ne vous arrêtera ! ©Réunionnais du monde
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