A Mayotte, selon l’association Le Village d’Eva, il y aurait entre 5 000 et 7 000 enfants déscolarisés qui ne vont plus à l’école parfois d...
A Mayotte, selon l’association Le Village d’Eva, il y aurait entre 5 000 et 7 000 enfants déscolarisés qui ne vont plus à l’école parfois depuis plusieurs années et n’ont donc pas accès à l’Education et ce, en parfaite violation de la Convention internationale relative aux Droits de l’enfant de 1989.
C’est donc lundi 20 novembre que le Défenseur des Droits, Jacques Toubon a remis son rapport sur les Droits de l’enfant au Président de la République française , un rapport accablant en ce qui concerne Mayotte.
Sur Mayotte, le rapport ne mâche pas ses mots – comme Toubon ne l’avait pas fait non plus à propos des libertés et de la prolongation de l’état d’urgence. Jacques Toubon a même déclaré au micro d’Outre-mer 1ère que « la situation des enfants de Mayotte est, de manière générale, non conforme aux droits qui sont ceux de l’enfant sur le territoire de la République française, dont Mayotte fait partie ». Il a dénoncé l’insuffisance du service de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE), la déficience des Services de Santé et même réclamé un plan particulier pour la scolarisation de Mayotte, rejoignant ici ce que tous les syndicats enseignants réclament depuis des années.
Il n’y a, par exemple sur l’île que deux médecins scolaires recensés quand dix seraient nécessaires ! Le rapport de Toubon cite à cet effet une conclusion de la Cour des Comptes qui considère que la médecine préventive en milieu scolaire à Mayotte est « dans l’impasse » (sic). Ceci étant, il faut reconnaître que quatre postes de médecins ont été ouverts par le Rectorat de Mayotte mais ne seraient pas pourvus, faute sans doute de mesures réelles d’attractivité qui ne sont pas forcément matérielles.
En effet, quelle famille voudrait venir aujourd’hui s’installer à Mayotte quand la scolarisation en primaire n’est souvent pas assurée ( sept semaines par exemple de ”grève sauvage ” des instits dans le Sud de l’île sans qu’aucune mesure disciplinaire ou de retenue sur les salaires n’ait été prise par les inspecteurs du premier degré !) ? Qui voudrait muter à Mayotte quand de plus la délinquance et plus particulièrement la délinquance juvénile explose partout avec une jeunesse qui paraît dans bien des cas abandonnée et livrée totalement à elle-même ?
En période scolaire, à l’heure des cours, il suffit de faire le tour de l’île en voiture pour être sidérée par la présence des garde-mobiles ou d’agents de sécurité en blouson jaune fluo tentant désespérément de ramener l’ordre aux abords des établissements scolaires. Les mineurs isolés mais aussi les jeunes en général, demeurent livrés à eux-mêmes et font donc à peu près tout et n’importe quoi.
Interrogé par l’AFP, le vice-rectorat admet n’avoir aucun chiffre sur le nombre de mineurs déscolarisés. Ce même rectorat ne dispose même pas d’outils statistiques sur le suivi de ces élèves post-bacs en métropole ! En septembre, le directeur général administratif de la mairie de Mamoudzou comptabilisait 600 enfants déscolarisés dans le chef-lieu de Mayotte, rien que pour le premier degré.
La population est jeune, voire très jeune et elle est confrontée à une évolution rapide vers le modèle de société de consommation occidentale, brisant les uns après les autres, les liens traditionnels de la société mahoraise. Historiquement et culturellement, l’épanouissement, l’émancipation d’un jeune Mahorais se faisait à l’adolescence sous le contrôle des parents. Pour l’intimité des parents et par respect de la religion musulmane très tolérante à Mayotte, l’adolescent quittait le domicile parental pour s’installer dans son banga en communauté, loin de la cellule familiale mais toujours à l’écoute des adultes. Les jeunes ne construisent plus de banga et le fort recul de la prégnance de la religion musulmane, tenue le plus souvent par des imans incultes, maîtres (fundis) d’un autre temps laisse apparaître chez les jeunes des comportements nouveaux (alcoolisme, drogue, chimique) qui influent sur les nouvelles formes de la délinquance juvénile. Metamag avec AFP